Karl Marx, auteur allemand (1818-1883), reste dans l'imaginaire collectif comme étant l'auteur du célébrissime Manifeste du Parti Communiste, et créateur de la Ière Internationale. Le 18 brumaire de Louis Bonaparte rassemble des articles écrits par Marx en 1851 et 1852 et publiés par la revue new-yorkaise La Révolution, et s'intéresse aux mécanismes politiques sociaux et économiques ayant abouti à l'arrivée au pouvoir de Louis Bonaparte en décembre 1851, après 3 années d'une 2nde République malmenée.
Marx, célèbre historien, a donc porté son regard sur un évènement lui étant contemporain, faisant fi de tout recul qui à première vue pourrait paraître nécessaire à une étude d'un évènement aussi complexe. Le titre même de son œuvre nous invite d'emblée à réfléchir sur les similitudes qu'il peut y avoir entre le coup d'Etat ayant porté Napoléon Bonaparte au pouvoir en 1799 et celui du 2 décembre 1851 ayant emmené au pouvoir son neveu.
[...] Deuxième grande approche de Marx, celle de la lutte des classes se veut centrale dans les mécanismes de l'évolution d'une société. En mettant en exergue les rapports dominants/dominés, Marx n'a de cesse de voir les évènements comme résultant des affrontements entre différents membres d'une société regroupés en catégories productives, qu'il s'agisse des petits- bourgeois, des paysans, du prolétariat, ou des royalistes. On voit bien ici l'influence d'un Marx économiste, qui caractérise la population non pas comme un ensemble d'individus, mais comme une opposition de classes. [...]
[...] De plus, on ne peut totalement occulter le fait que cet ouvrage de Marx est avant tout un ouvrage politique et non scientifique, dans la mesure où la neutralité nécessaire à une étude qui se veut scientifique n'est absolument pas observable dans Le 18 brumaire de Louis Bonaparte. Les exemples sont légions, et notamment à propos de la personne même de Louis Bonaparte, qualifié de "Crapulinsky" par exemple. Il en va de même pour l'Assemblée nationale, dans laquelle les débutés sont accusés par Marx de "crétinisme parlementaire", s'étant tout d'abord désolidarisés du peuple, et se trouvant donc à la merci de toutes les décisions d'un Bonaparte qualifié pourtant originellement de "faible". [...]
[...] Dans Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, on observe bien que tout n'est qu'une question de classes productives, allant du prolétariat (base de la société selon Marx) aux royalistes (grands propriétaires fonciers ou grands industriels), le prolétariat, majoritaire, étant ouvertement dominé par l'ensemble des autres classes qui refusent de voir disparaitre les avantages dont ils jouissent depuis bon nombre de décennies, voire de siècles pour certains. Le coup d'État du 2 décembre 1851 concrétise l'abandon des prérogatives politiques de la bourgeoisie loi du 31 Mai 1850 fut le "coup d'État" de la bourgeoisie"), au profit de la conservation de ses avantages économiques. Bonaparte s'est appuyé sur la loi abrogeant le suffrage universel pour faire naitre dans la population le sentiment que la bourgeoisie parlementaire n'était qu'une usurpatrice, au service de ses propres intérêts. [...]
[...] Marx décrira donc comment le prolétariat s'est vu usurper le pouvoir par "les anciennes puissances", trouvant un appui de taille chez les paysans et les petits bourgeois, puis la façon dont le parti de l'ordre a transformé la République en un fantôme de monarchie elle n'est que l'infamie combinée de deux monarchies : la Restauration et la monarchie de juillet Thèses développées Les thèses développées par Marx dans ce recueil d'articles sont à analyser en connaissant la conception matérialiste de l'histoire qui prévaut dans la pensée de l'historien allemand. Nous ne ferons pas ici une étude chronologique de l'œuvre comme Marx a pu étudier chronologiquement le déroulement des évènements, mais nous porterons beaucoup plus notre regard sur les conceptions globales qui ressortent du texte. [...]
[...] En revanche, ce même historicisme a été vu par d'autres auteurs comme Louis Althusser comme l'apanage de la pensée hégélienne, Marx s'inscrivant dans une rupture totale avec cela. D'une autre manière, la place centrale accordée aux luttes de classes dans le processus historique a pu être critiquée dans la mesure où ces mêmes classes n'ont pas toujours existé et n'existeront pas toujours. On peut reprocher à Marx de n'avoir pas assez évoqué l'action humaine en tant que telle, mais plutôt de nombreux agrégats de comportements individuels, agrégats qui forment les classes. [...]
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