AUTEUR :
Albert Hirschman est professeur de sciences sociales à l'Université de Princeton. Il est également l'auteur de Defection et prise de parole (Exit, voice and loyalty) et de Bonheur privé, action publique, notamment.
THEME :
Le thème est défini dans l'avant propos. L'auteur, qui ne cache pas sa proximité avec le milieu "libéral" (c'est-à-dire progressiste au sens US), tente une " analyse à froid des types de discours, de raisonnement et de rhétorique " utilisés dans le camp réactionnaire ou conservateur. Il ne s'agit donc pas , pour Hirschman, de réfuter tel ou tel argument réactionnaire sur le fond des questions abordées (Suffrage Universel, Etat-providence... ) mais de déterminer ce qui, à travers deux siècles depuis la Révolution Française, est commun aux méthodes discursives réactionnaires.
COMPTE-RENDU DE LECTURE :
L'auteur prend pour point de départ l'analyse du sociologue anglais T.H. Marshall qui définit trois dimensions essentielles de la citoyenneté : la citoyenneté civile (liberté de parole, de pensée, de religion, de conscience... ) du XVIIIe siècle la citoyenneté politique (Suffrage Universel essentiellement) du XIXe siècle et la citoyenneté sociale (Etat-providence, instruction, santé... ) du XXe siècle. C'est au cas anglais que ce schéma d'analyse s'applique le mieux. Il est à nuancer selon les autres pays envisagés. Ainsi, parallèlement à l'acquisition de ces trois dimensions de la citoyenneté se sont développées trois "réactions" obéissant à des procédés discursifs précis qui sont l'objet de cet ouvrage.
Sur le mot "réaction", l'auteur précise que, depuis la Révolution, ce mot a pris une connotation péjorative, qu'il regrette tout spécialement pour cette étude qu'il veut aussi neutre que possible.
[...] Le glissement est relativement facile de "conséquences non recherchées" à "conséquences non désirées", puis "conséquences indésirables". Il faut de plus différencier les effets pervers des effets secondaires qui, eux, s'ajoutent à une action positive et il est inutile, ici, de démontrer que, bien souvent, les effets non voulus peuvent être positifs. II. La thèse de l'inanité A. Définition : La définition qu'en donne Hirschman est la suivante : " Toute tentative de changement est mort-née tout prétendu changement n'est, n'a été, et ne sera que dehors, façade et apparence devant les structures sociales profondes. [...]
[...] proche du mythe du "un pas en avant, deux pas en arrière". Le champ d'application de la thèse de la mise en péril est plus étroit que celui des deux précédentes car l'utilisation de celle-ci nécessite un cadre historique déterminé et une conscience collective de ce cadre. L'application en est donc plus facile en Europe ou les nations se sont construites par étapes sur un "temps long historique" que dans les anciennes colonies où la thèse de la mise en péril est souvent transformée en thèse du blocage. [...]
[...] Ainsi, tandis qu'il s'agit d'une " réhabilitation de l'Ancien Régime " pour Rémusat, Ampère explique : " on se demande ce que la Révolution a changé et pourquoi elle s'est faite C'est pourquoi, selon Albert O. Hirschman, Tocqueville peut être présenté comme l'inventeur de le thèse de l'inanité. Il y en effet, dans certaines de ses affirmations subtiles sur la Révolution, un aspect provocant et insupportable, plus encore que chez les attaques frontales d'un De Maistre ou d'un Burke, pour ceux qui se disent les héritiers de la Révolution. [...]
[...] Il est à nuancer selon les autres pays envisagés. Ainsi, parallèlement à l'acquisition de ces trois dimensions de la citoyenneté se sont développées trois "réactions" obéissant à des procédés discursifs précis qui sont l'objet de cet ouvrage. Sur le mot "réaction", l'auteur précise que, depuis la Révolution, ce mot a pris une connotation péjorative, qu'il regrette tout spécialement pour cette étude qu'il veut aussi neutre que possible. I. La thèse de l'effet pervers A. Définition : Il faut partir du principe que les réactionnaires ne peuvent décemment affronter les thèses progressistes de front. [...]
[...] Il nous est souvent suggéré (et parfois avec insistance) de lire d'autres ouvrages d'Hirschman mais, sans tomber dans une absurde paranoïa, il semble que celui-ci soit victime d'un certain ostracisme difficilement compréhensible ( . sauf à croire que nos enseignants en ignorent l'existence ? Néanmoins il faut veiller à ne pas faire une lecture trop dogmatique de cet essai qui aboutirait à en faire une arme contre la discussion démocratique. Tout débat devient en effet impossible si on applique ces thèses systématiquement aux arguments qu'on veut réfuter, sans y répondre sur le fond. On peut, de plus, en retour, être soi même victime de ce dogmatisme . [...]
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