Sous la botte nazie, Vichy franchit une étape en s'attaquant au « péril juif ». Par l'action d'antisémites notoires voués à la cause de l'Allemagne nazie tels que Marion, Laval ou Darquier, Vichy stigmatise, exclut puis déporte les juifs français et étrangers. Le 18 octobre 1940, date de la promulgation du premier « statut des juifs » et le 31 juillet 1944 date du dernier convoi de déportés quittant Drancy pour Auschwitz, sont à eux seuls les symboles du début et de la fin de la politique antisémite de Vichy.
Pour faire accepter l'impensable, pour amener une opinion française profondément attachée à la République et du reste hantée par l'Affaire Dreyfus à accepter ce régime autoritaire et xénophobe, Vichy va user de la propagande d'Etat. À la libération, l'heure est au bilan. En France, 75 000 juifs sur 250 000 sont morts.
En Allemagne, 130 000 sur 200 000 n'ont pas survécu. Comment peut-on expliquer cette « différence numérique » ? Ainsi, comment peut-on expliquer que dans deux pays très proches, la propagande de Vichy ait rencontré beaucoup plus d'obstacles et de réticence au sein de sa population, alors que celle de l'Allemagne nazie a trouvé un fort écho parmi les Allemands ?
Pourquoi la propagande Abteilung a-t-elle fait la remarque suivante : « de tous les peuples défaits, le français est, au point de vue psychologique de la propagande, le sujet le plus difficile à influencer » (Rossignol, 1991)? Pour tenter d'y répondre, je m'aiderai principalement des travaux d'Ellul.
[...] Pétain se pose ici à la fois en véritable père protecteur de la jeunesse mais aussi en chef de la nation. Par cette propagande visuelle, un véritable culte de la personnalité s'instaure envers l'homme qui entend restructurer la société française. Pétain devient image-propagande. L'iconographie le dépeint sous 3 angles qui sont le militaire modèle, le gouvernant au poing serré et le civil, en habits du dimanche, partageant les douleurs des Français (Rossignol, 1991). La Révolution Nationale, qui est son véritable cheval de bataille, est mise en exergue par les affiches de propagande. [...]
[...] Ainsi, dès les années 1920, les juifs étaient victimes d'une propagande acharnée qui les représentait comme des sous-êtres répugnants, haineux, cupides (Wellers, 1973). Ainsi, très tôt la population allemande est éduquée dans le culte de la pureté du sang supérieur et dans l'horreur de la souillure du sang La campagne électorale de 1932 est sans précédent dans l‘histoire de la propagande visuelle: le parti nazi a distribué huit millions de tracts avec pour thème récurrent l'antisémitisme. Les lois de Nuremberg, copiées par Vichy, sont promulguées en 1935, soit six ans avant le premier statut des juifs Ainsi, en Allemagne, il s'est écoulé huit ans entre le début de la persécution des juifs et le début de leur déportation tandis qu'en France, il ne s'est écoulé que deux ans (Wellers, 1973). [...]
[...] Les stéréotypes antijuifs y sont poussés à l'extrême ainsi que la menace juive. Il souligne l'immoralité, la lâcheté, le manque de conscience des juifs. Ces derniers sont décris comme des accapareurs, des profiteurs. En mettant en valeur leur côté malsain, le film a très probablement facilité les persécutions envers eux (Welch, 1983). Le deuxième film est Le juif errant. Il montre tout d'abord la nature repoussante du juif, son environnement- le ghetto- , son expansion sa mainmise sur la sphère financière allemande et enfin sa religion. [...]
[...] En effet, dire que les collaborationnistes Français et antisémites radicaux n'aient pas existé serait mentir. Certains Français profondément antisémites se sont jetés corps et âme dans cette chasse au Juif. Prenons l'exemple de l'IEQJ. Il sera à l'origine de neuf campagnes d'affichage d'envergure entre 1941 et 1942 (Rossignol, 1991). Il s'évertue à prouver que le juif est le fossoyeur de la France. C'est lui qui est à l'origine de l'exposition le Juif et la France que Vichy prendra tout de même sous sa coupe (Rossignol, 1991). [...]
[...] Or les médias de masse font naitre un individu acquis à la cause du groupe. De plus, parce que chaque média à sa propre répercussion sur le public, la propagande doit fondamentalement combiner tous les médias à savoir la radio, la télévision, le cinéma, les journaux et les affiches (Ellul, 1972). Ces médias doivent donc être sujets à une centralisation et doivent être diversifiés. Ellul appelle à une propagande à la fois auditive et visuelle. Enfin, le propagandiste doit créer des monopoles cinématographiques (Ellul, 1972). [...]
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