- Alain Corbin : Alain Corbin est un historien spécialiste du XIXème siècle. L'auteur a souhaité "inverser les procédures de l'histoire sociale du XIXème siècle", qui consiste surtout à étudier un thème, comme par exemple, la parole des ouvriers. Il s'agit ici de reconstruire la vie d'un homme sans histoires et que l'Histoire a oublié, sur qui personne n'a jamais travaillé.
- Ce n'est pas véritablement de la micro-histoire car Corbin ne peut que formuler des hypothèses et des conjectures : "Nous ne saurons rien de ce qu'il serait important de savoir dans la perspective d'une histoire du sujet".
- Corbin a souhaité retranscrire le mode de vie et la représentation du monde de ces "inconnus" en prenant l'exemple de Louis-François Pinagot.
- "Il faudra reconstruire son horizon spatial et temporel, son cadre familial, amical, communautaire, les valeurs et les croyances auxquelles il était probablement attaché, pour imaginer ses joies, ses douleurs, son inquiétude, ses colères et ses rêves ; Il nous faudra pratiquer une histoire en creux, de ce qui est révélé par le silence même".
- Il ne veut pas faire de Pinagot un destin mais étudier sa manière de vivre.
- Corbin a choisi de commencer ses recherches avec les archives de l'Orne, son pays natal, afin d'augmenter sa compréhension vis-à-vis d'un inconnu. Il a choisi au hasard la commune d'Origny-le-Butin, et a ouvert les tables décennales de l'Etat civil de la fin du XVIIIème. Les deux noms qu'il trouve sont "Jean Courapied" et "Louis-François Pinagot". Courapied étant mort très jeune, il choisit Pinagot. Et alors, "le puzzle se reconstitue rapidement".
- Corbin a rencontré de nombreuses difficultés : peu de documents, des données concrètes mais aucun renseignement sur sa vision du monde et "la distance temporelle, sociale, culturelle fait que je ne suis pas apte à comprendre Louis-François Pinagot".
- Louis-François Pinagot : né le 20 juin 1798, mort le 31 janvier 1876 ; analphabète ; homme du bois (sabotier indigent : en dessous du seuil de pauvreté, ne peut subvenir à ses besoins) ; fils de voiturier (dèf. en I] 3)); installé à la lisière de la forêt de Bellême (à Origny-le-Butin) ; taille : 1m66 ; "faiblesse de constitution" ; marié, 3 filles et 5 fils ; grande famille qui habite près de lui. Son enfance et son adolescence se sont passées sous le Consulat et l'Empire, sa jeunesse sous les Bourbons, sa "maturité" sous Louis-Philippe, le début de sa vieillesse sous la Seconde République et sous le Second Empire, la sénilité sous la Troisième République.
- Comment Corbin, à l'aide du peu de documents sur Louis-François Pinagot et de l'histoire événementielle, a-t-il pu reconstituer le monde dans lequel vivait Louis-François Pinagot, simple inconnu mais représentant de cette part de la population que l'histoire a oubliée ?
- Alain Corbin a décidé d'organiser son livre en divers chapitres. Afin de saisir l'essentiel de son étude, il apparaît plus intéressant de regrouper certains chapitres, voire certains paragraphes de chapitres. Ainsi, Corbin nous présente le cadre de vie de Louis-François Pinagot mais aussi ses relations avec les autres et enfin son mode de représentation, sa culture (...)
[...] Corbin cherche à savoir quelles relations entretenait Pinagot avec de tels voisins. - Louis-François Pinagot a vécu au sein d'une société rurale soucieuse de l'honneur et de la réputation, ordonnée par le jeu de l'échange et de la dette, de la famille, de la brouille et de l'arrangement - Arrangement : engagement réciproque de deux individus. - L'arrangement initial est verbal (il est connu par les archives judiciaires à cause de son dysfonctionnement). On peut aussi trouver du troc, ainsi que des prêts d'outils ou d'instruments. [...]
[...] Il refuse la construction d'une école et se contente d'une demoiselle charitable (Suzanne Bouquet, bénévole) rémunérée par les parents franc par mois et par élève : 200 francs par an). Elle reçoit gratuitement 11 indigents comme Françoise et Evremont Pinagot. C'est un arrangement. Elle a enseigné de 1828 à 1850- Pour les petits-enfants de Pinagot, l'instruction est plus difficile car les chemins sont en mauvais état. L'enseignement est interrompu dans les années 50 terrible) - En 1860 arrive un nouvel instituteur : Théodore de Bloteau. Mais il a peu de succès et le nombre d'élèves baisse. - De 1862 à 1870, il n'y a pas d'école à Origny. [...]
[...] - Le préfet opte pour une organisation de la bienfaisance dans le cadre cantonal. Les maires devront aider les pauvres de leur canton et se répartir les charges suivant les ressources de chaque municipalité. Ils donnent des cartes de mendicité aux pauvres pour quémander chez ceux qui ne donnent rien au bureau de bienfaisance. - Les années 1828-1832 sont difficiles. Mai 1829 : époque de la soudure (moment compris entre deux récoltes) : la situation s'aggrave. Durant l'hiver suivant la Révolution de Juillet, la situation est dramatique dans le canton de Bellême. [...]
[...] Lorsque Louis-François Pinagot entame sa vieillesse, la forêt de Bellême a belle allure. - Croyances sur la forêt : - Fontaine de la Herse : cette fontaine est supposée avoir des qualités thérapeutiques. En effet, une source a été découverte au cœur de la forêt. L'enfance de Louis-François Pinagot correspond à l'âge d'or de la source thermale. Sous la Monarchie de Juillet, ce n'est plus qu'un lieu pittoresque et le Second Empire permet sa transformation en un espace touristique. - Ils existent des rumeurs de trésors cachés dans la forêt. [...]
[...] La pauvreté et la représentation du passé - La pauvreté : - Pinagot fut un indigent de 1828 à 1832, en 1839 et de 1846 à 1848 : pauvre sabotier qui a vécu, toute sa vie, dans la région la plus misérable d'un des départements les plus déshérités de France - Il a vécu dans la menace de la disette et de l'indigence = être au dessous du seuil de pauvreté et ne pas pouvoir subvenir à ses besoins. - La mendicité se propage en période de crise. Elle est cependant interdite depuis 1865 à l'intérieur du département. - Répugnance de la population à donner aux bureaux de bienfaisance = lieux où se rendaient les plus pauvres pour recevoir gratuitement de la nourriture (pain, ) des plus aisés. On est préoccupé par ses propres afflictions. [...]
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