La carrière politique de Winston Churchill commence en 1900 en tant que député conservateur. En 1924, il est chancelier de l'Echiquier et provoque une crise grave en prônant le retour à l'étalon-or. Il est écarté de la scène politique de 1929 à 1939. Il revient au pouvoir en étant bien conscient du danger que représente l'accès de Hitler au pouvoir. De 1940 à 1945, il préside le Cabinet de coalition. Il perd les élections de 1945, mais de 1951 à 1955, il reconquiert le pouvoir.
Winston Churchill veut utiliser après la guerre sa stature d'homme d'Etat mondial pour faire entendre ses idées sur l'unité européenne qu'il a déjà mûries pendant la Seconde Guerre mondiale et même avant. Au fil des discours et des actes politiques, sa conception de l'Europe révèle peu à peu ses ambiguïtés.
[...] Il ne s'en explique pas devant le Conseil de l'Europe, ce qui provoque sa crise. Cependant Churchill veut réarmer l'Allemagne et suit les Etats-Unis qui eux soutiennent la CED. Il pousse alors les Français à ratifier la CED sans y inclure son pays. Cependant, lorsque le projet est rejeté à l'automne 1954, il accepte de rentrer dans la CECA au sein de l'Union de l'Europe Occidentale, de manière à permettre à l'Allemagne d'être réarmée sous contrôle des grandes puissances et intégrée à l'OTAN. [...]
[...] L'une des conséquences du retentissement de ce discours est la multiplication des mouvements pan européens, dont celui du gendre de Churchill, Duncan Sandys : le United Europe Movement, fondé en 1947. Président d'honneur du Congrès de La Haye en mai 1948, Churchill appelle à une unification européenne à la fois politique, même au prix de quelques concessions à la souveraineté nationale, mais aussi économique avec l'OECE et militaire avec l'OTAN. Il est aussi président d'honneur du Mouvement Européen créé en 1948 à Bruxelles qui rassemble les organismes en faveur de l'unification européenne. [...]
[...] Churchill réagit en février 1930 dans The Saturday Evening Post : not the United States of Europe?”. Selon lui, la Grande-Bretagne a intérêt à la stabilité de l'Europe mais non à en faire partie. Au cours d'un discours à la radio le 21 mars 1943, Churchill évoque déjà la mise en place d'un Conseil de l'Europe En mai 1943, il envisage devant le Congrès américain la constitution d'un Conseil mondial suprême qui comprendrait trois organismes régionaux, l'Europe, l'Amérique et le Pacifique. [...]
[...] Ainsi, Churchill semble opter pour une Europe tournée vers les Etats- Unis. L'une de ses dernières décisions en tant que premier ministre consiste à refuser de participer aux travaux préparatoires du Marché Commun en 1955. Il n'en reste pas moins qu'il demeure l'un des pères spirituels de l'Europe en 1945 et que son engagement pour la participation de l'Allemagne à l'Europe a donné un moteur à la construction de l'unité. [...]
[...] Mais il pose à cette construction de sérieuses limites Lors d'une rencontre avec De Gaulle le 4 juin 1944, Churchill déclare : Chaque fois qu'il nous faudra choisir entre l'Europe et le Grand Large, nous serons toujours pour le Grand Large Certes, l'aide matérielle et financière que les Etats-Unis ont fournie au Royaume-Uni durant la Seconde Guerre mondiale engendre un profond sentiment de reconnaissance chez Churchill. Mais il y a plus : il est sensible à tout ce qui concerne la communauté de civilisation des pays anglophones. De plus, les Etats-Unis apparaissent comme les seuls capables de reconstruire l'Europe de telle sorte à en faire un barrage contre les Soviétiques. Churchill approuve donc le plan Marshall et l'OTAN. L'Europe reste pour Churchill un moyen, à savoir un barrage contre les Soviétiques et non une fin. C'est pour cela qu'il refuse d'y intégrer la Grande-Bretagne. [...]
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