« Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le vin est devenu une ressource majeure pour financer l'action, voire l'existence même de l'Etat ». Cette constatation repose avant tout sur l'importance du secteur du vin dans les recettes de l'Etat à la veille du XXe siècle (15% du budget total). Ce résultat est obtenu par une récolte record en 1875 (83 millions d'hectolitres sur l'ensemble de la nation) qui donne lieu à près de 380 millions de francs de taxes.
En parallèle, la fin du long siècle est aussi le berceau d'une ré-institutionnalisation du secteur, principalement due à la lutte entre protectionnisme et libre-échange. En effet, si l' «ordre libéral » prévaut depuis le Second Empire à travers une politique libre-échangiste (chute considérable des droits de douane), au cours des années 1880 les représentants de toute la filière vitivinicole réclament le retour au protectionnisme. De fait, la concurrence des vins étrangers s'endurcit, notamment par l'importation de vins espagnols, sans compter « la dépression intérieure et le renforcement des barrières douanières dans d'autres pays » (Richard Kuisel). Ce débat aboutit finalement en 1892 au vote du « tarif Méline » – une loi qui protège tout produit agricole d'un droit de douane de 5 à 20% – complété par la loi du « cadenas » (1898), permettant au gouvernement de modifier ces taxes douanières, en particulier sur le vin.
[...] Elle se répand durablement, car les plants contaminés ne meurent qu'au bout de six ans. De plus, seul le Midi est touché au départ d'où l'intérêt tardif des pouvoirs publics à ce fléau (1871) avec, pour finir, la création de la commission du phylloxéra en 1874. Ainsi, en trente ans, la totalité du vignoble français est atteinte. La seule solution étant l'opération onéreuse de la replantation, le remède ne s'est imposé que lentement. Beaucoup de vignerons préfèrent tenter les traitements au soufre (les sulfuristes (Annie Moulin)) et enrichissent ainsi l'industrie chimique. [...]
[...] Restée en suspens pendant la guerre, cette question est reposée dès la fin du conflit. De fait, en 1919, on décide de promulguer une loi restrictive définissant juridiquement un AOC. Par la suite, des précisions sont apportées et avec les lois de 1927 et 1935, l'AOC devient un concept de qualité très règlementé. Ce débat qui peut sembler strictement politique connaît en réalité des retombées économiques très importantes. En effet, l'Appellation d'Origine Contrôlée intervient dans le mode de production des raisins (sol, cépages, cultures), mais aussi par extension au niveau de la commercialisation, puisque la vinification est aussi concernée. [...]
[...] En somme, cette politique ferme d'apparence –mais aussi très onéreuse– est affaiblie et donc inefficace : le cours du vin continue à baisser, à l'image du cours global des produits agricoles. Finalement, face au mécontentement des paysans, le Front populaire triomphe en 1936. Le nouveau gouvernement procède alors à une revalorisation des prix agricoles (mesure appliquée uniquement à l'industrie au cours des années précédentes). Finalement, la nouvelle politique économique agricole du Front populaire, couplée aux hasards de la météo après les grandes récoltes de 1934-1935, les productions sont beaucoup moins importantes redressent quelque peu la situation. En 1907, le marché vitivinicole connait une crise sans précédent. [...]
[...] Remaniement et limites Si l'intervention de l'Etat est acceptée, voire encouragée, il convient de s'intéresser aux réalités de l'application législative de ces mesures, car celles-ci sont établies au moment où la crise mondiale s'étend à l'agriculture française, comparée jusqu'alors à un îlot de prospérité (Faure). Aussi, non seulement elles ont été l'objet d'un grand nombre de remaniements entre 1931 et 1935, mais en plus beaucoup de vignerons ont été exemptés. Cela concerne tout d'abord les producteurs de vin AOC, mais aussi les petits récoltants, dans un souci de protection des petits vignobles caractéristique de la politique viticole globale de 1930-1950. [...]
[...] Or, le sucre provient des betteraviers du Nord et les vignerons accusent le Parlement de leur être soumis. De plus, l'agitation de ces années de trouble mène les opposants au régime à se ranger du côté des manifestants. On parle alors de fédéralisme Ainsi, la crise économique se traduit en une crise politique, sans pareil durant la IIIe République. C'est finalement avec la loi tendant à prévenir les mouillages des vins et les abus du sucrage promulguée le 29 juin que la situation s'apaise du côté des militants vignerons. [...]
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