Les canuts ou la démocratie turbulente, Lyon, 1831-1834 - Ludovic Frobert (2017)

Thèmes abordés

Canuts, démocratie turbulente, Lyon, soulèvement du 21 novembre 1831, presse ouvrière, condition économique ouvrière, industrie de la soie, paritarisme, loi Le Chapelier, code de la fabrique, Révolution de Juillet, ateliers, économie politique, industrialisme saint-simonien, républicanisme, corporation, liberté d'expression, censure, charte d'août 1830, Journal des canuts, classe prolétaire, émancipation, égalité sociale, manufacture concentrée, l'Écho de la fabrique, prix des façons, réforme des prud'hommes, filatures, industrie cotonnière, banque industrielle, néologisme, libre défense, jurisprudence, droit d'association, accès à l'instruction, mutuellisme, fouriérisme, prolétaires féminins, grèves, charte de juillet 1830, antagonismes de classe, Ludovic Frobert, Les canuts ou la démocratie turbulente

Résumé du document

Cette fiche est un résumé par chapitre des Canuts ou la démocratie turbulente, écrit par Ludovic Frobert.

Extraits

[...] L'orientation est plus agressive, mais le journal ne se présente pas comme pleinement politique. Républicains, chefs d'atelier et mutuellistes Volonté de se séparer, de s'identifier et de se compter. On teste la fiabilité des alliés, comme Jules Favre, sermonné pour avoir mandaté une pétition des propriétaires lyonnais favorables à une modification de la procédure de recouvrement des loyers, dans un contexte de misère ouvrière. Certains chefs d'ateliers sont accusés de timidité, voire de compromission, d'un point de vue politique Le journal demeure un lieu d'affrontement des opinions : désaccord au sujet de la caisse de prêt, promise par les autorités après l'insurrection et créée en octobre 1832 : Falconnet appuie sa transformation en véritable "banque industrielle", tandis que Chastaing y voit un outil de contrôle des ouvriers. [...]

[...] été 1832 - août 1833 : rédacteur en chef, Marius Chastaing. Répression accrue des groupes républicains après une tentative d'insurrection à Paris en 1832. Période plus politique, dominée par la conscience des antagonismes : la presse pointe du doigt le déficit démocratique. Pour Chastaing, le républicanisme s'articule naturellement avec l'économie politique de Jean-Baptiste Say. Les institutions républicaines sont censées envelopper l'économie de marché. Les canuts ne sont pas totalement convaincus. autour de 1834 : multiplication des journaux ouvriers, par scission. Marius Chastaing lance l'Écho des travailleurs, journal concurrent. [...]

[...] Les mots, discours, pratiques, valeurs devaient évoluer. Ce débat se fit par la diffusion de poèmes, en chansons, et par une intense discussion autour du vocable "canut". Le mot apparaît péjoratif, une injure accordée aux travailleurs de la fabrique par leurs adversaires négociants. Le journal organise un concours : "On conçoit le désagrément de faire du néologisme, mais dans un ordre de choses nouveau, il faut des noms nouveaux" (1832). Succès de ce concours, de nombreux noms sont proposés (voir le titre). [...]

[...] À Lyon, c'est principalement dans la presse mutuelliste que ces revendications trouvent un écho. Chez les canuts, la femme du chef d'atelier joue un rôle important, elle constitue le plus souvent le contact avec le négociant et son commis. Apparition d'un journal féminin, Le Conseiller des femmes, en 1833 (à relier sans doute à la publication de La Femme libre, journal radical publié à Paris en 1832). L'Écho des travailleurs de Chastaing reste indifférent à cette question. Le rôle des femmes canuses dans la fabrique explique cette présence dans la presse ouvrière. [...]

[...] Échec de la grève, mais dimension symbolique forte de cette solidarité ouvrière, type de conflit nouveau, qui met véritablement en avant les antagonismes de classe. Une "vente sociale d'épicerie" Forte répression de cette grève. Le mutuellisme est officiellement interdit. Les canuts tentent d'élaborer de nouvelles formes d'expression et d'associations : exemple de l'épicerie sociale de Michel-Marie Derrion. C'est un négociant, rallié au fouriérisme. Il écarte la question de la pénurie : selon lui, les ressources sont là, il s'agit simplement de les partager. Le problème vient du commerce, et des tensions permanentes entre producteurs, intermédiaires et consommateurs. [...]