1. Deux discours qui traduisent une évolution de la mémoire du génocide en France
2. Le rôle des historiens dans cette évolution
[...] « La France, dit-il, la France, patrie des Lumières et des droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jourlà, accomplissait l'irréparable » . La vérité ne divise pas. Elle rassemble . C'est dans cet esprit que cette journée de commémoration avait été instituée par François Mitterrand, et que, sous le gouvernement de Lionel Jospin, fut créée la Fondation pour la mémoire de la Shoah. C'est sous ce même gouvernement, avec Jacques Chirac, que fut installée la commission d'indemnisation des victimes des spoliations antisémites, dont le but était de réparer ce qui pouvait encore l'être. [...]
[...] L'ouvrage de Robert Paxton La France de Vichy (1973) a depuis longtemps montré l'ampleur de la collaboration du régime de Vichy avec l'Allemagne nazie, notamment dans sa dimension antijuive. Les travaux d'historiens comme Annette Wieviorka ont mis en évidence le processus d'occultation de la spécificité des persécutions subies par les Juifs. Le rôle de l'historien est de produire, à partir des archives et des témoignages, une réflexion, un discours sur le passé selon des critères scientifiques. En cela, il se distingue des individus et des groupes porteurs de mémoires différentes (les résistants gaullistes, les résistants communistes, les rescapés Juifs . [...]
[...] Étude de documents : l'évolution de la mémoire du génocide en France Document n° 1 : La responsabilité de la France dans la déportation des Juifs selon François Mitterrand. « La République, à travers son histoire, a constamment adopté une attitude ouverte pour considérer que les droits des citoyens devaient être appliqués à toute personne reconnue comme citoyen et en particulier les Juifs français. Alors, ne lui demandez pas de comptes, à cette République Elle a fait ce qu'elle devait. [...]
[...] La conclusion du discours va dans ce sens : Citation 10 Pour conclure, ces deux documents illustrent l'évolution de la parole officielle de la République française sur la question de sa responsabilité dans la déportation des Juifs de France. Le discours de François Mitterrand est révélateur d'une conception qui a perduré jusqu'au milieu des années 1990 : le régime de Vichy n'étant pas la République française, cette dernière n'a pas à assumer les actes commis entre 1940 et 1944. L'historien Henry Rousso utilise la notion de « syndrome de Vichy » pour expliquer la difficulté à sortir de l'ambiguïté en raison du traumatisme engendré par l'occupation. [...]
[...] En effet, il renouvelle la reconnaissance de la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs de France : il évoque ainsi citation 5 et l'implication de citation 6. Il nie donc la thèse selon laquelle le régime de Vichy serait une parenthèse échappant à la continuité républicaine, même s'il rappelle que la France demeure « la patrie des Lumières et des droits de l'Homme » : citation 7 « la vérité, c'est que ce crime fut commis en France par la France ». [...]
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