Fiche de lecture de la thèse fondatrice d'Antoine PROST sur les anciens combattants de la Grande Guerre.
Cette thèse a apporté un éclairage nouveau à l'époque sur les anciens combattants, en battant en brèche le mythe belliqueux et nationaliste de ce mouvement, construit par la propagande de Vichy, les croix de feu et la comparaison hâtive avec les anciens combattants bruyants d'Allemagne et d'Italie. Cette thèse soutient au contraire que les anciens combattants sont représentatifs de la classe moyenne française, plutôt pacifiste.
Ses méthodes sont novatrices : des méthodes quantitative, sociale, ethnologique (sur les monuments aux morts, les célébrations…) et linguistique (rhétorique du discours des anciens combattants analysée) ont été croisées.
[...] Ses fonctions : Sociale : Défendre les intérêts des anciens combattants. C'est un groupe de pression efficace, qui obtient en 1930 une retraite et en 1935 son maintien en pleine déflation. Elle apporte aussi une aide matérielle (caisses de secours). Morale : Recherche d'une reconnaissance sociétale et donc d'un statut particulier dans la société. De sociabilité : Organisation de loisirs, de fêtes Volonté de profiter à nouveau de la vie. De mémoire : Maintenir le souvenir de la guerre, une mémoire vive, qui s'incarne dans une pratique culturelle (et aussi cultuelle) et sociale spécifique (commémorations). [...]
[...] Les militaires ne sont pas présents. Les drapeaux et les officiers s'inclinent devant le monument, c'est-à-dire devant les morts. Ces derniers sont associés étroitement à la cérémonie : on lit leur nom. Hommage rendu à la collectivité des morts. Atteste d'une piété civique et laïque face à ces morts. Attitude politique : Les anciens combattants ont voulu intervenir au nom de l'action civique, considérant qu'ils avaient un droit de regard sur la paix qu'ils avaient permis ils ont des droits sur nous Dénonciation de la politique partisane, des divisions qu'elle produit. [...]
[...] Sur ce point, cette thèse a fait débat. Des historiens ont souligné que la critique acerbe du parlementarisme et l'unification morale ont pu préparer les esprits à un régime autoritaire, de type pétainiste. Demander le renforcement de l'exécutif, c'est s'opposer au parlement, donc aux valeurs républicaines. Exception des croix de feu : association d'anciens combattants, fondée en 1927 par M. d'Artois. Elle a sélectionné ses adhérents (il fallait avoir été blessé et cité). Elle est beaucoup plus militariste. Subventionnée par l'extrême droite. [...]
[...] Ce sont les plus bruyants. Cette ligue d'extrême droite a joué un rôle déstabilisateur dans les 30's (épisode du 06/02/34). Conséquence du poids de la mémoire et de cette génération du feu si présente : Culturelle : La mémoire de guerre se retrouve partout (littérature, ciné, peinture, sculpture Sociale : Cette génération est prestigieuse. Induit des rapports inter- générationnels différents, plus difficiles avec les plus vieux, qui n'ont pas fait la guerre. Idéologique : Par leur pédagogie pacifiste et leur production, cette génération a touché une très large partie de l'opinion. [...]
[...] Ce pacifisme n'est pas chauvin, cocardier et agressif. Il est donc très différent de celui de Déroulède au XIXème, mieux : il le fait disparaître, tout comme l'anti-cléricalisme exacerbé, effacé par la fraternité des tranchées. Va de pair toutefois avec une supériorité morale vis-à-vis de l'Allemagne, ce qui conduit à des formes d'intolérance. Discours et pratiques de mémoire : Pédagogie de la paix : Rappeler l'horreur de la guerre et l'importance du sacrifice pour qu'elle ne se reproduise plus. Se traduit dans les monuments aux morts dénonçant la guerre (Celui de Levallois montre par exemple un soldat brisant son épée dans les cérémonies (qui ne célèbrent ni l'armée ni la guerre mais les morts) et le 14 juillet (défilé des mutilés). [...]
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