La Monarchie de Juillet, seconde monarchie constitutionnelle de l'histoire française, débute et s'achève par une révolution. Elle voit le jour en 1830 après l'insurrection des Trois Glorieuses (27, 28 et 29 Juillet) qui pousse Charles X à abdiquer. Le peuple avait alors défendu et payé par le sang la défense du parlementarisme, de la presse, de l'espace public. Il ne voulait plus d'un Roi « rentré dans les fourgons de l'ennemi ». La Monarchie de Juillet, née de cette révolution, devrait en principe être teintée de toutes ces valeurs. Pourtant, c'est bien le peuple qui, dix-huit ans plus tard, forme le gros de l'insurrection de février 1848. Il semble y avoir là un paradoxe historique, un divorce entre l'origine du régime et sa chute. Armand Carrel, écrivain et cofondateur du National, journal d'opposition, utilise l'expression de « royauté de la rue » pour évoquer la Monarchie de Juillet. Dans les conditions décrites précédemment, on peut se demander dans quelle mesure cette expression relève du domaine de l'ironie ou de la description d'une réalité, où la rue détermine fondamentalement la royauté, voire est le souverain véritable du régime.
La rue, c'est-à-dire le peuple et l'opinion publique, sont présents à sa naissance mais celui-ci n'en est peut-être pas pour autant favorable à la rue. Cette dernière reprend le dessus en mettant fin au régime.
[...] Car derrière ses premières prétentions, la Monarchie de Juillet est plus une révolution confisquée par les bourgeois qu'un régime populaire. Le pouvoir politique est très largement entre les mains de la France des notables, ce que le régime va rapidement assumer. Les députés se refusent dès l'été 1830, de faire résider la souveraineté dans le peuple. François Guizot a cette vision emblématique que le gouvernement des bourgeois, aisés donc éduqués, est le meilleur qui soit. Le peuple doit faire son éducation avant tout pouvoir politique. [...]
[...] C'est peut-être plus la défection d'une partie de la bourgeoisie que le soulèvement populaire qui sapa le régime. Les Républicains et le peuple, frustrés de leur première victoire, ne laisseront pas échapper la seconde, et la République de février 1848 ne prit pas de demi-mesures. [...]
[...] La Monarchie de Juillet est une royauté confisquée à la rue. Née d'une révolte populaire habilement canalisée par la classe bourgeoise, et même si elle se pare des couleurs nationales, elle est d'abord un régime de notables, pour les notables. L'indifférence du gouvernement aux difficiles conditions de vie du petit peuple est caractéristique de la période. Le régime fut-il à la merci de la rue ? Ce n'est que partiellement vrai : les gouvernements conservateurs mataient durement, mais efficacement les rébellions. [...]
[...] La Monarchie de Juillet fut-elle une monarchie de la rue ? La Monarchie de Juillet, seconde monarchie constitutionnelle de l'histoire française, débute et s'achève par une révolution. Elle voit le jour en 1830 après l'insurrection des Trois Glorieuses ( et 29 Juillet) qui pousse Charles X à abdiquer. Le peuple avait alors défendu et payé par le sang la défense du parlementarisme, de la presse, de l'espace public. Il ne voulait plus d'un Roi rentré dans les fourgons de l'ennemi La Monarchie de Juillet, née de cette révolution, devrait en principe être teintée de toutes ces valeurs. [...]
[...] Le régime est donc ambigu dès sa naissance. Pourtant cet état de faits, renversement par rapport à ce qui est envisageable avant l'investiture du Roi, n'efface en rien le coté populaire de cette investiture. Louis-Philippe reste durant tout son règne le roi des barricades Une contradiction entre révolution et instauration d'une monarchie, toute constitutionnelle soit-elle, existe tout au long du régime. Les légitimistes s'en servent sans cesse pour remettre en cause la légitimité de Louis-Philippe. Ce roi, dont le pouvoir s'origine dans la violence (800 morts et entre 3000 et blessés lors des Trois Glorieuses), n'est à leur yeux qu'un traître à la monarchie qui a usurpé le trône du fils posthume du duc de Bordeaux, Henri V. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture