Thê Anh Nguyên, monarchie au Viêt Nam, Viêt Nam, 1875-1925, souveraineté française, Cochinchine, empereur Tu-Duc, nationalisme vietnamien
Dès 1858 les Français attaquent le port de Tourane et prennent Saïgon à partir de l'année suivante, ce qui démantèle le royaume des Nguyên. Dix ans plus tard, ils sont solidement implantés en Cochinchine. La souveraineté française sur cette région est reconnue par l'empereur Tu-Duc en 1874 suite à l'expédition de François Garnier au Tonkin en 1873. Tu-Duc autorise alors le libre exercice du culte catholique, l'ouverture du fleuve au commerce, ainsi que la mise en place de consuls et d'une force de police française. Il accorde ainsi à la France une sorte de protectorat en échange du maintien de l'ordre et de la mise en valeur du territoire.
Les historiens ont longtemps vu dans la conservation de la monarchie un frein à l'expansion du nationalisme vietnamien, car les élites autochtones étaient intégrées à l'administration coloniale. C'est une période de transition avec le mouvement révolutionnaire qui se forme après 1925, en lien avec le communisme.
[...] Protectorat et gouvernement protégé sous Khai-Dinh Dès son avènement il a la volonté d'affermir l'institution monarchique et de s'appuyer totalement sur le protectorat afin d'assurer la sécurité nationale. Soutenu par le résident supérieur, il séduit Albert Sarraut, car totalement gagné à la cause française. Le nouveau roi fut même invité à Hâ-noi au palais du gouverneur général. Cette nouvelle politique est basée sur la confiance et sur la collaboration. La ligne politique n'était cependant pas très claire à cause de la haute fréquence des changements de gouverneurs généraux, ce qui rendait plus difficile la conservation de bonnes relations avec la cour de Huê. [...]
[...] La surcharge fiscale menaçait la population, de plus que les prix augmentaient aussi, de même que les activités clandestines pour échapper aux prélèvements. La paupérisation était surtout visible dans les régions rurales, des paysans se retrouvaient sans terre. Les lettrés ont vu dans cette crise un des principaux méfaits de l'administration coloniale, ce qui donna lieu dès 1897 à des thématiques anti-coloniales. Le fait colonial dépouilla l'institution monarchique de son rôle de pivot de l'ordre de la nation. Le statut social de la classe traditionnelle dirigeante des lettrés s'amincissait de plus en plus. [...]
[...] L'autorité française s'inquiétait de la propagation de ces idées réformistes. L'arrivée en 1906 du résident supérieur en Annam Fernand Lévecque resserra le contrôle du protectorat. Il voulait surtout surveiller le comportement de Thành-Thai, qui n'avait plus aucun pouvoir. Sa déposition est acceptée par la France en juillet 1907, et justifiée par l'état de santé mentale du roi. Il désigne son fils de 8 ans comme successeur, qui devient Duy-Tân. L'abdication de Thành-Thai, après 19 ans de règne, marque la soumission totale de la monarchie à la volonté du protectorat. [...]
[...] Cette crise marque l'extrême faiblesse monarchique et son impuissance face à la menace française. En 1883, Tu-Duc meurt après une longue maladie. Son règne s'achève dans une atmosphère de catastrophe et de désintégration de l'État. La période suivant la mort de Tu-Duc, le dernier des quatre grands empereurs Nguyên, est marquée par des crises internes et les pressions françaises. La succession de Tu-Duc Avant de mourir, il avait nommé son neveu Ung Chân, éduqué au palais royal, comme son successeur. [...]
[...] L'éducation du jeune empereur fut confiée aux reines mères. En 1908 des mouvements insurrectionnels voient le jour, dont une protestation contre les impôts, provoquée par le mouvement réformiste. La désobéissance civile passe par le refus des obligations fiscales qui leur sont imposées : ce sont des revendications concrètes et non politiques, qui désorganisent cependant l'administration. Partout, des manifestations pacifiques eurent lieu avant de prendre un caractère plus violent et de s'essouffler 3 mois plus tard. Le deuxième mouvement insurrectionnel marquant de la période est le complot de Hà-nôi, étouffé dès sa première manifestation, une tentative d'empoisonnement dans les casernes des troupes européennes. [...]
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