Il n'est rien de plus tragique qu'une agonie, cette mort lente mais certaine d'une République qui se consume à petits feux… Une bien triste image en cette journée du 13 Mai 1958, une journée pourtant printanière où la nature renaît… L'Agonie de la IVème République, ainsi s'intitule ce nouvel ouvrage de Michel Winock paru en mars 2006 aux éditions Gallimard. Petite rétrospective sur cet historien… Spécialiste de l'histoire politique des XIXème et XXème siècles, professeur émérite à l'IEP de Paris, Winock est un écrivain très actif, tel en témoigne ses derniers ouvrages publiés récemment : Pierre Mendès France (2005), Histoire de la France politique (2004) (sous la dir.), La France de 1900 à 1914 (2003), Dictionnaire des intellectuels français : les personnes, les lieux, les moments (2002) (sous la dir.), Les voix de la liberté : les écrivains engagés au XIXème siècle (2001).
Son travail s'inscrit ici dans la collection « Les Journées qui ont fait la France » et sa démarche historiographique est complètement différente de celle qu'il avait adoptée dans La République se meurt : 1956-1958, (1978). D'un prime abord, il semble que ces deux ouvrages sont à rapprocher par la ressemblance troublante de leurs titres, mais en réalité l'écriture de l'historien n'est pas chargée de la même intention. Comme l'indique l'auteur dans son avant-propos, il n'est plus dans l'optique d'écrire « un livre d'ego-histoire », mais d'écrire l'histoire même, sans que l'auteur n'intervienne. Dans la gageure de traiter le sujet au mieux possible, l'auteur cherche à reconstituer et à interpréter un événement « avec le souci de gouverner sa subjectivité ». En s'attachent à la journée du 13 Mai 1958, Winock étudie cet événement sous le prisme temporel, car cette journée crée une rupture, « un avant et un après dans le continuum des saisons et des jours ».
La République est confrontée à un problème majeur : la guerre d'Algérie. Le 13 Mai 1958, Alger est le point de fracture qui enclenche tout un mécanisme conduisant à la perte, à l'agonie du régime : fatalité de la IVème République.
[...] L'état-major gaulliste ou dit groupe des six (O.Guichard,J.Foccart,P.lefranc,M.Debré,C.de La Malerie et R.Ribière) attendaient trois cas pouvant justifier l' intervention légitime »(Debré) : échec de l'investiture du Général, troubles après l'investiture, coup de force communiste. Chapitre 8 : l'impossible défense républicaine Dans ce chapitre Michel Winock va montrer qu'entre le 24 mai (jour où la préfecture de la Corse est investie par insurrection) et le 28 mai (démission de PP) la politique de défense républicaine s'est effondrée. Jules Moch préconisait la défense républicaine contre la crise. [...]
[...] On distingue deux motivations principales pour le retour de De Gaulle : - la sauvegarde de l'Algérie française (Jacques Soustelle) et le redressement de l'État (Michel Debré). Après la chute de Gaillard, les gaullistes et les activistes de l'Algérie Française (Lagaillarde et autres ultras) s'opposent par leurs stratégies : les gaullistes souhaitent le retour de De Gaulle au pouvoir, alors que Lagaillarde décide d'instaurer un régime autoritaire présidé par Salan. Néanmoins, ils restent unis contre le régime en ce 13 Mai, même s'ils ne partagent pas la même idée de solution . [...]
[...] Quant à l'Algérie, il proposa une solution fédérale fondée sur les communautés ethniques (Kabyles, Arabes, Européens, Berbères ) de telle sorte que jamais une majorité ne puisse imposer ses volontés à une minorité Grâce au soutien de Guy Mollet la quasi-unanimité sur De Gaulle vola en éclats. La procédure régulière était bel et bien en marche. D'ailleurs, les militaires ont dû abandonner à grand peine l'opération Résurrection Mais De Gaulle confia à Vincent Auriol son regret que certains fussent réticents à son retour : c'est qu'on n'a pas confiance en moi en 1944 j'aurais pu prendre le pouvoir. J'ai travaillé loyalement avec vous. [...]
[...] D'ailleurs, la CGT a déclenché une grève générale quand R.Coty le nomma. Mais elle ne fut suivie que par des enseignants (75%en grève à Paris dans l'enseignement). L'impératif pour De Gaulle était alors d'enclencher une opération de séduction sur l'Assemblée. Il a pu compter sur des soutiens décisifs, dont Pierre Pflimlin qui défendit cette solution DG comme une nécessité : la paix civile ne peut être que par la formation dans la légalité d'un gouvernement présidé par De Gaule Lors d'un entretien avec le président de la République, de Gaulle le rassura sur ses intentions : il donnera au gouvernement les pleins pouvoirs nécessaires pour agir dans la très grave situation actuelle et une nouvelle constitution faite suivant une procédure prévue par l'actuelle constitution L'enjeu était alors la décision du PS. [...]
[...] Voilà donc le problème de la légalité de l'entrée au pouvoir résolu. René Coty prit alors une dimension inattendue puisqu'il dut désigner le président du conseil. Il lui fallu alors convaincre DG de respecter la procédure parlementaire et de se présenter physiquement devant les députés pour le discours d'investiture, ce qui lui en coûtait. Ce que voulait éviter R.Coty était la guerre civile et DG apparaissait comme le plus à même de résoudre la crise grâce à sa popularité, son influence incontestée sur l'armée. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture