Alain Corbin est un historien français né en 1936 spécialiste du XIXe siècle en France. Professeur émérite de l'Université Paris I de la Sorbonne, il a travaillé sur l'histoire sociale et l'histoire des représentations. On dit de lui qu'il est « l'historien du sensible », puisqu'il a surtout travaillé sur l'histoire des sens et des sensibilités. Il est l'auteur d'une thèse d'histoire sociale : Archaïsme et modernité en Limousin au XIXe siècle.
On lui doit plusieurs ouvrages de microhistoire, comme Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, sur les traces d'un inconnu, 1798-1876 (1998). Par ailleurs, il a travaillé sur la prostitution (Les Filles de noce, 1978), l'odorat et l'imaginaire social (Le Miasme et la Jonquille, 1982), l'homme et son rapport au rivage (Le Territoire du vide, 1990), le paysage sonore dans les campagnes françaises du XIXe siècle (Les Cloches de la terre, 1994) et la création des vacances (L'Avènement des loisirs, 1996). Il a aussi publié un livre d'entretiens avec Gilles Heuré (Historien du sensible, 2000).
[...] La menace morbide et la mauvaise odeur sont dissociées. Tout ce qui pue ne tue pas, et tout ce qui tue ne pue pas Au cours de l'été 1880, la mauvaise odeur atteint dans Paris une telle intensité que le Comité d'hygiène et de salubrité de la Seine décide de généraliser le tout-à-l'égout pour d'évacuer loin de la capitale tous ses déchets. Le projet est voté en 1889 mais la capitale demeure puante l'été Et après avoir lutté pour exclure les excréments de la ville, c'est l'industrie chimique qui va finalement pourrir l'odorat des citadins. [...]
[...] Ce que raconte Corbin est parfois tellement sordide et glauque que ça en devient hilarant. Mais il est parfois difficile de suivre le propos de l'historien si l'on ne possède pas de dictionnaire scientifique et que l'on n'a pas un minimum de notions de chimie (notamment la première partie portant sur les études des gaz. Par ailleurs, il a tendance à se répéter dans les derniers chapitres et on aimerait parfois qu'il aille un peu plus à l'essentiel. Se perdre en détail semble faire partie du style Corbin. [...]
[...] Au moment où les parfums forts comme le musc ou l'ambre deviennent démodés, l'intérêt se porte sur les senteurs florales plus légères. Une mode de la campagne et de la montagne se met alors en place. On va y chercher le repos et les odeurs végétales naturelles non transformées. Deuxième partie : Purifier l'espace public La fin du XVIIIe siècle prend conscience de l'importance de drainer et de ventiler. Une stratégie sanitaire cohérente et permanente se met alors en place. On commence à paver les rues desquelles les piétons sont peu à peu séparés par le trottoir importé de Grande-Bretagne. [...]
[...] C'est justement l'absence d'odeur forte qui est le signe du bon goût. Les parfums floraux utilisés par les femmes ne doivent pas être déposés directement sur la peau mais sur les linges (mouchoirs, éventails Les poudres et les fards sont abandonnés au profit de cosmétiques permettant d'adoucir la peau (ex : huile, beurre de cacao Le XIXe siècle a donc changé l'image de la femme : exit la femme féline ou carnassière, on préfère l'image de la femme innocente (voire insipide). [...]
[...] On observe alors un abaissement du seuil de tolérance à la crasse et aux mauvaises odeurs. Puisque miasmes et mauvaises odeurs se confondent dans l'imaginaire collectif, il est d'usage de faire brûler des aromates pour purifier l'air. On les utilise même comme antiseptique. Les médecins recommandent à ceux qui travaillent dans un milieu malsain et malodorant de porter sur eux des boites d'aromate. Cette pratique est peu à peu dénoncée par des savants à la fin du XVIIIe siècle mais perdure pendant le XIXe siècle. [...]
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