Dans ce livre, André Gueslin s'attaque à un difficile objet d'étude : la grande pauvreté au XIXe siècle. A. Gueslin est un habitué de ce genre de thématiques rattachées à l'Histoire économique et sociale… Il est aujourd'hui professeur à Paris VII (à Jussieu) après avoir enseigné à Clermont et Nancy (il remercie d'ailleurs les étudiants qui l'ont aidé dans la construction de ce livre…). Sa thèse s'intitule Crédit agriculture et mutualisme en France et il a publié depuis de nombreux ouvrages d'histoire sociale, comme "L'invention de l'économie sociale. Le XIX siècle"(1987) ou "L'Etat, l'économie et la société française. XIX et XX siècles"(1992). En quoi cet objet, la grande pauvreté au XIXe siècle, est-il « difficile » ? En fait le gros obstacle auquel Gueslin a dû faire face, c'est donner une définition précise de ces catégories de populations qui sont à la marge de la société. Puis un second obstacle est alors apparu : comment observer, mesurer, décrire ces populations qui, puisqu'elles sont à la marge, ne laissent pas énormément de traces ? On sait que l'historien se doit de travailler sur des documents, des archives, pour arriver à émettre des conclusions. Nous verrons comment A. Gueslin surmonte ces deux obstacles pour livrer cette synthèse.
[...] Ce livre est décomposé en 8 chapitres que nous pouvons regrouper en 3 parties : Description, Représentations, Actions. Nous présenterons les conclusions de ces trois moments avant de nous pencher sur l'utilisation des sources chez Gueslin, puis nous tenterons d'identifier les points problématiques de ce travail Les apports de l'ouvrage 1. Description (chapitres Le premier enjeu de Gueslin dans cet ouvrage est de trouver une définition précise de la pauvreté telle qu'il veut l'étudier, une définition adéquate et scientifiquement opératoire Il précise au départ qu'il doit alors se détacher de certaines représentations de l'époque qui associaient des catégories de populations très diverses dans la notion rendue floue de prolétariat Dans le premier (long) chapitre il tente donc de dégager les caractéristiques des vrais pauvres qu'il veut étudier. [...]
[...] Maclouf, La pauvreté dans le monde rural quelques limites de l'ouvrage ? La construction du livre est, comme nous l'avons vu, assez efficace : description, représentations, actions. Mais dans cette articulation un chapitre semble assez faible : le chapitre intitulé Les doctrines sociales face à la pauvreté Ce chapitre est extrêmement clair et très fourni et les théories y sont bien décrites, mais le rapport au sujet de l'ouvrage est assez éloigné dans de nombreux paragraphes. Dans sa description des doctrines, Gueslin sembla parfois oublier qu'il ne s'agit pas de présenter simplement des doctrines mais de montrer en quoi elles prennent en compte la question de la grande pauvreté. [...]
[...] Bien sûr cet impact aurait été difficile à définir. En effet Gueslin montre bien que le volume des œuvres a augmenté (par exemple le nombre de rations de soupes distribuées) mais indique que cela peut signifier deux choses : la pauvreté augmente ou bien elle est plus visible Impossible de dire par contre si elle diminue. On peut supposer qu'avec l'amélioration très progressive du niveau de vie et le développement de politiques sociales, la pauvreté diminue de fait. Conclusion L'ouvrage de Gueslin est un apport essentiel puisqu'il est la première synthèse sur les pauvres au XIX siècle, comme nous l'avons précisé en introduction. [...]
[...] S'ajoute à cela quelques citations non répertoriées Remarquons d'ailleurs que Gueslin ne travaille vraiment pas avec des archives puisque même lorsqu'il cite un document d'époque, il le tire en général d'un autre ouvrage. Par exemple, il cite dans son chapitre consacré aux œuvres un certain M. Talansier, se référant à un discours qu'il a donné au premier congrès diocésain de Mende en 1908. Mais en note de bas de page, ce n'est pas un fonds d'archives qui contiendrait ce discours qui est répertorié, mais un article de Y. Pourcher paru dans un ouvrage dirigé par P. [...]
[...] Il faut noter également la distinction qui se fait au sein des élites entre les bons pauvres et les mauvais pauvres Les premiers sont victimes d'accidents (vieillesse, abandon, handicap) et s'en remettent souvent à la charité des élites. Les seconds sont stigmatisés comme fainéants et nuisibles Gueslin s'intéresse de manière tout à fait logique ensuite au point de vue des populations pauvres, en reprenant une question traditionnelle : est-ce qu'il existe une culture du pauvre (il cite les travaux d'Hoggart) autonome ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture