Dans l'ouvrage L'Ukraine, nouvel acteur du jeu international dirigé par Anne de Tinguy, Daniel Beauvois, historien français spécialiste de l'Ukraine et de la Pologne, revient sur la construction de l'identité ukrainienne.
L'auteur se rend compte de la difficulté de parler de l'identité de tout un peuple, il ne cherche donc pas à être exhaustif, mais seulement à fixer des données de base pour comprendre l'identité ukrainienne.
[...] On peut relever quelques limites à l'article de Daniel Beauvois. Elles sont surtout liées à la date de publication. En effet, depuis 2000, beaucoup de choses ont évolué. On peut voir que l'élargissement de l'Union européenne vers l'Est a permis une évolution de la place de l'Ukraine sur la scène internationale. Le 1er mai 2004, l'Ukraine est devenue un nouveau pays frontalier de l'Union européenne ce qui a nécessité la mise en place d'une Politique européenne de voisinage. Par ailleurs, l'Ukraine est actuellement en négociation avec l'OTAN. [...]
[...] Cela traduit le refus de Moscou d'accorder une dignité à l'identité ukrainienne. Mais aujourd'hui, l'inversion de cette tendance est lente. Dans les régions à majorité russophone, le bilinguisme s'imposera sans doute. Cela illustre le constat d'une nécessaire tolérance. On peut par ailleurs noter que l'auteur oublie de mentionner l'usage répandu bien que difficile à quantifier du sourjik qui est un mélange entre le russe et l'ukrainien. Les limites sont donc moins nettes et la situation plus complexe que la présentation qui se veut avant tout brève de l'auteur. [...]
[...] Ces deux conceptions sont complémentaires même si elles renvoient à des vues politiques différentes. Par ailleurs, alors que Daniel Beauvois tente de minimiser les divisions ethniques en Ukraine, Alexandra Goujon montre tout de même l'importance des clivages régionaux dans le pays. Le Centre-Ouest est davantage tourné vers une conception de l'identité nationale fondée sur l'ethnicité ukrainienne et supporte les politiques d'ukrainisation ; tandis que la région Sud-Est est très majoritairement russophone et fonde l'identité nationale sur la slavité orientale. Cependant, on peut noter que ces distinctions identitaires ne remettent pas en cause l'État-nation ukrainien dans son intégrité. [...]
[...] La relation entre les Ukrainiens et les Russes a été déterminante dans la construction de l'identité et la natiogenèse. L'ukrainisation est une réponse à la russification soviétique imposée. L'histoire comme facteur structurant. L'auteur reprend un à un les principaux axes de la natiogenèse que les théoriciens ont relevés dans l'émergence des nations. Il s'agit de l'histoire, la religion, la langue et le partage d'une expérience douloureuse. Il revient ainsi en détail sur toute l'histoire de l'Ukraine et illustre comment a été mise en place une histoire commune. [...]
[...] En outre, depuis la publication de cet article, la Révolution orange a eu lieu. Cette percée démocratique peut être perçue comme la traduction de la construction de l'identité nationale, le choix des citoyens se portant vers un candidat plutôt favorable à la particularisation ukrainienne qu'au rapprochement avec la Russie même si la cohabitation au pouvoir de 2006 à 207 est la preuve d'une volonté de réconciliation entre les différents antagonismes politiques. ( Il y a donc d'importantes nuances à apporter à la vision de Daniel Beauvois. [...]
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