Le voyage en Orient au XIXe siècle

Résumé du document

Depuis la fin de la Renaissance, les voyageurs européens s'aventurant dans les pays de la Méditerranée orientale sont de plus en plus nombreux. Le seul nom d'« Orient » a fasciné l'imaginaire occidental depuis les Croisades, en passant par les « turqueries » de Versailles ou les Lettres Persanes de Montesquieu, et cette fascination atteint son paroxysme au dix-neuvième siècle.
Au siècle précédent, les Européens voyagent davantage en Italie ou en Grèce, mais leur horizon s'ouvre à l'extrême fin du Siècle des Lumières avec l'expédition de Bonaparte en Egypte en 1798. Ce pays, et l'Orient en général, deviennent des terres suscitant l'extase et l'émotion. Que désigne le terme « Orient »? A l'époque, le Dictionnaire universel du dix-neuvième siècle de Pierre Larousse dit : « Rien de plus mal défini que la contrée à laquelle on applique ce nom ». Le terme ne s'est imposé qu'en 1835, sous la plume de Lamartine, il était auparavant toujours au pluriel, les Orients, et pouvait dans le premier tiers du siècle être remplacé par le terme de « Levant ». Dans les esprits de l'époque, l'Orient recouvre les terres ottomanes, la Mésopotamie, les Balkans, et certains y incluaient même l'Italie. Il semble raisonnable et juste qu'à l'époque l'Orient soit constitué des pays riverains de la Méditerranée orientale.

Extraits

[...] Le voyage en Orient au XIXème siècle SOMMAIRE INTRODUCTION I. POURQUOI L'ORIENT ? 1. L'Orient mythique 2. Le siècle de l'orientalisme et du colonialisme II. LES CONDITIONS DU VOYAGE 1. Aller en Orient 2. L'aventure orientale 3. La révolution touristique III. [...]

[...] Tout cela est encore plus triste que grotesque. Ca peut bien être plus grotesque que triste Après ces contrées, le périple continue vers le nord et atteint la Turique et Constantinople, la perle de l'Orient La Turquie La capitale ottomane constitue généralement la dernière étape du Grand Tour avec le retour par la Grèce et l'Italie. Cette cité est sans doute celle qui excite le plus l'imagination occidentale. Contrairement à ailleurs dans le voyage, il n'y a pas de vestiges antiques à visiter, mais le fantôme de Byzance est toujours là, l'image du palimpseste est utilisée pour décrire Istanbul comme pour l'Orient entier. [...]

[...] La mort frappe quelques fois les voyageurs, comme ce fut le cas pour la voyageuse néerlandaise Alexine Tinne dans le Sahara, abattue à cause d'un conflit de clan. En ville, pour plus de sécurité, les Occidentaux se vêtirent à l'orientale. Aucune gêne pour les voyageurs qui sont ravis d'incarner un personnage des Mille et une nuits, et car cela leur permet d'être discrets, et d'aller dans les lieux qui leur seraient normalement fermés, comme les mosquées. Cependant un handicap important est celui de la langue. [...]

[...] Cet attrait du monde oriental mythique n'est pas nouveau au dix-neuvième siècle, mais se trouve renforcé par un nouveau courant culturel, celui de l'orientalisme Le siècle de l'orientalisme . Le phénomène culturel orientaliste est lui aussi plutôt difficile à définir. Pour faire simple, nous pouvons dire qu'il s'agit de l'intérêt qu'a suscité l'Orient dans les domaines artistiques, littéraires et scientifiques, d'où découle une vision de l'Orient créée par l'Occident. C'est cette vision créée de toutes pièces qui a façonné l'Orient, création donc des Occidentaux, comme l'explique le spécialiste de l'orientalisme Edward W Saïd dans l'Orientalisme, l'ouvrage qui fait désormais autorité dans la matière. [...]

[...] Voici l'une des justifications que les Européens trouvent pour leur colonialisme. De plus, le mythe oriental joue contre l'Orient, puisqu'il semble arriéré, immobile, en léthargie et vide, ce qui justifie la colonisation, les Européens croyant en l'universalité de leurs systèmes, rendraient ainsi service à l'Orient en le rendant actif. Pour revenir à l'Ancêtre et à l'Autre, l'Occident s'identifie naturellement à Athènes et Rome, qui ont chacune lutté contre l'Orient menaçant, et en ont triomphé, respectivement à Salamine contre les Perses en 480 av. [...]