Le XIX° siècle est un siècle pendant lequel l'Europe toute entière a connu des changements politiques majeurs. Partout, les Anciens Régimes sont mis à mal, que ce soit par des révolutions, ou par des évolutions dans les classes dirigeantes. Un des traits saillants de cette évolution est un vaste mouvement de démocratisation de l'Europe, comme l'avait pressenti Alexis de TOCQUEVILLE, en affirmant que la démocratisation, qu'elle soit un bien ou un mal, de toute façon est inéluctable. C'est ainsi qu'en 1911, Sidney SONNINO, de la droite italienne, invite ses collègues à se préparer à un système politique ouvert, en acceptant le suffrage universel. Il convient tout de même de rappeler qu'au début du XX° siècle, la démocratie ne domine pas encore en Europe.
Dans ce cadre là, la question du vote est essentielle. Comme l'a écrit Pierre ROSANVALLON dans Le Sacre Du Citoyen : « l'élection est à la fois une procédure de légitimation, une preuve de confiance, un système de nomination, un moyen de contrôle, un signe de communion, une technique d'épuration, un opérateur de représentation, un symbole de participation. » Ainsi, au cours du XIX° siècle, les questions concernant le vote occuperont une place importante dans nombre de pays. En effet, aussi bien par le nombre d'électeurs, que par les modalités d'élection ou le rôle réel des élus, le vote est un bon indicateur de la réalité de la démocratisation de l'Europe.
Quelle est donc, au début du XX° siècle, la signification et la portée de l'action de voter dans une Europe qui se veut de plus en plus démocratique ?
Après avoir vu qui sont les électeurs en Europe au début du XX° siècle et la portée de leur vote, nous examinerons comment se réalise concrètement le vote.
[...] Certes, il existe bien un Roi héréditaire, mais ses pouvoirs, au début du siècle, sont très limités. C'est le gouvernement, issu de la Chambre des Communes élue qui détient l'essentiel du pouvoir. Ainsi, alors qu'en Allemagne (ou en Autriche-Hongrie par exemple), les électeurs ne votent que pour désigner un contre-pouvoir à la puissance impériale, les sujets anglais (ou encore les citoyens français ) en votant se prononcent véritablement en faveur d'un projet de gouvernement. Le sens du vote est donc radicalement différent selon que l'exécutif est ou non issu des urnes. [...]
[...] Cependant, s'il semble exister en Europe un mouvement dominant vers le suffrage universel, ce mouvement ne touche pas l'Europe de façon égale. En effet, comme on l'a vu, dans certains cas, il s'impose brutalement, et dans d'autres cas, il est le fruit d'une longue extension du suffrage. Mais il ne touche pas l'Europe de façon égale, aussi dans la mesure où il laisse des oublié(e)s, que ce soit des Etats entiers, ou une part de la population des Etats le pratiquant. [...]
[...] Il faut tout d'abord se demander pour qui les électeurs votent. On peut remarquer que presque partout, sauf en Russie, il existe au début du siècle des assemblées législatives élues, soit au suffrage universel, soit restreint, comme on l'a vu précédemment. Au Royaume-Uni, la Chambre des Communes, qui tend à avoir de plus en plus de pouvoirs, est élue par les sujets du Roi, et ce depuis très longtemps. Mais partout ailleurs, c'est au cours du XIX° siècle ou à la fin du XVIII° pour la France, que de véritables assemblées législatives composées de représentants du peuple sont apparues. [...]
[...] Effectivement, dès lors que l'unité allemande est réalisée, le suffrage universel est proclamé. Etant donné que la révolution de l'unification de l'Allemagne est venue d'en haut, brisant les mouvements venus d'en bas, BSMARCK accorde en contrepartie le suffrage universel. Tous les citoyens allemands âgés de plus de 25 ans peuvent participer aux élections du Reichstag. De même, en Espagne, le suffrage universel est définitivement proclamé en 1890 (après qu'il ait été expérimenté de 1869 à 1876). Cependant, le suffrage universel n'est pas en soi une preuve de démocratisation. [...]
[...] le Maire de Cherbourg enfant du pays, signé R. ouvrier d'industrie Mais au-delà de ces cas, le vote blanc et nul prend parfois une tournure contestataire. C'était le cas lorsque les Irlandais ont voté pour O'CONNEL en 1828, alors qu'il était inéligible, ou alors quand on trouvait en France des bulletins sur lesquels était inscrit à bas la sociale, à bas la républicanaille lorsque la Troisième République a du traverser de graves crises. Ainsi, le vote devient parfois plus qu'un simple moyen d'envoyer des représentants siéger dans une assemblée. [...]
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