Klemens von Metternich dit en 1830: « Quand Paris éternue, c'est l'Europe qui s'enrhume. » C'est dire la puissance de la capitale et l'impact de ses émeutes. En effet, Metternich a pu s'en apercevoir, en tant qu'ancien ambassadeur à Paris en 1806, alors que la Révolution française et le rôle de Paris dans celle-ci est encore présente dans tous les esprits. En effet, la capitale en particulier, et toutes les villes en général, revêtent à cette époque une « spécificité irréductible » (Roger Chartier), par des aspects aussi divers que leur population, leurs idées politiques et leur économie : autant de différences qui marquent le fossé toujours grandissant entre monde urbain et monde rural, alors que l'urbanisation de la France a davantage tendance à accélérer qu'à ralentir en ce début de 1789.
Cependant, quelles spécificités les villes possèdent-elles entre 1789 et 1815, et en quoi celles-ci ont-elles influencé le rôle joué par les sociétés urbaines durant cette période? Si la spécificité des villes se situe notamment au niveau de leurs populations et de leurs idées nouvelles durant la Révolution, cela induit nécessairement un comportement particulier de ces nouvelles sociétés urbaines lors des journées révolutionnaires, qui poussent à essayer de déterminer si, enfin, cette période a vu naître une émergence de la ville et de la société urbaine.
[...] Strasbourg, par l'émigration de 1790 à 1794, perd 3000 privilégiés et suspects. Et si, lorsqu'ils reviennent suite à l'amnistie consulaire, beaucoup récupèrent leurs biens par l'intermédiaire de leurs proches qui ont racheté leurs possessions, il n'en reste pas moins que la noblesse doit désormais admettre une nouvelle catégorie sociale dominante : la bourgeoisie urbaine. La bourgeoisie urbaine Avec le départ des émigrés, d'autres couches sociales émergent, à l'instar de la bourgeoisie urbaine, sans doute une des plus grandes bénéficiaires de la période. [...]
[...] 14) Villes fédéralistes : villes contre- révolutionnaires ? Pourtant, les villes fédéralistes ne sont en rien opposées aux principes révolutionnaires, et en cela, l'abandon de Toulouse aux Anglais ne constitue qu'« une dérive (J.P Jessenne). En effet, si l'opposition entre Paris et les villes fédéralistes se déclenche, ce n'est en rien par réaction contre-révolutionnaire, mais plutôt car, avec la chute de la Gironde et le début de la Terreur, la Révolution commence à prendre une tournure que ces villes ne souhaitent pas. [...]
[...] Le conseil comprend un corps municipal présidé par un maire et assisté de notables. Dans les grandes villes sont créées des sections qui comptent chacune un officier municipal. Cependant, ces efforts de régulation ne sont pas efficaces partout, et la Commune de Paris insurrectionnelle et non-officielle restera active et fortement influente jusqu'au 9 Thermidor. 21) La ville napoléonienne Enfin, sous le Consulat, les villes ne sont plus ces municipalités désordonnées du début de la Révolution, et elles prennent dès lors l'aspect qu'elles garderont sous l'Empire et les monarchies censitaires. [...]
[...] Au XVIIIème siècle, la plupart des émeutes les plus graves trouvent comme point de départ une ville. C'est le cas lors de la guerre des Deux Sous en août 1786, lorsque les ouvriers de la soierie à Lyon se soulèvent et déclenchent plusieurs semaines d'affrontements ; c'est aussi le cas lors de la journée des Tuiles à Grenoble le 7 juin 1788, ou encore lors du 23 janvier 1789 à Rennes, qui voit des affrontements entre étudiants et aristocrates dégénérer. [...]
[...] La faim est donc un facteur essentiel des révoltes urbaines. Jean Nicolas rajoute que la concentration des habitants, la précarité de la vie quotidienne, les hantises alimentaires, le rôle de la rue véhiculant rumeurs et fantasmes, tout cela y créait un climat facilement explosif. L'amertume du petit peuple De plus, une rancœur agite les couches populaires les moins favorisées vis- à-vis des catégories sociales aisées. Une tension prégnante existe entre les différents camps, que relève Bonaparte dans Le Mémorial de Sainte- Hélène, lorsqu'il évoque les journées parisiennes où il manque parfois de se faire chahuter en raison de ses vêtements soignés. [...]
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