Ce document est extrait de l'hebdomadaire Vu. Il décrit la première nuit d'occupation des usines Renault situées à Boulogne Billancourt sur l'île Seguin. On peut retrouver l'article en entier dans le livre de G. Lefranc intitulé Juin 36, l'explosion sociale. L'hebdomadaire Vu est un journal d'information crée et dirigé par Lucien Vogel. Il parait de 1928 à 1939. C'est un hebdomadaire illustré de conception plutôt révolutionnaire. L'auteur est Emmanuel d'Astier de la Vigerie. Il est né le 6 janvier 1900, dans une vieille famille aristocratique. Il est dans les années 20 officier dans la marine et il devient par la suite journaliste à l'hebdomadaire Vu. Il s'illustre surtout dans la résistance puisqu'il fonde en 1941 le journal clandestin Libération et il est responsable du mouvement de résistance Libération-Sud.
Ce texte a été publié durant les premières semaines de juin 1936. Le contexte national est dominé par l'arrivée au pouvoir du Front Populaire lors des élections du 3 mai 1936. Le président de la République Albert Lebrun fait appel le 4 juin au socialiste Léon Blum pour présider le Conseil. Des grèves sont organisées depuis 1934 notamment celle du 12 février 1934 qui a tourné à l'émeute. Les grèves s'accélèrent dès le 12 mai 1936 motivée par l'arrivée du Front Populaire qui représente pour la classe ouvrière l'espoir de voir ses revendications aboutir. Le mouvement gréviste débute en province notamment le 11 mai 1936 au Havre, à l'usine Breguet, à la suite du licenciement de deux militants syndicalistes n'ayant pas travaillé le 1 Mai. On retrouve le même motif à Toulouse à l'usine Latécoère. Les grèves se répandent peu à peu. Sur le plan international on assiste à une consolidation des pouvoirs totalitaires en Allemagne et en Italie.
Quelles ont été les motivations de l'occupation des usines et comment ces occupations se sont elles organisées et déroulées ?
Après avoir étudié l'organisation méticuleuse de l'occupation nous analyserons la forte détermination des occupants et enfin nous nous attarderons sur l'atmosphère qui est à la fois festive et angoissante.
[...] La détermination des grévistes emblent très résistante et elle est encouragée par la propagation du mouvement à travers tout le pays et aux secteurs d'activité. Les grèves de 36 ont marqué les mémoires surtout par l'ambiance qui y régnait. III Une atmosphère à la fois festive et angoissante A Une occupation bon enfant Au bout de quelques jours d'occupation les grévistes cherchent à se distraire. L'occupation des usines se déroule, dans la grande majorité des cas, dans une ambiance festive. Cette ambiance dément les stéréotypes associant lutte sociale, violence et désordre. L'ambiance calme et festive marque les contemporains. [...]
[...] Cette organisation méticuleuse qui a pour priorité le maintient de l'ordre reflète la forte détermination des grévistes. II Une forte détermination A Les revendications Cette détermination peut être résumé par les lignes 28 c'est simple, vous voyez hommes ici et qui tiendront et 18 cette fois on tient le bon bout. Rien à faire pour le lâcher Nous retrouvons cette détermination dans les revendications. Les lignes 10 et 18 exposent la situation des ouvriers avant le mouvement de grève six francs de l'heure après dix ans de métier. [...]
[...] Mais ces incidents restent minoritaires et peu fréquents. Les occupations sont effet l'occasion pour les ouvriers d'affirmer leur dignité et de populariser leurs revendications. Des incidents comme des bagarres discréditeraient le mouvement gréviste. B Une organisation interne et externe L'occupation des usines demande aussi bien une organisation interne qu'externe. Les grévistes reçoivent des soutiens externes notamment pour les ravitaillements comme nous le voyons aux lignes 10-11 et toujours des camions de ravitaillement. On ne trouve déjà plus de pain dans les boulangeries du quartier. [...]
[...] I Une organisation méticuleuse L'occupation des usines accompagne les grèves à 74%. Bien que le mouvement est été spontané ces occupations d'usines demandent une organisation méticuleuse ayant pour priorité le maintient de l'ordre. A Le maintient de l'ordre : une priorité Nous voyons à la ligne 2 que la majorité des gens sont maintenus à l'extérieur de l'usine devant la grande porte de l'usine Renault curieux attendent Les femmes sont en effet renvoyées chaque soir chez elles. On le voit à la ligne 29-30 On a laissé sortir les femmes (parce que les femmes dans une histoire comme cela, c'est malsain) les gosses et quelques vieux Théoriquement les grévistes sont libres un jour sur quatre mais cette règle n'est pas toujours appliquée. [...]
[...] Les ouvriers de Renault, à l'appel de la CGT, suite à un compromis ne concernant uniquement les salaires les plus bas reprennent le travail le lendemain avant de se remettre en grève le 2 juin. Ce même jour la grève se propage à 150 usines métallurgiques de la région parisienne. Cette seconde vague de grèves peut être illustré par les lignes 13 et 14 Carnaut débraye : 2000 ouvriers. Les engrenages Citroën suivent Farman au complet. Gevelot comme un seul homme Le mouvement gagne également la province et atteint les industries chimiques et textiles. Les couches périphériques du prolétariat se mettent aussi en grève. [...]
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