Du 17 au 31 octobre 1961 se tient à Moscou le XXIIe Congrès du Parti Communiste soviétique. Durant 14 jours de session, les 4.413 délégués du parti, représentant les 9.716.000 membres et stagiaires se réunissent. Le congrès compte également la présence des délégués de 80 partis frères. À leur tête se trouve le Parti Communiste chinois. Viennent ensuite les délégations des « grands » partis étrangers: France, Italie, Cuba, Indonésie. Enfin, on note une augmentation substantielle dans la représentation des pays du Tiers Monde, avec la présence notable de deux délégations d'Afrique noire (Union sud-africaine et Réunion).
Sous traité dans les chronologies habituelles (on retient plus volontiers la date du XXe Congrès et le rapport secret de Khrouchtchev sur Staline), cet événement est pourtant un fait majeur dans l'évolution des rapports de force entre l'URSS, ses alliés et ses ennemis. Ses implications sont à la fois idéologiques et diplomatiques.
[...] Les relations diplomatiques de l'URSS avec l'Albanie seront rompues en 1962. L'envenimement sino-soviétique De façon similaire, la détérioration avec la Chine est antérieure à 1961. Elle commence véritablement lorsque la Chine de Mao s'engage dans le Grand Bond en Avant, et affirme des vues divergentes à l'URSS dans la construction du socialisme, particulièrement dans la conception de ses rapports de force avec l'Ouest. La Chine préconise la sévérité maximale, alors que l'URSS a déjà entamé le Dégel de ses relations diplomatiques et économiques. [...]
[...] Symboliquement, après un vote à main levée, la dépouille de Staline est ôtée du mausolée de Lénine sur la Place Rouge le 31 octobre en raison de ses crimes et ses répressions de masse contre d'honnêtes citoyens soviétiques et transférée dans une tombe aux pieds du mur du Kremlin. Un mausolée pour les victimes du stalinisme est également construit. Les usines et les villes à la gloire du tyran sont débaptisées : Stalingrad devient ainsi Volgograd. Plus concrètement, Khrouchtchev souhaite ne pas limiter la dénonciation à la seule personne de Staline. [...]
[...] Cette répression effraie certains des cadres du parti (Mikoïan, Kozlov, Souslov, Kossyguine ) qui expriment leur désaccord et préviennent du risque encouru par de nouvelles épurations. De plus, cette initiative ne reçoit pas le soutien de l'opinion publique, encore attachée au petit père des peuples Enfin, Khrouchtchev comprend que sa dénonciation du stalinisme peut se retourner contre lui, et que certains des crimes de son prédécesseur peuvent lui être imputés. Tous ces éléments le conduisent à tempérer son offensive et l'empêchent de procéder à la rénovation complète des membres du Comité Central du parti et du Praesidium. [...]
[...] Conclusion Le XXIIe Congrès du PCUS marque un tournant de la Guerre Froide. La flagrante mise en lumière de divergences aussi bien internes (la direction du parti ne suit pas massivement Khrouchtchev) qu'externes (les alliés de l'URSS rechignent à accepter sa domination) lèse grandement l'image et l'influence soviétiques à travers le monde. Ce recul annonce dans une large mesure l'éclatement de crises futures, visant à restaurer les forces et faire jeu égal avec l'adversaire américain, ce que confirmera quelques mois plus tard l'escalade des fusées de Cuba. [...]
[...] Bibliographie Ouvrage général Jean-Baptiste DUROSELLE, Histoire diplomatique de 1919 à nos jours, Dalloz 1038p Ouvrages spécialisés Nicolas WERTH, Histoire de l'Union Soviétique, Puf 586p Michel LARAN et Jean-Louis VAN REGEMORTER, La Russie et l'ex-URSS, Armand Colin 383p Histoire du Parti communiste de l'Union soviétique, Moscou (nouvelle édition) 826p Recueil de documents Parti communiste de l'Union Soviétique : Congrès et réunions des organes politiques : dossier de presse, Fondation Nationale des sciences politiques. [...]
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