Partie d'un mémoire sur les pratiques matrimoniales en Grèce durant l'époque classique et hellénistique
[...] C'est sur la question du bâtard, l'enfant né d'un parent non-citoyen, le nothos. À Athènes, ce dernier est considéré comme un xenos et n'a pas de statut particulier, contrairement à Cos, où le nothos pouvait revendiquer être le bâtard d'un citoyen reconnu par la cité. Il pouvait en cela trouver certains droits et devoirs alloués aux citoyens. La tendance à l'endogamie est donc celle qui reste la plus véritablement ancrée dans les usages. Mais il s'agissait là surtout de mesures conservatrices motivées par la structure même de la cité, comme dans les cas de cités portuaires. [...]
[...] Les pratiques différaient donc en fonction des législations de chaque cité. Par rapport à ces cités, le cas de la considération des étrangers à Sparte est particulier. Cette cité pratiquait la xénélasie, c'est-à-dire qu'elle refusait et expulsait systématiquement les étrangers qui pouvaient potentiellement habiter Sparte. Mais le territoire lacédémonien, paraissant particulièrement soumis aux Spartiates semble avoir déjà été en prise aux problèmes démographiques. Ils ont donc vraisemblablement dû composer avec les Spartiates, pour ne pas déformer les structures préexistantes. Mais force est de constater que les traces d'étrangers y sont plutôt très rares. [...]
[...] C'est donc là la principale fonction du mariage : se reproduire et produire des membres du corps civique. Cette nécessité est liée à l'obligation qu'a la femme de rester fidèle à l'époux. Et ce, car sinon la légitimité de la naissance de l'enfant n'est pas assez sûre et peut remettre en doute la citoyenneté de l'enfant. Mais enfin, qu'est-ce qui semble motiver le choix de l'époux dans les mariages en Grèce ? Nécessairement, en Grèce antique comme beaucoup ailleurs, les mariages se font bien peu par inclination et par attirance affective ou physique. [...]
[...] Leurs mariages et leurs enfants n'ont jamais pu être reconnus juridiquement. Mais elles deviennent le symbole des transformations de la société, pouvant sortir librement, parler aux hommes comme leurs égaux, manier l'argent comme eux etc. et représentent l'inversion des pôles civiques : à ce compte-là, la femme n'est plus que passive et reléguée au second plan de la société. À côté des courtisanes, les autres femmes de la société étaient donc les citoyennes, les femmes de riches métèques, non courtisanes mais en tout semblables aux citoyennes par leur condition, et les esclaves, elles, souvent cantonnées à la domestication, et difficilement affranchissables. [...]
[...] Cela se manifeste par les verbes qui disent l'acte de se marier. Dans l'Iliade, « se marier » veut presque systématiquement dire « prendre pour femme ». La femme n'a pas le choix du mari, ne peut pas « prendre pour époux ». Aucun verbe renvoyant au mariage n'a pour sujet le nom de la femme, ou sinon, il est employé à la voix passive. Elle se cantonne donc à un rôle purement passif. Les mots pour la dire sont aussi assez révélateurs : l'épouse est la plupart du temps désignée comme la « compagne de couche du mari » (en grec ἄλοχος, ἄκοιτις ou PIαράκοιτις). [...]
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