Le texte que nous devons étudier est un article extrait du Petit Parisien. Le Petit Parisien est un journal fondé en 1876, qui évolue vers le radicalisme puis vers la droite et l'anticommunisme virulent à partir de 1928. Notre article s'intitule « Visite aux étrangers de France –Paris, où l'on entrevoit le fond de la misère », et il a été publié le 15 juillet 1937 (il est cité par Natacha Lillo dans son ouvrage sur les Espagnols en Banlieue Rouge). Cet article de journal a un caractère informatif et descriptif dans un contexte de fort intérêt pour l'Espagne d'un côté, et pour l'immigration de l'autre. Le style journalistique induit une prise de position claire, position qui correspond au journal et aux pensées de l'époque : la description faite est assez péjorative et marquée par des jugements de valeur successifs. L'auteur de cet article est Pierre Frédérix, nous ne connaissons que peu de choses sur lui, nous pourrons juste noter qu'il a pu publier d'autres articles dans le Petit Parisien traitant de sujets internationaux. Nous pouvons seulement faire ressortir de cet article qu'il s'apparente à la référence de son temps en matière d'immigration, Georges Mauco, qui est un « démographe rationaliste », il est au départ instituteur puis professeur à l'école normale de la Seine, il écrivit en 1932 une thèse novatrice dans le domaine de l'étude des migrations, intitulée Les étrangers en France. Leur rôle dans l'activité économique, dans laquelle il s'attache à décrire les flux migratoires en France, leur répartition territoriale, professionnelle et par nationalité ; tout en inscrivant ces flux dans le cadre de l'évolution de la population française, en évaluant les « problèmes d'immigrations » ainsi que le degré d'assimilabilité propres à chaque nationalité qu'il a définit plus tôt. Il a pu confirmer ces positions lors d'un discours à la Société des Nations en 1937.
Les premiers effets de la crise de 1929 se font sentir dans la Seine Banlieue nord vers 1931/1932 ; qui donne lieu à des licenciements massifs. Ce qui entraîne une exacerbation des tensions clivages politiques, de la xénophobie qui ne prend plus seulement une allure antisémite mais prends dans les années 1920 et 1930 un caractère plus large : ce sont les étrangers (terme très péjoratif) qui sont pointés du doigt. La xénophobie est alimentée par différentes affaires mettant en cause des étrangers depuis 1932 et en 1937. De plus, il faut noter qu'il y a plusieurs vagues successives d'immigration (économique en majorité) espagnole qui constitue un renouvellement de la population dans l'ilot de la Plaine. Au début des années 1920, après une crise chez les petits propriétaires espagnols à cause de l'augmentation des prix des denrées agricoles. C'est une immigration économique en majorité et ce sont en majorité donc des petits propriétaires ou en tout cas des paysans. Les réfugiés politiques sont moins nombreux que l'on peut le croire à partir de la guerre d'Espagne.
A Saint-Denis, Jacques Doriot est maire de 1931 jusqu'en mai 1937 (ex-communiste maire de Saint Denis révoqué en 1934 par le parti, il fonde le 27 juin 1936 le PPF avant d'être destitué le 25 mai 1937 après qu'un rapport commandé par le ministère de l'intérieur ait révélé de graves malversations),puis le maire est Marcel Marschall.
A Aubervilliers, Pierre Laval est maire depuis 1923, il est apparenté SFIO à ses débuts, mais glisse progressivement vers la droite parlementaire tout au long de son mandat.
Nous nous situons donc dans la Plaine Saint Denis qui comprend Saint-Denis et Aubervilliers, qui sont des villes industrielles où des travailleurs migrants, étrangers ou provinciaux se sont installés à proximité des usines sur d'anciens terrains maraichers.
A travers ce texte, quelle place la communauté espagnole de la Plaine semble-t-elle tenir dans la ville et dans la société française ?
[...] Une rue comme il y en a tant dans toutes les régions industrielles. l.30/32 La majeure partie de la population active masculine (quasi exclusivement) se trouvait employée dans les entreprises de la Plaine Saint-Denis comme ouvriers non qualifiés, manœuvres dans les usines de la ville, industries chimiques et verreries, ou usines métallurgiques. C'étaient des travaux particulièrement pénibles, les accidents de travail étaient fréquents (sur le court ou le long terme). La population étrangère du quartier de la petite Espagne, comme le souligne Georges Mauco concernant les étrangers en France, suppléa, je cite, au manque de main-d'œuvre dans les travaux pénibles C'est ce que met en avant l'auteur l.15 à 17 : Nous avons été les chercher parce que les usines de la région se développaient et parce que la nature des travaux exécutés dans ces usines était souvent pénible, sinon dégoûtante. [...]
[...] A travers ce texte, quelle place la communauté espagnole de la Plaine semble-t-elle tenir dans la ville et dans la société française ? Une société en exil Il faut tout d'abord souligner dans le texte le fait que l'auteur nous décrit une communauté marquée par la reproduction des modes de vie, de la culture qui était celle de ses membres dans leur pays d'origine, mode de vie préservé en premier lieu par un fort entre soi Une communauté parquée Cet entre soi est une réalité forte ancrée dans l'espace. [...]
[...] Ce logement était d'autant plus inconfortable que l'environnement n'était pas clément : l'espace urbain n'avait pas été équipé, et puisque le quartier s'était développé aux environs des usines, métallurgiques et chimiques en grande majorité à Saint-Denis et Aubervilliers, des odeurs fortes marquaient l'espace ça sent Aubervilliers un coin d'Espagne empuanti par des odeurs chimiques »l.40/41 Il faut aussi noter l'idée chez l'auteur que les étrangers disposent d'habitats de seconde zone, de deuxième choix, obligés de se rabattre sur ce que la population autochtone n'a pas voulu prendre. d'affreux logements abandonnés par la population française. [...]
[...] thème de la maladie, de la France malade de ses banlieues). Cette image est renforcée lorsque dans la dernière phrase du texte l'auteur nous précise que pour un qui s'en va, il est en quatre qui s'accrochent. l.63/64 Ainsi, les étrangers espagnols de la Plaine, concentrés dans leurs îlots de la Plaine Saint-Denis, dont la différence de mœurs avec la société dans laquelle ils s'inscrivent est mise en valeur, sont-ils montrés du doigt, et à travers sont article l'auteur mets bien en évidence le fait qu'ils sont indésirables dans cette société et indésirables Ils sont présentés comme indésirables par l'auteur à travers cette description péjorative qui les assimile à des bêtes et les présente comme la gangrène de la société française. [...]
[...] L'idée de la France comme dépotoir des agitateurs se répandit comme une nuée de poudre, à droite comme à gauche ; la première interprétant ces attentats comme le fait de la GPU tandis que la droite y voyait l'acte des fascistes. C'est ce qui a pu expliquer le ton que prends l'auteur dans le texte, d'autant plus que le journal dans lequel il est publié tient une position clairement droitiste à cette époque. Donc si l'auteur a peut-être pu assimiler les étrangers espagnols au danger social (cf. [...]
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