Max Weber dans son texte « la Ville » publié à titre posthume en 1921 affirmait clairement que la ville « n'est non pas seulement une entité démographico géographique, mais aussi comme le lieu du pouvoir, du politique, du conflictuel, de l'instable ». Instabilité marquée par le processus inédit d'urbanisation dans la seconde moitié du XIXe siècle, c'est-à-dire d'un passage d'une société rurale à une société dominée par la ville et où les innovations lui permettent de s'étendre sans cesse.
Qu'entend-on alors ici par innovation ? La diversité des synonymes propres à ce mot pose en effet un problème, plus généralement on parle d'innovation quand une invention réussie est mise en application. Mais l'innovation relève aussi bien du domaine économique, politique et socioculturel, il existe différents types d'innovations comme le souligne Joseph Aloïs Schumpeter.
Croire que l'industrialisation a contribué à uniformiser les villes des démocraties modernes au XIXe siècle est un raisonnement bien trop réducteur. La ville est « ce cocktail aux dosages variés et aux couleurs changeantes » comme l'affirme Paul Bairoch. En 1900 on note qu'un Allemand sur deux, ou encore trois quarts des Anglais vivent en ville, le processus d'urbanisation ne résulte pas comme on pourrait le penser de l'industrialisation mais bien de l'explosion démographique.
Si le XXe siècle fut incontestablement le siècle de l'urbanisation, c'est bien avant la Grande Guerre que s'est produit l'explosion urbaine. La modernité qu'apportent les villes attire les foules, que ce soit les masses rurales ou les citoyens étrangers qui cherchent un lieu où l'individu est libre et responsable.
Pour comprendre ces mutations, notre objectif est de déterminer quel rôle joue la ville dans la création et la diffusion des innovations de 1850 à 1914. En quoi la ville, qui se détache de plus en plus du monde rural, devient-elle le cœur de l'innovation ? Dans quelle mesure la modernité croissante des villes concourt au départ des masses rurales de leurs campagnes ou des immigrés de leurs pays d'origine ?
[...] D'après un bulletin de statistiques publié par la municipalité de Londres en 1891, les quartiers Ouest de la capitale britannique concentrent 20% de ménages pauvres, tandis que dans les quartiers Est environ 40% des ménages sont considérés comme pauvres, la ville la plus touchée étant Southwark avec 68% des ménages en situation de nécessité absolue. Il apparaît clairement que dans une même ville, le taux de pauvreté peut passer d'un extrême à un autre selon le quartier. De même en Allemagne en 1880, la transformation du centre de Berlin en magasins et bureaux modernes contraint pas moins de personnes de se diriger vers les extrémités de la ville voire même de se loger dans des caves ou souterrains aux conditions de vie les plus difficiles. [...]
[...] Le premier prototype est bâti à Mulhouse où 800 maisons logent pas moins de 6000 personnes, toute une réflexion qui concerne le logement populaire prend place, en 1889 à Paris se déroule ainsi le premier congrès international du logement populaire. Mais la violence qui oppose les natifs de la ville aux communautés d'immigrants révèle un certain nombre de failles à travers ces innovations, les limites de la modernité du monde urbain méritent notamment d'être étudiées dans une ultime partie. C. Les problèmes de la modernité urbaine liés à l'innovation Les contrastes de l'Europe urbaine nécessitent de s'intéresser de plus près aux aspects corrupteurs des innovations. [...]
[...] En France, l'entreprise Siemens AG propulse quant à elle à Paris le premier tramway à vapeur en 1875, mais c'est en 1883 à Sarajevo que le tramway électrique fait son apparition, la majeure partie des capitales d'Europe de l'ouest adoptèrent alors ce nouveau moyen de transport à partir du début du 20ème siècle. L'électricité devient un élément indispensable pour structurer la ville, en effet alors que le premier métro fut inventé en1863 à Londres, ce Metropolitan Railway à vapeur cause encore des problèmes. [...]
[...] En Prusse, grâce à la loi de 1870 qui autorise la construction de canalisations urbaines, de grands travaux sont ainsi entrepris pour décanter l'eau mais leurs réalisations restent encore très lentes dans les villes d'Europe. À Paris, le baron Haussmann était fermement opposé au système pourtant efficace du tout-à- l'égout, il a fallu attendre 1894 pour qu'il soit imposé. De même, les villes des pays de l'Est adoptent tardivement ces innovations, par exemple dans la ville de Bucarest seulement un cinquième des maisons disposent de l'eau courante à la fin du 19ème siècle. Hormis l'eau, la ville au 19ème siècle repose notamment sur une innovation qui façonne son image : l'éclairage au gaz. [...]
[...] Max Weber dans son texte la Ville publié à titre posthume en 1921 affirmait clairement que la ville n'est non pas seulement une entité démographico- géographique, mais aussi comme le lieu du pouvoir, du politique, du conflictuel, de l'instable Instabilité marquée par le processus inédit d'urbanisation dans la seconde moitié du 19ème siècle, c'est-à-dire d'un passage d'une société rurale à une société dominée par la ville et où les innovations lui permettent de s'étendre sans cesse. Qu'entend-on alors ici par innovation ? La diversité des synonymes propres à ce mot pose en effet un problème, plus généralement on parle d'innovation quand une invention réussie est mise en application. [...]
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