Un ouvrage qui montre comment de Gaulle n'a cessé, sa vie durant, de considérer l'Allemagne comme un envahisseur potentiel. Comment l'Allemagne influence-t-elle De Gaulle dans sa formation ? Comment celui-ci la perçoit-il ? Comment réagit-il à sa politique extérieure ? Inversement, comment les Allemands considèrent-ils De Gaulle ? Quelles sont leurs réactions à sa politique extérieure ?
Ce sont à ces questions, situées au cœur de la relation entre De Gaulle et les Allemands, que Jacques Binoche essaie de répondre
[...] Par conséquent, l'analyse de Jacques Binoche contient deux points discutables. Tout d'abord, il insiste démesurément sur l'environnement du jeune De Gaulle pour expliquer son attitude vis-à-vis de l'Allemagne, en omettant certains facteurs plus rationnels. En outre, il a tendance à donner une signification à des événements, notamment la publication de ses ouvrages militaires, qui n'en possèdent guère. Ceci peut s'expliquer par la subjectivité découlant de l'admiration portée par l'auteur à son objet d'étude. Toutefois, si la première partie du livre pâtit de ces méthodes discutables, l'analyse des rapports entre De Gaulle et les Allemands après 1945 est très pertinente. [...]
[...] Néanmoins, l'étude de Jacques Binoche est particulièrement riche d'enseignement. Tout d'abord, la vision négative de l'Allemagne de l'après-guerre De Gaulle dictateur potentiel- conduit le lecteur français à s'interroger sur la nature du gaullisme et sa pertinence en politique extérieure ; de plus, Jacques Binoche met indirectement en évidence la transformation profonde des mentalités allemandes au même moment avec l'apparition du patriotisme constitutionnel, un concept post- national Ensuite, l'étude de Jacques Binoche met en évidence la place capitale de la nation dans la pensée de De Gaulle : ceci explique de nombreux aspects de sa politique extérieure mais, indirectement, permet de mieux comprendre le côté national de la guerre froide. [...]
[...] On peut penser que l'auteur néglige cette piste car il se situe dans la logique gaullienne et celle-ci ne peut comprendre ce nouveau concept. Cette opposition fondamentale pourrait expliquer le rejet allemand de la politique gaullienne. En effet, le patriotisme est une réaction à l'ultra nationalisme de l'époque nazie et affirme la prépondérance des valeurs de la Loi fondamentale sur la nation- ce qui est d'autant plus réalisable que l'Allemagne est divisée. Or, pour le gaullisme, au contraire, la nation prime toutes les autres valeurs, d'où une incapacité à être accepté par les Allemands. [...]
[...] Binoche (Jacques), de Gaulle et les Allemands Résumé Comment l'Allemagne influence-t-elle De Gaulle dans sa formation ? Comment celui-ci la perçoit-il ? Comment réagit-il à sa politique extérieure ? Inversement, comment les Allemands considèrent-ils De Gaulle ? Quelles sont leurs réactions à sa politique extérieure ? Ce sont à ces questions, situées au cœur de la relation entre De Gaulle et les Allemands, que Jacques Binoche essaie de répondre. Tout d'abord, il met en évidence le fait que De Gaulle, qui naît en 1890, est élevé dans un milieu conservateur pour lequel l'Allemagne est à la fois l'éternel envahisseur et le modèle à suivre. [...]
[...] Celui-ci semble donner une importance décisive à l'éducation du jeune De Gaulle, sur laquelle il s'attarde relativement longuement. Il met ainsi l'accent sur sa famille dont la grandeur de la France importe tellement qu'elle regrette l'époque glorieuse de l'Ancien Régime ; le jeune De Gaulle, qui naît en 1890, est également fortement marqué par le traumatisme de la défaite de 1870 et la volonté de revanche contre l'envahisseur. Par conséquent, fortement influencé par son environnement, De Gaulle aurait, depuis l'enfance, acquis et gardé la même conception de l'Allemagne impérialiste qui cherche à évincer la France de la scène européenne pour s'en assurer la maîtrise. [...]
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