André Kaspi, historien français spécialiste de l'histoire des Etats-Unis nous livre une analyse de la première partie du XXème siècle tel que l'a vécu l'Amérique en s'appuyant des problématiques aussi diverses que la décision du pays de se lancer dans la première Guerre, la gestion de la crise de 1929 et le New Deal ou encore son engagement face à la menace fasciste.
Quand le conflit éclate, c'est la surprise générale, les Américains sont atterrés et se questionnent sur le sens d'une guerre pour la défense de ses intérêts au XXème siècle.
Une fois la surprise passée, la neutralité des EU ne fait aucun doutes pour plusieurs raisons: sentiment pacifique profond tant du coté des religieux que des progressistes; l'armée n'existe pas; les problèmes européens apparaissent trop lointain et embrouillés (la France est alliée inexplicablement pense-t-on à la Russie tsariste, l'Angleterre s'entête dans une politique coloniale et ne cède pas aux velléités indépendantistes irlandaises ce qui suscite la colère du lobbying irlandais aux EU).
[...] Les femmes le subissent plus facilement que les hommes parce qu'elles occupent plus facilement les emplois instables. Les jeunes souffrent eux de l'affaiblissement du système scolaire. Comment s'en sortir? Une révolution culturelle se prépare même si rien ne la laisse deviner. Aux élections de 1932 deux conceptions de la société s'affrontent: Hoover qui jure que la crise est importée promet d'agir avec efficacité avec le maintien de l'étalon-or et l'aide aux chômeurs s'oppose à Roosevelt qui promet une nouvelle donne (new deal) aux Américains. [...]
[...] La misère est présente: le secteur agricole est touché depuis 1920 (valeurs des terres baissent, déséquilibre par rapport aux prix industriels, refus d'intervenir de Coolidge malgré les sollicitations des organisations de défense des milieux agricoles) et la crise de 1929 ne fait qu'accentuer ce malaise avec la chute des prix agricoles, les fermiers refusant alors d'écouler leur production à moindre coût. La misère des ouvriers est encore plus dramatique. Le chômage frappe inégalement et se double d'une baisse des salaires (baisse de 14,2% entre 1931 et 1933). Que faire? La misère s'aggrave de jour en jour: les familles vendent leur maison à bas prix, on vide le compte bancaire, les vagabonds peuplent les hooverville, la faim guette. N'y aurait-il pas de secours organisés? [...]
[...] Pour sortir de la crise industrielle, Roosevelt ne croit plus dans l'efficacité d'une entente entre le big government et le big business ni dans la dévaluation (celle de 1933 est un échec). Il reste la solution du keynésianisme. Roosevelt ne s'y laisse pas convertir aisément (il a centré sa campagne sur la baisse du déficit budgétaire). Il fait machine arrière en 1938 lorsque la récession frappe à nouveau les Etats-Unis. Le bilan du New Deal est médiocre, il y a baisse du chômage mais le mal reste endémique. [...]
[...] Mais que signifie-t-il? Roosevelt promet du travail, une plus équitable répartition de la richesse. Son programme n'a néanmoins rien pour susciter l'enthousiasme: réduction des dépenses fédérales pour équilibrer le budget, monnaie solide impossible de reconnaître là les prémices du New Deal. Le programme multiplie même les incohérences (désengagement de l'Etat et aide aux pauvres par exemple) mais les promesses sont là: promesse d'employer les jeunes à reboiser, planification, association du monde des affaires et du gouvernement pour changer la donne En novembre 1932 c'est un raz-de-marée démocrate. [...]
[...] Il s'appuie sur le vote démocrate traditionnel des sudistes (ségrégationnistes) et des minorités religieuses et ethniques irlandaises et italiennes avec pour nouvelles recrues les pauvres, les noirs qui jusqu'à présent faisaient confiance aux héritiers de Lincoln, de la communauté juive et des intellectuels. Ses adversaires politiques sont à la fois désarçonnés et désunis, le parti républicain a perdu son image de champion du progrès. Les Américains ne veulent pas renoncer au New Deal même si on leur assure que les dépenses publiques sont trop élevées. [...]
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