Violence, citoyenneté, Révolution française, 1789-1899, période révolutionnaire, avancées citoyennes, journées révolutionnaires, idées démocratiques, Commune de Paris
Violence et citoyenneté forment un couple paradoxal. Alors que la violence, entendue comme usage de la force physique ou psychologique pour contraindre, dominer, causer des dommages ou infliger la mort, apparaît comme incompatible avec l'exercice pratique de la citoyenneté, est comprise comme l'état et la qualité du citoyen à qui est reconnu le droit de participer politiquement dans les affaires de la cité. Cet exercice peut se réaliser idéalement dans un cadre pacifié, où aucune violence n'a théoriquement sa place.
Et pourtant, sur la période considérée allant de 1789 à 1899, violence et citoyenneté ont une intrication étroite. En effet, la période révolutionnaire constitue bel et bien un moment où s'affirment à la fois les idéaux citoyens et de nombreuses formes de violence. La violence sert autant à arracher des droits qu'à punir ceux qui s'opposent au nouvel ordre révolutionnaire. Et dès cette époque, la contradiction entre citoyenneté et violence est posée. Elle est donnée en héritage tout au long du XIXe siècle et se recompose à chaque régime.
[...] Ainsi, le 5 et 6 octobre, si c'est bien la disette et la cherté de la paix qui motivent la marche des femmes, les conséquences politiques d'un tel soulèvement vont bien au-delà, puisque le roi est alors forcé de quitter Versailles. De même, ce sont des violences et révoltes qui conduisent à la loi du Maximum sur les denrées alimentaires. Les violences accompagnant ces révoltes n'étaient pas forcément physiques. C'était surtout des actes de vandalisme. Au cours du XIXe siècle, il existe encore des révoltes frumentaires. [...]
[...] C'est dire si le couple entre violence et citoyenneté est fort. Comment l'articulation paradoxale de la violence et la citoyenneté ont ancré un nouvel ordre politique ? La violence comme outil de conquête des avancées citoyennes et son dépassement La violence a été au cœur de bon nombre d'événements de la Révolution Française. De nombreuses journées révolutionnaires sont marquées par des actes de violence, comme la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 où le siège des émeutiers contre la prison fait plus de 200 morts. [...]
[...] Celles-ci, sous-équipées en tout, sont alors débordées. Les classes les plus laborieuses engendrent une hausse de la criminalité, une criminalité qui percole d'ailleurs sur les autres couches sociales. Mais cette criminalité est, comme le souligne très justement Louis Chevalier qu'un seul aspect de la violence, à côté des épidémies, des suicides ou de l'alcoolisme. Ce fléau social suscite surtout au niveau des hommes politiques de la peur et du mépris. Ainsi, Thiers parle dès 1850 de la vile multitude et propose à ceux qui espèrent un meilleur avenir social et sociétal uniquement de la résignation La question sociale a d'ailleurs été la problématique la plus clivante au cours de la fin du XIXe siècle, amenant même une partie de l'extrême gauche et des mouvements politiques associés à contester la République et à employer. [...]
[...] Cette violence n'a pas forcément de très fortes ramifications idéologiques. Ainsi, lors des révoltes des Canuts à Lyon sous la Monarchie de Juillet, si la Société des Droits l'Homme, d'inspiration républicaine appuie bel et bien le mouvement, les principales motivations des insurgés ne vont pas plus loin que le maintien d'un salaire stable. De même, leur répertoire d'action ne visait nullement au départ l'usage de la violence. Avant le début de l'insurrection, les canuts avaient demandé au préfet du Rhône de faire de la médiation entre eux et le patronat du textile pour garantir les salaires. [...]
[...] Suite à la révolution de février 1848, l'état change de stratégie : il apparaît alors légitime à une part croissante du personnel politique (Lamartine, Thiers ou encore Louis-Napoléon-Bonaparte) d'intervenir dans le champ économique pour éviter les conséquences des excès du marché. Les révolutions industrielles du XIXe siècle conduisent à l'émergence d'une classe ouvrière. Une partie de celle-ci cherche à affirmer des droits politiques, sociaux et économiques. Néanmoins, le monde ouvrier est surtout caractérisé par la diversité de ses engagements. Des engagements dans des mouvements promouvant le christianisme social aux organisations insurrectionnalistes, anarchistes, marxistes ou révolutionnaires, la multiplicité des idéologies revendiquées par ce monde ouvrier est aussi en partie le reflet de sa propre diversité. [...]
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