L'évocation du terme « banlieue » appelle aujourd'hui de façon quasi systématique un débat polémique. Qu'en était-il quand la banlieue s'est développée sous sa forme actuelle au lendemain de la guerre ? On constate en tous cas qu'en 1991, à l'Assemblée nationale, le débat sur une « crise » des banlieues fait rage, divisant l'hémicycle entre droite et gauche.
Où se situe alors le problème des banlieues ? Depuis quand l'amalgame entre « banlieues » et « problème », ou même encore entre « banlieues » et « crise », s'est banalisé ?
Cette association d'idées exclut ainsi le cas des banlieues aisées. Alors qu'elles aussi sont localisées en périphérie des villes, la stigmatisation problématique se limite aux banlieues populaires. Les sciences humaines font alors souvent le choix de se focaliser sur ces dernières : les banlieues aisées ne constituent pas, à elles seules, un objet d'étude. C'est donc dans cet état d'esprit que nous choisissons de les exclure de notre réflexion.
Définir la banlieue n'est plus aussi simple qu'auparavant. Elle désignait autrefois la partie d'une agglomération urbaine extérieure aux limites administratives de la « ville-centre ».
Ainsi dès le début, la « banlieue » (le « lieu du ban ») est un mot négatif. Le ban est un territoire d'une lieue autour de la ville, soumis à l'autorité du suzerain. Il désigne rapidement le territoire de l'exclusion, de la relégation et de la marginalisation.
De plus, le terme de banlieue s'alourdit de considérations péjoratives : depuis longtemps, la qualité de « banlieusard » est plus attribuée que revendiquée, et elle comporte une connotation de distance sociale autant que spatiale.
Aujourd'hui, on insiste sur les liens de dépendance avec le centre, notamment en matière d'emplois et d'activités.
Progressivement, une nouvelle définition de la banlieue s'impose donc dans le langage courant, celle de territoires connaissant de graves difficultés économiques et sociales, caractérisées par l'action des politiques publiques.
Néanmoins, il faut savoir que l'actuelle phase de misère sociale, et la clairvoyance avec laquelle on l'envisage, fait suite à une phase d'enthousiasme pour ces grands ensembles, modernes dans la période d'après guerre, qui constituent l'habitat des banlieues populaires.
Comment expliquer cette évolution qui, depuis cinquante ans, tend vers une dégradation globale de la situation des banlieues françaises ?
[...] Au début des années 1970, les problèmes des grands ensembles commencent à inquiéter les pouvoirs publics : c'est l'époque de la circulaire Guichard (1973) qui met un coup de frein aux ZUP. Mais il faudra attendre les années 1980 pour que le thème des banlieues apparaisse réellement dans l'agenda politique. II. Le tournant des années 1980 L'illusion d'une solution : la politique de la ville On peut qualifier les années 1980 de période charnière dans la mesure où sont mises en place à ce moment les politiques de la ville amorcées dans les années 1970. [...]
[...] C'est la raison principale qui amène une dégradation constante de la condition des femmes en banlieue, évoquée plus haut. Et la réponse à cette intensification des violences, résultat d'un défaut d'engagement de l'Etat, ne semble pas être apportée par le haut (par l'Etat), mais par la base avec la création de nombreux collectifs, comme par exemple celui de Ni putes ni soumises (évoqué plus haut) parmi les plus récents, ou encore l'association Déclic créée en 1995 et particulièrement influente dans les années 1990, pour lutter contre les discriminations raciales et le mal être en banlieue Même si l'Etat crée des organismes qui ont aussi pour but de trouver des solutions à ces problèmes, comme la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (la HALDE, 2004), le biais associatif reste l'acteur de premier ordre pour soulever les problèmes des banlieues et proposer des solutions innovantes. [...]
[...] Les contraintes techniques (qualité des sols, division du parcellaire, chemin de grue) et la recherche du moindre coût foncier conduisent à bâtir selon les opportunités, sans cohérence urbanistique, sur des espaces déjà enclavés par les infrastructures des villes ou par les services rejetés en périphérie (décharges, terrains de stockage, cimetières Le devenir des cités dépend aussi de l'adéquation de la nouvelle population avec la ville d'accueil. Si le programme est désiré, l'intégration se passe bien. Sinon, des barrières symboliques s'élèvent et nourrissent le sentiment d'exclusion. Le traumatisme démographique est souvent lourd : à Sarcelles, Grigny, Chanteloup, Vénissieux, la population quadruple en vingt ans à peine. [...]
[...] Parmi les mesures phares du début des années 1980, on peut relever les deux suivantes. En 1981-1982 après des troubles importants dans la banlieue lyonnaise à Vénissieux, sont mis en place les programmes DSQ de développement social des quartier suite à un rapport de M. Dubert-Dubedout, maire de Grenoble. En 1982, les zones d'éducation prioritaire (ZEP) sont lancées par Alain Savary, ministre de l'éducation nationale. L'aménagement et la gestion des villes relèvent principalement du pouvoir municipal, surtout depuis les lois de décentralisation de 1982. [...]
[...] Au début des années 1990, le bilan des politiques de la ville mises en place jusqu'alors semble être mitigé, voire même décevant. A. Une dégradation socio-économique de la situation en banlieue Le premier choc pétrolier de 1973 et la récession économique qui l'a suivi constituent un tournant dans les politiques d'immigration des Etats de l'Europe du nord ouest. Alors que, pendant la phase de croissance les entreprises et les gouvernements faisaient venir de la main d'œuvre des pays méditerranéens, les flux d'immigration sont brutalement coupés. [...]
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