Il s'agit d'une analyse du film Apocalypse Now, l'objectif étant de montrer en quoi ce film est représentatif de l'évolution de la société à la fin des années '60 début des années '70.
[...] La contre-culture, et la frustration de la société et de la jeunesse qui s'y trouvaient exprimée, semblent finalement n'être dévaluée qu'en pop culture mercantile et n'ayant que pour but de divertir. Dans la scène qui lui fait suite, l'hymne à la frustration des Rolling Stones « I Can't Get Satisfaction » se voit utilisé lors d'une parenthèse insouciante où les compagnons de Willard font du ski nautique et dansent, oubliant provisoirement les atrocités de la guerre, mettant en évidence la schizophrénie de ces jeunes soldats « dilettantes dans la guerre et touristes au Vietnam », impuissants tant que « la bière froide, la nourriture chaude, le rock'n'roll et autres commodités » leur seront fournies. [...]
[...] En quelques plans, quantité d'images se surimpriment dans l'esprit : au premier plan, celles de la guerre du Vietnam qui s'est terminée quatre ans avant la sortie du film, mais aussi, par l'intermédiaire de la chanson (qui date de 1967), celles de la contre-culture et des mouvements contestataires qui l'ont accompagnée et dont les Doors constituent un symbole tragique avec la mort par overdose de Jim Morrison à Paris en 1971. « This is the end/ Beautiful friend / This is the end/ My only friend » chante Morrison. [...]
[...] Apocalypse Now de Francis Ford Coppola s'ouvre par une séquence où l'on voit d'abord un paysage de palmiers, sur lequel s'égrènent quelques notes de guitare appartenant à « The End » des Doors. Quelques secondes plus tard, des hélicoptères envahissent le plan et le paysage se trouve brutalement ravagé par le napalm, en proie aux flammes et recouvert de fumée. En surimpression, à gauche de l'écran, apparaît le personnage principal, le Captain Benjamin L. Willard, incarné par Martin Sheen, en sueur sur un lit, fumant une cigarette. [...]
[...] Il n'en reste pas moins que, de manière ambiguë, l'effet reste ironiquement galvanisant ou « fun », ce qui explique pourquoi la scène a tant marqué les esprits. Le son de la musique, même si on y entend par intermittence celui des pales des hélicoptères, est censé provenir des transistors qui se trouvent à bord, mais ce n'est pas un son naturaliste car il finit par recouvrir tout l'espace sonore, abolissant la frontière entre les sons du film et ceux qui lui sont extérieurs, et prolongeant encore cette expérience hallucinatoire annoncée dès les premières secondes du film. [...]
[...] La dimension paradoxale et novatrice d'Apocalypse Now tient en ce qu'il présente l'horreur de la guerre en en exagérant sa dimension hallucinée, comme passée au prisme de la culture psychédélique des années 60. Le film se veut l'équivalent d'un gigantesque trip au LSD qui joue, en même temps qu'il en fait la critique, de son aspect spectaculaire. Le film reste, par exemple, gravé dans la mémoire collective pour une scène en particulier, celle de l'attaque en hélicoptères sur fond de chevauchée des Walkyries de Wagner, qui se termine par la fameuse réplique « J'aime l'odeur du napalm au petit matin ». [...]
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