1966, Islam et capitalisme, Maxime Rodinson, Religion, évolutions économiques, monde musulman, capitalisme, XXe siècle, retard économique, Guerre froide
Poser la question de la compatibilité et des influences mutuelles d'un modèle économique, le capitalisme, et d'une religion, l'islam, constitue sans doute une mise en relation particulièrement intéressante : parce que; théoriquement, l'un et l'autre ont vocation à définir l'organisation de la société et les liens unissant ses membres, mais aussi dans la mesure où, dans la pratique, la question a pu se poser au cours du XXe siècle, d'une possible incompatibilité de la seconde avec le premier. Une question qui reste d'ailleurs d'actualité aujourd'hui, alors que nombre de pays musulmans cherchent toujours leur voie économique et politique, et que la place de l'islam et des religions en général dans la société pose plus que jamais question bien au-delà du monde musulman.
[...] Si alors évoquer l'influence négative de l'islam sur le développement du capitalisme (et donc, de l'économie) peut constituer une lecture simple et confortable, Rodinson aura vocation à démontrer qu'il n'en est rien, et à prouver son hypothèse par des aspects plus pratiques liés à l'histoire et au contexte économique. C'est en ce sens qu'au travers de l'oeuvre de Rodinson et de l'analyse des termes et des faits qu'il évoque, nous verrons en quoi l'islam n'aurait en principe porté qu'un rôle limité voire nul dans les évolutions économiques qu'a connues le monde musulman, et en quoi une approche historique et politique de la spécificité des sociétés musulmanes appairait plus légitime pour analyser cette question . [...]
[...] Islam et capitalisme - Maxime Rodinson (1966) - En quoi l'islam n'aurait en principe porté qu'un rôle limité, voire nul dans les évolutions économiques qu'a connues le monde musulman ? Analyse de livre Introduction Poser la question de la compatibilité et des influences mutuelles d'un modèle économique, le capitalisme, et d'une religion, l'islam, constitue sans doute une mise en relation particulièrement intéressante : parce que; théoriquement, l'un et l'autre ont vocation à définir l'organisation de la société et les liens unissant ses membres, mais aussi dans la mesure où, dans la pratique, la question a pu se poser au cours du XXème siècle, d'une possible incompatibilité de la seconde avec le premier. [...]
[...] Aujourd'hui, d'ailleurs, le degré de développement - du développement humain au développement "capitalistique" - diffère tellement d'un pays à l'autre que poser l'hypothèse d'un obstacle de l'islam au développement relèverait; bien plus qu'en 1966, d'une méconnaissance flagrante du monde musulman. Pour finir, Rodinson part de ses constats pour appuyer sa théorie, sur laquelle nous nous devons également de revenir, de la faiblesse de l'idéologie religieuse, fut-elle celle de l'islam, face aux forces des luttes sociales des populations pour bénéficier des avantages économiques possibles - une lecture proche du marxisme à laquelle Rodinson reviendra dans "Marxisme et monde musulman" tant elle est loin d'être dénuée de sens. [...]
[...] Un retard économique qui serait d'abord dû à des facteurs historiques C'est ainsi que Rodinson propose par la suite une autre lecture des causes de la différence actuelle de développement du système économique entre l'Occident et le monde musulman: plus que religieux, des facteurs historiques plus conjoncturels auraient eu un certain impact sur l'évolution des sociétés. S'il est acceptable de penser que le capitalisme a pu, à un moment donné, se développer de manière accélérée en Occident, avant que celui-ci n'influe sur les pays musulmans, ces derniers n'auraient, finalement, à aucun moment tenté d'en limiter la portée - et surtout pas au nom de l'islam; allant même jusqu'à, dans certains cas, agir en contradiction flagrante avec les principes effectifs de l'islam, comme le firent les ministres de la religion de l'Empire ottoman au XIXème siècle, recevant de par leur position des rentes à fort intérêt. [...]
[...] Il serait particulièrement intéressant de s'interroger au cours des prochaines années sur la place de l'islam ou plus vraisemblablement des inégalités sociales comme facteur des révoltes que vit aujourd'hui le monde musulman, de la Révolution de Jasmin qu'a connue la Tunisie en 2010 aux manifestations en Iran de la fin de 2017. Trop récents pour bénéficier d'une analyse historique, et parfois inachevés, ces mouvements semblent illustrer pourtant, bien souvent, une lassitude des populations, très majoritairement croyantes, à une utilisation de l'islam pour justifier un retard économique et politique de leurs pays et à une persistance des inégalités par l'utilisation abusive de principes qui appartiendraient au passé, plus qu'à une remise en cause des principes et de la place de l'islam. [...]
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