Procès de Franfort, nazisme, Procès d'Auschwitz, République démocratique allemande, République fédérale d'Allemagne, guerre froide, URSS Union des Républiques Socialistes Soviétiques, blocus de Berlin, Konrad Adenauer
La ville de Francfort a été choisie pour le déroulement du procès en raison de sa position géographique qui s'explique par un contexte géopolitique particulier. Le Monde est plongé dans la Guerre froide depuis bientôt 20 ans et l'Allemagne est divisée en 4 zones d'occupation, tout comme sa capitale, Berlin : à l'Ouest, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ; à l'Est, l'URSS. Suite au blocus de Berlin de juin 1948 à mai 1949, les deux blocs décident de créer deux États : à l'Ouest, la RFA et à l'Est, la RDA. Les tensions entre les deux blocs sont à leur maximum lors de la création du mur de Berlin en 1961.
[...] Une légende confortable qui permet de passer sous silence les 7,9 millions de membres du NSDAP de 1940 à 1945. L'Allemagne ne se considère pas comme réellement prête à affronter la reconnaissance de sa culpabilité dans l'organisation et la mise en exécution de ces crimes et tente de privilégier une certaine unité du peuple Allemand sous l'égide de la renaissance économique et de la reconstruction. Des procès à l'encontre d'officiers commandant les einsatzgruppen avaient bien eu lieu, mais malgré le fort intérêt public que ces derniers avaient suscité, l'État reste hostile à la tenue de procès qui mettent en cause la responsabilité de l'Allemagne dans les crimes commis durant la Seconde Guerre Mondiale. [...]
[...] En effet, le chancelier de l'époque, Konrad Adenauer prônait la réintégration massive des Allemands pour tenter de faire oublier au peuple la période du nazisme. Ainsi, durant les années 1950, la justice ouest-allemande avait pour mission de juger essentiellement des assassinats commis sous le IIIe Reich, ce qui explique cette occultation partielle des crimes nazis en RFA. Ce n'est seulement qu'après la fin des années 50 que l'opinion publique se rend compte que de nombreux crimes nazis restent impunis et qu'il est primordial de les juger pour mettre en lumière les massacres perpétrés par le régime durant la Seconde Guerre Mondiale. [...]
[...] Ce procès permet de juger collectivement les prévenus qui ont tous un rapport avec le génocide des Juifs et des Tziganes. En voici quelques uns : Robert Mulka, adjoint du commandant du camp d'Auschwitz ; Emil Bednarek, un kapo (personne chargée d'encadrer les prisonniers dans les camps de concentration nazis) ; Hebert Scherpe, chef d'une organisation paramilitaire du nazisme ; Johann Schobert, homme politique ; et Hans Stark, homme de la Gestapo. Mentionnons qu'un autre prévenu devait être jugé lors de ce procès : il s'agissait du commandant du camp d'Auschwitz, Richard Baer, qui meurt durant sa détention. [...]
[...] À ce titre, il a une portée symbolique majeure et participe à réhabiliter la Justice Allemande. La RFA prouve au Bloc de l'Ouest qu'elle ne constitue pas un Eldorado pour les anciens nazis et que ces derniers peuvent y être jugés. Cette démonstration de la fin de l'impunité est corroborée par le poids du procès et son influence sur la décision de 1965 du Bundestag de repousser les délais de prescription sur les homicides perpétrés durant le IIIe Reich, de 1933 à 1945. [...]
[...] Le procès de Francfort ne se serait jamais déroulé sans la plainte déposée au printemps 1958 par un particulier visant l'un des futurs prévenus, l'adjudant-chef Wilhelm Boger. Suite à cet événement et en vertu de ses compétences, le parquet de Stuttgart est chargé de l'instruction, suivi de l'Office central de Ludwigsburg la même année. Evidemment, l'affaire ne s'arrête pas là. En Janvier 1959, Fritz Bauer, le procureur général du tribunal de Francfort, reçoit des documents authentiques prouvant les meurtres ciblés de détenus d'Auschwitz par les SS. [...]
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