En introduction de cet ouvrage, Annette Wieviorka fait le point sur la représentation d'Auschwitz depuis la fermeture du camp. En lui donnant pour titre encore ! elle exprime l'idée de certaines personnes qui estiment que la multiplication des commémorations en ont fait un symbole, étranger à sa propre réalité.
Mais surtout elle cherche à comprendre pourquoi Auschwitz incarne à ce point la Shoah. Ce constat de l'intérêt qu'il lui est porté, par le nombre croissant de visiteurs, tend à modifier le camp et entraîne ce que l'on nommera une ‘muséifaction' de celui-ci.
En revenant sur l'histoire d'Auschwitz qui n'a jamais été présentée auparavant aux lecteurs français, Mme Wieviorka se donne pour but d'en « assurer la pérennité ».
Afin de rendre lisible cette fiche de lecture, nous utiliserons le style direct pour tenter d'extraire les points essentiels de ce livre avant d'en faire un commentaire.
[...] Cela, dans l'objectif de marquer, aux yeux des visiteurs, ce symbole du camp qui était l'ombre des déportés Les détenus du camp d'Auschwitz A Auschwitz le nombre de détenus prévus à l'origine était de mais très vite celui-ci est passé à puis à Dans les premières années, les Polonais constituaient la majorité des détenus ; suivant M. Piper, historien du camp (au minimum) d'entre eux y seraient entrés pour des raisons politiques, et plus généralement en raison de leur nationalité. Les juifs Polonais étaient alors présents également mais à titre individuel. En effet, la mise en œuvre de la Solution finale ne commença qu'en 1942. Les criminels professionnels représentaient aussi une forte proportion des détenus. Puis vinrent les homosexuels et les Témoins de Jéhovah qui formaient deux groupes minoritaires. [...]
[...] Pourtant, seuls les déportés d'Auschwitz, à partir de 1942, ont été tatoués. Pour les nazis, il s'agissait de faire face au nombre croissant des arrivées en marquant à même la peau le numéro qui seul permettait d'identifier les détenus au lieu de l'inscrire sur le vêtement comme c'était le cas auparavant. Primo Lévi décrit dans Si c'est un homme son arrivée au camp en ces termes Plus rien ne nous appartient : ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures et même nos cheveux [ ] Ils nous enlèveront jusqu'à notre nom : et si nous voulons le conserver, nous devrons trouver en nous la force nécessaire pour que derrière ce nom, quelque chose de nous, de ce que nous étions, subsiste A Auschwitz, il est le Les déportés survivants vivent chacun avec leur numéro une histoire différente ; la plupart le considère avec indifférence, d'autres lui vouent une certaine tendresse, enfin, une minorité préfère l'effacer Bombarder Auschwitz ? [...]
[...] En effet, contrairement aux autres, quelques 7000 déportés y erraient encore à l'arrivée des libérateurs. Ces personnes, très affaiblies, ont été soignées sur place avant d'être transférées dans l'hôpital général. Le camp est alors devenu un centre de prisonniers de guerre allemands puis a été pillé par les soviétiques et les polonais à des fins de reconstruction Auschwitz : du centre pour migrants au camp de concentration Avant de devenir le camp de concentration que l'on connaît, Auschwitz a d'abord été, au début du XX siècle, un camp de migrants campé sur une ville frontière, Oswiecim. [...]
[...] Pour les membres du Sonderkommando affectés à ces tâches de mort, raconter était synonyme de mort immédiate ; pourtant, des récits ont été retrouvés aux alentours des crématoires retraçant leur vie au camp et expliquant le système mis en place. Quatre photos du crématoire que l'on peut considérer comme de vrais actes de résistance, illustrent également cet épisode de l'histoire. En 1944, les membres du Sonderkommando se sont révoltés et incendièrent le crématoire IV, rendu de ce fait hors d'usage. La plupart de ces hommes furent retrouvés et fusillés. [...]
[...] Cette solution certes intéressante omet pourtant le sort des femmes et des hommes qui ont circulé entre les deux camps. Mais ces débats qui agitent l'histoire du camp sont aussi le signe que l'histoire est vivante et se perpétue. La question du but de l'histoire de la Shoah est ici posée dans toute son acuité. Leçon pour le présent et l'avenir ? Modalité du travail de deuil ? La visite d'Auschwitz ne cesse d'être redessinée afin de répondre à toutes ces exigences. [...]
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