Dans son ouvrage Les Amériques noires (1967), Roger Bastide s'attache à étudier la diversité et les convergences de ces civilisations afro-américaines. En soulevant les problèmes du mélange des cultures, de l'acculturation, de l'assimilation, de l'intégration, des résistances et des survivances culturelles, du syncrétisme religieux, et en étudiant le personnage de l'esclave créole, Roger Bastide produit une analyse tout à fait nouvelle de la question. Sa réflexion sur les influences culturelles africaines au sein des sociétés américaines, issues de l'esclavage, le mènera à la mise en évidence d'une logique métisse, dont on le considère être le précurseur.
[...] Roger Bastide parvient donc briallement à dépasser le débat Herskovits/Frazier, en mettant en valeur non seulement, la diversité des cultures afro-américaines (d'où le titre au pluriel), mais aussi l'existence indiscutable d'une véritable culture nègre, ou métisse. Il répond ainsi à la crainte ancienne du mélange de la perte des repères culturels : les sociétés métissées ont une culture propre, et ne sont pas uniquement le résultat de traces de cultures disparues. [...]
[...] En Amérique protestante, il fallait que l'évangélisation du noir soit parfaite. Du coup , on a assisté à une disparition totale des africanismes, il n'y a pas eu synchrétisme, mais ré-interprétation ; le noir a interprété les caractéristiques catholiques selon sa mentalité. Les blancs se sont d'ailleurs appuyés sur des passages de la Bible qui pouvaient particulièrement touché le noir, par rapport à sa propre histoire. S'est donc formé un christiannisme nègre (plutôt qu'africain) dans lequel dominent l'espérance du salut, la délivrance de la servitude d'une Egypte symbolique. [...]
[...] Dans les cultures nègres, la culture africaine n'a pas survécu. Bastide souligne l'enchetrement des cultures africaines et nègres, ce qui rend leur étude particulièrement difficile. En effet, cette opposition est tout relative. Ces deux communautés consistituent en fait des idéaux, des extrêmes entre lesquels il y a des multitudes de situations possible. Caractère relatif de la distinction, notion d'adaptation au milieu Bastide veut en fait mettre en relief le caractère évolutif et dynamique de la culture, pour marquer son opposition avec les modèles de Frazier et Herskovits, qui avaient une vision fixe et statique de la culture. [...]
[...] Ce sont des sociétés perméables à l'histoire et au changement. L'aquisition de cette identité nègre se traduit notamment par une capacité d'évolution des communautés nègres : elles ont su s'adapter aux différentes pressions. Cette identité collective qui a progressivement émergée a permis la naissance du mouvement de la négritude (objet du Chapitre 10). La négritude s'est formé en réaction aux différentes barrières érigées par le blanc pour empêcher le noir de progresser socialement modèle concurrentiel de nos sociétés). En effet, face à un tel modèle concurrentiel, le noir pratique un maronnage idéologique (p. [...]
[...] Bastide conclut donc à une survivance religieuse très forte, qu'il met en parallèle avec une adaptation dans le domaine économique. Il peut ainsi introduire la notion de Coupure : l'américain noir vit dans deux mondes : il s'adapte à la société environnante, et maintient par ailleurs, dans un autre domaine, la religion de ses pères Ce principe permet d'expliquer que les noirs vivent très bien cette acculturation, ils ne se sentent pas tiraillés car à différents secteurs de la vie, ils associent différents repères culturels. [...]
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