Ces officiers qui ont dit non à la torture Algérie, Jean-Charles Jauffret, guerre d'Algérie, colonisation française, historiographie, loi du 18 octobre 1999, mémoire nationale, bataille d'Alger, FLN Front de Libération Nationale, Charles de Gaulle, commandement militaire, fiche de lecture
Jean-Charles Jauffret, spécialiste de l'histoire militaire coloniale dont celle de l'Algérie s'incarne parfaitement dans son domaine de prédilection, l'Histoire du temps présent. La guerre d'Algérie est notamment abordée dans ce champ historiographique par son caractère récent, traumatique, à témoins et mémoires en contrepoids à des archives difficilement accessibles dans leur intégralité et immédiateté. L'historiographie de cette guerre est apparue en France récemment et dans des conditions très particulières : jusqu'à la récente loi du 18 octobre 1999, l'absence de mémoire nationale consensuelle et de commémoration officielle faisait d'elle une "guerre sans nom", sans signification. Si les colloques et travaux des années 90 auxquels a participé M. Jauffret avaient favorisé un retour salutaire sur le passé, le débat des années 2000 a régressé selon les dires du rédacteur en chef du Monde contemporain, Bertrand Le Gendre.
[...] Pour rappeler une des principales thèses, la torture ne fut cependant pas généralisée, mais banalisée dans certaines unités, chez certains officiers, sans remettre en cause cette éthique. La question du commandement et des cas de conscience permet d'éclairer les raisons, sans pour autant les justifier, de l'usage ou non de la torture. Ce « code du soldat » arrivant en conclusion aurait très bien pu être une préface. Il rappelle les améliorations juridiques militaires dès le milieu des années 60 en France qui revalorisent le rôle de citoyen avant celui de soldat, et donc d'être jugé comme tel (code du soldat inspiré par général de Boissieu, réforme droit militaire 1999, affaire Libourne). [...]
[...] Le tournant de la bataille d'Alger et le laisser-faire politique mène à une relative institutionnalisation de la torture (particulièrement au sein des DOP, variable selon les unités), parfois non souhaitée, arbitraire et aux traits racistes, qui aboutit à de meilleures informations et à des démantèlements de bastions FLN. Dans ce « succès » plus militaire que moral qui commence à faire couler de l'encre, le commandant Bollardière, chrétien et ancien combattant de la France libre, est choisi dans le livre comme archétype du refus. En effet, il préfère la pacification, discussion, proximité avec l'habitant comme arme de guerre pour rétablir la confiance, mais, incompris par l'armée, il se livre publiquement en bafouant son devoir de réserve. [...]
[...] Sans faire l'exposé de chaque témoignage, il s'agit ci-dessous d'en tirer les grandes lignes. La conscience chrétienne est illustrée par 3 personnalités éloquentes : François Durteste (sous-lieutenant), Jean Le Meur (sous-lieutenant) et le père Henri Périnou (lieutenant de réserve), qui bafouent à leur manière le devoir religieux et militaire, mais avec des valeurs et des méthodes convergentes. En effet, tous les trois sont des protestataires de l'intérieur, dissidents des ordres subversifs reçus pourtant en accord avec l'aumônier Louis Delarue. De ce fait, ils sont plus ou moins marginalisés, voire sanctionnés par l'armée. [...]
[...] Ces officiers qui ont dit non à la torture : Algérie, 1954-1962 – Jean-Charles Jauffret (2005) I. Auteur, champs d'études et la guerre d'Algérie Jean-Charles Jauffret, spécialiste de l'histoire militaire coloniale dont celle de l'Algérie s'incarne parfaitement dans son domaine de prédilection, l'Histoire du temps présent. La guerre d'Algérie est notamment abordée dans ce champ historiographique par son caractère récent, traumatique, à témoins et mémoires en contrepoids à des archives difficilement accessibles dans leur intégralité et immédiateté. L'historiographie de cette guerre est apparue en France récemment et dans des conditions très particulières : jusqu'à la récente loi du 18 octobre 1999, l'absence de mémoire nationale consensuelle et de commémoration officielle faisait d'elle une « guerre sans nom », sans signification. [...]
[...] Jauffret Ces officiers qui ont dit non à la torture : Algérie 1954-1962 est publiée. II. Ces officiers qui ont dit non à la torture : contexte, objet, intérêt Cet ouvrage, publié en 2005, intervient moins de cinq ans après la relance du débat interminable centré sur l'éthique des soldats français dans la guerre d'Algérie avec la publication de l'histoire de Louisette Ighilahriz par Le Monde. Combattante algérienne pour l'indépendance, torturée ; ses révélations sont médiatisées concomitamment aux confessions des principaux dirigeants des opérations en Algérie à propos de la torture. [...]
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