La contre-révolution est un ensemble flou de « résistances » à la révolution venues de tous les horizons, qui fut dénoncé, identifié puis revendiqué jusqu'à s'incarner en un mouvement précis. Elle a coupé en deux la société française entre 1789 et 1799. L'objectif du livre est de retracer la genèse de la contre-révolution, de l'historiciser au même titre que la révolution, et de montrer que révolution et contre-révolution participent du même processus culturel et politique, que leur radicalité spécifique se sont alimentées et exacerbées sous l'effet de leur rivalité et de leurs divisions internes. En tout cas, la contre-révolution participe à la politisation massive de la société française, dont elle est une alternative longuement débattue : ainsi la contre-révolution se trouve au cœur même de la création de la Nation française, cette dernière étant l'enjeu des luttes entre révolution et contre-révolution, avant de se constituer d'une façon autonome.
[...] Dans cette effervescence, le 19 mars, la Convention décrète que tout individu pris les armes à la main ou porteur d'un cocarde blanche sera déclaré hors-la-loi et exécuté sous 24heures Cette mesure redoutable est le symbole d'une lecture unificatrice de la Contre- Révolution D'un seul coup, la région vendéenne devient l'ennemi public numéro un et la Convention s'en servira pour justifier la création du Comité de salut public le 10 avril : la Vendée inexplicable. L'emballement qui saisit les révolutionnaires entraîne la création d'un cercle vicieux qui engendre des mesures répressives aveugles et ne sera brisé qu'après l'été 1794 : le 21 mars, les comités de surveillance deviennent des institutions légales et donnent aux sans-culottes locaux un pouvoir considérable. La trahison est une des hantises dans cette période de constitution nationale et justifie donc une répression sans faille. [...]
[...] Malgré cette réalité limitée, la Vendée devient un symbole et incarne la Contre-Révolution populaire : forces et faiblesses de la Vendée. Elle subit cette psychose nationale qui saisit tout le pays et l'imaginaire délirant justifie les pires mesures et pousse à une répression illégale. Dans ce temps de luttes aux grilles de lecture manichéenne la crise fédéraliste est elle aussi amalgamé à la Contre-Révolution. Une soixantaine de départements protestent, nouent des contacts entre eux et récusent les sans-culottes, mais pourtant seule une dizaine d'entre eux réagissent militairement. [...]
[...] Malgré tout, l'équilibre des forces passent peu à peu en faveur des républicains : du côté contre-révolutionnaire, l'élan populaire de 1793 manque, et les divisions politiques demeurent : coup d'arrêt au royalisme. Cependant, ces rapports de force donne tout son sens à la Constitution de l'an III, promulgué en août 1795. L'annonce de la mort en prison du jeune Louis XVII donne la légitimité monarchique à Provence, devenu Louis XVIII. Mais aussitôt il préconise le retour à la monarchie absolue. [...]
[...] La naissance d'une presse de droite, à la fin de 1789, change la donne même si les journaux populaire de gauche restent plus nombreux que ceux de droite, et se constitue autour de lignes durables, celles d'une révolution faite par le roi en s'appuyant sur le peuple. Elle trouve son unité dans la contestation des faux principes de l'Assemblée et le relevé de leurs contradictions avec le déroulement de la Révolution comme dans la condamnation des journées populaires. Mais le relâchement des liens entre le roi et les nobles par le refus d'une partie d'entre eux du despotisme ministériel favorise l'émigration, qui ne devient vraiment importante qu'après la tentative de fuite du roi. [...]
[...] La Contre-Révolution, consciente d'elle-même, et qui espère que le peuple français va choisir entre le chaos révolutionnaire ou ses projets de retour à l'ordre, se constitue. Sur cet échiquier politique dont les enjeux lui ont échappé, le roi suit une ligne politique personnelle. Mais le roi, les modérés et la droite dure condamnent ensemble la limitation des pouvoirs royaux instituée par l'Assemblée, qui dépasse la volonté de réforme fiscale initiale et qui a changé la société. Après 1790, le centre et l'aile droite dénoncent la spéculation et la vente des biens nationaux, inaugurant une attitude antimoderniste vouée à une longue postérité : cette défense globale de la propriété exprime la peur qu'après les biens du clergé, ceux des nobles et des petits soient menacés. [...]
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