Dictateur sanguinaire, incarnation du mal absolu, annonciateur des totalitarismes ou simple républicain à la morale inflexible, de nombreux auteurs ont tenté, au travers d'une bibliographie pléthorique, de comprendre les motivations de l'Incorruptible dans sa quête effrénée de la Vertu. Si on peut bien évidemment arguer que l'histoire n'est jamais écrite par un seul homme et qu'observer la Terreur par le seul prisme de Robespierre est réducteur, il n'en reste pas moins que sa vie se confond tant avec l'épisode terroriste que la mort de l'un signe la fin de l'autre.
C'est justement sur les derniers jours de Robespierre qu'a choisi de se pencher Jean-François Fayard. Il plante ainsi en premier lieu le décor de cette France durant le Thermidor de l'An II, une France qui souffre, terrifiée par « Dame Guillotine », une France parfois glorieuse mais aussi parfois vile. Ce cadre permet ensuite de mettre en scène une galerie de portraits des grands acteurs de la Terreur, au travers du terrible triumvirat : St-Just, le théoricien impétueux ; Couthon, le fidèle parmi les fidèles ; Robespierre enfin, l'Incorruptible, l'homme qui signait ses nombreux actes d'accusation en blanc. Mais aucun pouvoir n'étant éternel, sa place à la tête du régime est remise en question progressivement. L'auteur s'attache ainsi à tisser la toile d'un vaste complot fait de suspicion, de peurs et de non-dits. Il cherche de ce fait à comprendre la chute de l'Incorruptible le 9 Thermidor, aussi rapide que surprenante, refermant une des période parmi les plus troubles de l'Histoire révolutionnaire
[...] Il cherche de ce fait à comprendre la chute de l'Incorruptible le 9 Thermidor, aussi rapide que surprenante, refermant une des périodes parmi les plus troubles de l'Histoire révolutionnaire. La France à l'heure de la Terreur Juillet 1794 ou bien Thermidor an II, la situation est semblable : la France souffre. En effet, si les armées révolutionnaires françaises sont victorieuses de l'Europe des princes coalisés c'est au prix d'un terrible effort à l'intérieur. Les pénuries se multiplient et le peuple a faim. [...]
[...] Cette journée marquera à la fois l'apothéose de Robespierre, mais également le début de sa chute. De la tribune à la guillotine Depuis quelques mois en effet, le vent souffle à la Convention. Le tout puissant Robespierre, maître incontesté du Comité de salut public, se heurte de plus en plus fortement à la résistance de ce dernier. La politique drastique de la Terreur est en effet d'autant plus difficile à comprendre et à accepter que les armées révolutionnaires françaises gagnent des batailles dans les Alpes, au Nord et à l'Est, et que l'élan révolutionnaire semble s'installer. [...]
[...] La violence ne poursuit plus ainsi une fin de punition, de châtiment, mais elle trouve sa propre fin en elle-même. La peur diffuse qu'elle entretient dans la population permet d'installer la société dans un climat permanent d'instabilité, première étape du déracinement total de chaque individu que le régime ambitionne de réaliser à terme. Un chapitre revient ainsi, par exemple, sur le cérémonial très codifié du transport des prisonniers de la prison à l'échafaud : la charrette, se déplaçant à faible allure selon les ordres, permet à la fois à une foule en délire d'exprimer une haine quasi-animale, le condamné devenant l'expression personnifiée de l'ennemi objectif mais également d'entretenir chez les citoyens la peur de finir sous le rasoir national Cette nouvelle logique politique préfigure étonnamment les analyses de nombreux penseurs des totalitarismes au XXème siècle, notamment celle de Hannah Arendt. [...]
[...] Le verbe, enfin, voit l'interdiction du vous et du monsieur au profit de l'égalitaire tu et du fraternel citoyen ! De nouveaux mots sont inventés, tel prédicant, désignant un prêtre réfractaire, ou encore canaillarchie, ou le gouvernement de la canaille. Les nombreux exemples concrets qu'apporte Jean-François Fayard permettent ainsi d'ancrer ces concepts théoriques dans un réel parfois grave, mais souvent léger. Pour preuve cette affiche que Chateaubriand aurait placardé sur la porte d'un tavernier : Ici, on s'honore du titre de citoyen / et on se tutoie / Ferme la porte s'il vous plaît. [...]
[...] Sûrement plus au fait des réalités que son ami, il n'exécutera pas l'ordre de destruction de Lyon, après la reddition de la ville insurgée. De même, il sera un des seuls à prendre la vraie mesure des divers complots qui se trament autour de Robespierre durant ce Thermidor de l'an II, alors que l'intéressé se complaît dans un dangereux mutisme. Le citoyen Robespierre en effet, avant même d'être l'incarnation vivante de la Terreur, apparaît comme un esprit coupé du monde réel. [...]
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