Comment vote-t-on en Europe (1850-1914) ?

Résumé du document

L'importance de ces enjeux explique que les revendications concernant le vote aient été si nombreuses et vives partout en Europe entre la deuxième moitié du XIXe et le début du XXe siècle. Les combats pour le vote se sont menés sur plusieurs fronts : celui de l'égalité politique entre les individus, nécessitant d'une part l'extension du droit d'accès au vote et d'autre part le traitement égalitaire des voix. L'autre grande bataille se situe au niveau des garanties entourant la liberté de la pratique du vote.
Par ailleurs, la question « comment » du sujet a un double sens en ce qui concerne le vote. Il s'agit de savoir qui a accès au vote, c'est la question du droit de vote (censitaire, universel). Mais il est nécessaire de comprendre également les modalités concrètes de l'opération de vote, c'est-à-dire les pratiques électorales (bulletin, urne, isoloir). Comme on va le voir, l'un peut réduire les effets de l'autre ; une extension du suffrage ne correspond pas toujours à une démocratisation.
Afin d'examiner la question du vote, nous répondrons à la problématique suivante : dans quelles mesures l'évolution du droit de vote et de ses modalités d'application marque-t-elle un progrès vers la démocratie en l'Europe de 1850 à 1914 ?

Extraits

[...] Le corps électoral est réparti en 4 puis 5 curies. Ce sont des groupes qui élisent chacun un certain nombre de députés, de telle sorte que la population de langue allemande noble et commerçante soit très avantagée. Autrement dit, si suffrage universel il y dans ces deux pays, l'égalité n'est pas à l'ordre du jour et une élite continue d'accaparer le pouvoir le bicamérisme inégalitaire. On en a déjà vu des exemples. En particulier, le Bundesrat, qui est la chambre élue de manière la plus inégalitaire, est pourtant celle qui a le plus de pouvoirs. [...]

[...] En particulier, doit-on faire voter la classe laborieuse ? A côté des partisans de la prudence, il y a eu d'abord le mouvement Chartiste des années 1840 réclamant le suffrage universel masculin. Mais après l'échec du Chartisme, certains ouvriers s'aperçoivent de la nécessité d'organiser leur lutte. C'est pourquoi des association pour le suffrage universel se créent comme The Trade Unionists' Manhood Suffrage and Vote by Ballot Association en 1863. Le débat prend énormément d'ampleur dans les années 1860. Des manifestations importantes en 1866 montrent l'urgence de la réforme. [...]

[...] La première avancée du vote sur le plan national est la due à la défaite contre le Japon et aux révoltes du peuple en 1905 qui contraignent le gouvernement à créer une assemblée législative élue (Douma), pas au suffrage universel, mais presque (domestique, criminels etc. exclut). Mais, la première Douma est dissoute en 1906. Une deuxième encore est élue et dissoute en 1907, et le statut électoral modifié au profit de l'aristocratie conservatrice. Finalement en1907 et 1912 sont élues une troisième et une quatrième douma, toujours pas représentative. [...]

[...] C'est pourquoi M. Lescure a qualifié le cas de la Grande-Bretagne de modernité en trompe l'œil Il faudra attendre 1918, puis 1928 pour que le suffrage soit universel (femmes inclues Je passerais plus vite sur les cas de l'Italie, où malgré un contexte national différent, le processus d'abaissement progressif du cens est similaire Le Cas de l'Italie, évolution lente du droit de vote après l'unification. L'élite politique de l'Italie unifiée se méfie de la démocratie qui favoriserait soit le socialisme soit l'Eglise. [...]

[...] Comment vote-t-on en Europe (1850-1914) ? Peu de pratique sociales ont atteint un tel degrés d'universalité écrit P. Perrineau à propos du vote. Mais qu'est-ce que le vote ? Pour un individu, voter c'est participer à un scrutin et faire un choix. Le vote est l'opération par laquelle des choix individuels se muent en choix collectifs. Il s'agit également de l'expression du consentement à l'autorité légitime. Le vote est l'acte emblématique de la condition de citoyen. (P. Perrineau). [...]