Africaines et diplômées à l’époque coloniale, 1918-1957, Pascale Barthélémy, histoire des femmes, professionnalisation des femmes, femmes africaines, sages-femmes, après-Première Guerre mondiale
Pascale BARTHELEMY est une historienne française spécialiste de l'histoire des femmes et du genre à l'époque coloniale en Afrique-Occidentale Française. Elle s'intéresse plus particulièrement à la scolarisation et à la professionnalisation des femmes après la Première Guerre mondiale. En 2004, elle soutient une thèse sur Femmes, Africaines et diplômées. Une élite auxiliaire à l'époque coloniale. Sages-femmes et institutrices en AOF (1918-1957). Elle est actuellement maître de conférences en histoire contemporaine à l'École Normale Supérieure de Lyon et responsable de l'équipe « Genre et société » du Laboratoire de Recherche Historique Rhône Alpes et de l'Institut universitaire de France. Elle a publié de nombreux articles sur l'éducation des filles africaines, dont :
- « La formation des Africaines à l'École normale d'institutrices de l'AOF de 1938 à 1958. Instruction ou éducation ? », Cahiers d'Études Africaines, XLIII (1-2), 169-170, 2003, p371-388
- avec J.-H. JEZEQUEL, « Marier les “demoiselles frigidaires” et les “mangeurs de craies” : l'idéal du ménage lettré et l'administration coloniale en Afrique-Occidentale Française (AOF) », in O. Goerg (coord.), Perspectives historiques sur le genre en Afrique, Cahier « Afrique » n° 23, Paris, L'Harmattan, 2007, p77-96.
Son ouvrage propose de s'intéresser à des parcours de femmes africaines sages-femmes, infirmières-visiteuses et institutrices, de l'après-Première Guerre mondiale jusqu'à l'indépendance. Pour ce faire, l'historienne s'est appuyée sur un corpus de sources varié : les archives nationales du Sénégal, celles du Gouvernement général puis du Haut-Commissariat en AOF, des journaux officiels, des périodiques, ainsi que des entretiens menés entre 1999 et 2002 au Bénin, en Côte d'Ivoire, en Guinée, au Mali et au Sénégal auprès de 88 femmes.
[...] Jusqu'en 1947, la valeur des diplômes en AOF ne permet pas de poursuivre des études en métropole. Les revendications des colonisés et les bouleversements internationaux donnent naissance à des nouvelles réformes : les colonies deviennent des Territoires d'Outre-Mer, le régime de l'indigénat est abolit en 1946 Après la Seconde Guerre mondiale, on assiste à un alignement du système colonial sur le modèle métropolitain qui a des répercussions sur les parcours féminins. L'Ecole Normale connaît des modifications entre les années 40 et 50. [...]
[...] En faisant une sociologie du recrutement (chapitre VIII), P. Barthélémy montre que trois enjeux interviennent dans le choix du futur métier : le métier du père Pour moi c'est très simple, parce que mon père est instituteur Aouta l'intervention de l'administration et l'influence des premières diplômées. Dans les familles, on assiste à deux rapports différents à l'école. D'un côté les pères, travaillant surtout dans l'administration française (les filles d'agriculteurs ne représentent que de l'échantillon), voient dans l'école le moyen de promotion et de prestige social et sont donc favorables à l'entrée de leurs filles à l'école. [...]
[...] En 1944, un nouveau nom est donné : Ecole africaine de médecine et de pharmacie. On assiste à deux modifications : le certificat d'études devient obligatoire et la visite médicale doit être faite par un médecin européen. Les filles se présentent en fin de 4ème (après 3ans d'études). La multiplication des candidatures donne lieu à un renforcement de la sélection marque un tournant avec la création d'une école de sages-femmes indépendante (suppression du rattachement à l'Ecole de médecine). Certaines poursuivent leurs études en France afin de devenir sage-femme d'Etat. [...]
[...] La majorité des filles ne choisissent donc pas cette formation au profit de l'école de médecine. Une politique volontariste se met en place et vise à inscrire d'office les Africaines à l'Ecole Normale si elles sont trop jeunes et trop intelligentes pour devenir sage-femme Par exemple, Mariama Bâ (future romancière) est obligée d'aller à l'Ecole normale, car elle est jugée trop intelligente L'administration et G. LE GOFF, directrice de l'Ecole Normale, sont contre cette fuite de cerveaux en école de médecine et mettent en place des arrêtés visant à stopper ce processus. [...]
[...] Dans un troisième temps, Pascale Barthélémy s'intéresse aux parcours de ces jeunes Africaines nouvellement diplômées. Une fois leur scolarité achevée, les sages-femmes et les infirmières-visiteuses sont envoyées sur l'ensemble du territoire de l'AOF pour répondre aux besoins des populations locales : Les affectations : tu pars là où on te lance Ces dernières se retrouvent bien souvent dans une région qui n'est pas celle de leur origine, mais qui garde néanmoins une proximité linguistique. Elles sont envoyées principalement dans des régions proches des littoraux ou sur des lignes de chemin de fer, soit dans des zones fortement urbanisées. [...]
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