Pour ses velléités libertaires, égalitaires et révolutionnaires, Olympe de Gouges fut guillotinée en 1793, mais elle représente vraiment une figure marquante dans l'histoire des femmes, précurseur des mouvements féministes. On est alors à l'aube du XIXe siècle. Et pourtant, ces revendications ne seront pas écoutées : le XIXe siècle dans son ensemble va soumettre et dénier la femme. Et ce n'est qu'un siècle après la déclaration d'Olympe de Gouges, à la « Belle Epoque », c'est-à-dire à la toute fin du XIXe siècle que la condition féminine en Europe va commencer à s'améliorer. Il aura donc fallu plus d'un siècle pour que soit entendue l'égalité entre hommes et femmes, et encore reste-t-elle très succincte, c'est ce que nous allons voir dans cet exposé. On parle habituellement de la condition ouvrière au XIXe siècle, mais l'on pourrait tout aussi bien parler de condition féminine, ces deux catégories de la population restant marginales. Nous nous interrogerons donc sur l'évolution de la condition féminine en Europe au XIXe siècle, et donc surtout à la « Belle Epoque ». Nous examinerons dans un premier temps la condition précaire de la femme et son institution en tant que sexe faible. Puis nous verrons qu'à la « Belle Epoque » (depuis 1870 jusqu'à 1914) les femmes partent à la conquête de leurs droits, faisant donc partiellement évoluer leur situation.
[...] Les conservateurs, par tradition catholique, comme les progressistes républicains sont contre : aux débuts de la IIIe République, ils veulent fonder l'équilibre du nouveau régime sur l'autorité du père et du mari dans la famille. Jules Simon est connu pour ses incartades machistes : il évoque le respect sacré que la femme doit avoir pour son mari, comme l'enfant pour son père. C'est un pilier de la laïcisation républicaine : l'autorité masculine se substitue au ciment religieux comme socle de la société civile politique. La seule identité politique et sociale possible pour la femme est celle d'épouse et de mère. [...]
[...] Ainsi, Jules Simon dira : L'aiguille n'est-elle pas l'outil féminin par excellence et le tissu, par sa mollesse, la matière même du sexe faible ? Le travail à domicile, voilà la panacée, puisqu'il permet de concilier les devoirs de la femme au foyer et les nécessités de la production. Peu à peu, avec l'industrialisation et en même temps que se développe le travail des enfants, on se rend compte que l'on a besoin des mains fines et agiles des femmes pour certains travaux : dans l'industrie, pour les machines à tisser notamment, dans les mines elles sont affectées au tri. [...]
[...] Dans le régime matrimonial, le mari est l'unique gestionnaire, même du fruit du travail de sa femme. Par ailleurs, les époux se doivent fidélité mutuelle, mais pas au même degré : la femme adultère est passible d'un emprisonnement de deux mois à trois ans, mais l'homme, lui, n'est passible que d'une simple amende, et encore s'il a amené sa concubine au domicile conjugal. En 1832, le viol devient un crime, mais c'est le mari qui est considéré comme étant lésé ! [...]
[...] Par ailleurs, la Belle Epoque voit une certaine libéralisation des mœurs. Le thème du mariage est abordé : les divorciaires revendiquent le divorce par consentement mutuel voire même par la volonté d'un seul. Les libertaires prônent l'union libre et les néo-malthusiens veulent dissocier la sexualité de la procréation. Tout cela crée des scandales dans la société bourgeoise, hypocrite et faussement choquée, puisqu'en parallèle la prostitution prend son essor. Léon Blum, dans son ouvrage de 1907 sur le mariage se montrera favorable à une sexualité prénuptiale pour les couples. [...]
[...] En 1861, la française Julie Daubié est la toute première bachelière. En 1862, Elisa Lemonier crée l'enseignement professionnel féminin. Dès 1865, les universités suisses s'ouvrent aux femmes, attirant des jeunes filles de toute l'Europe. En 1867, Victor Duruy crée les cours secondaires publics pour filles. Ces progrès dans le domaine de l'éducation annoncent peut-être une ouverture de la scène politique aux femmes. Toutefois, la Constitution de la IIIe République confirme la privation de droits politiques pour la femme, augmentant et radicalisant ainsi les revendications féministes. [...]
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