Qu'il se transforme en Vautrin dans la Comédie Humaine, en Rodolphe de Sombreuil dans les Mystères de Paris ou bien encore en Jean Valjean dans les Misérables, le personnage d'Eugène-François Vidocq a marqué de son image le XIXème siècle. Pourtant Vidocq ne possède aucune qualité particulière qui pourrait faire de lui une figure de l'Empire, de la Restauration ou de la Monarchie de Juillet. Il ne possède pas le prestige d'un maréchal d'Empire, le caractère opportuniste de Fouché ou le sens tactique de Talleyrand, et pourtant il demeure l'une des figures dominantes de cette époque tourmentée. L'un des rares ayant réussi à traverser les différents bouleversements politiques du début du XIXème sans y perdre son prestige ou son ascendant sur les affaires de l'Etat. Individualiste proche du peuple, au service de la nation, il gagne rapidement une véritable aura romantique, ce qui explique en outre son utilisation par Balzac, Hugo et d'autres. Comment le personnage de Vidocq a-t-il acquis cette dimension de héros romantique qui fait justement défaut à Fouché et à Talleyrand ? Qu'est-ce qui fonde son unicité dans le paysage politique et judiciaire français des années 1810 à 1840 ? Et quelles sont les caractéristiques de cette « police des temps nouveaux » (Jean Tulard) où il évolue?
[...] Extrêmement sévère, il comporte quarante-cinq cas possibles de peine de mort. Du discrédit au renouveau (1815-1848) Lors de la chute de Paris en 1814, Pasquier se trouve investi du maintient de l'ordre, l'Impératrice et les autorités, dont Savary, ont évacué la ville. Lorsque le conseil municipal renonce à tout obéissance envers Napoléon et reconnaît Louis XVIII, Pasquier est déjà trop compromis avec le régime précédent et ne reste pas longtemps rue de Jérusalem. Il est remplacé par Bourrienne (secrétaire disgracié sous Napoléon, loyaliste à Louis XVIII). [...]
[...] On devra donc s'arranger pour écarter Vidocq à nouveau. Sa démission est provoquée par une restructuration des services de police et la fusion de la brigade de sûreté avec la police municipale. Vidocq imagine, alors vers 1836, sous le nom de bureau de renseignements, une sorte de contre-police. La spéculation consistait à fournir aux commerçants, moyennant redevance, des renseignements confidentiels sur la conduite de clients suspects et de surveiller dans l'ombre des opérations commerciales à la limite de la légalité. [...]
[...] Police de sûreté très populaire et police secrète (chère au roi) prennent le pas sur l'une sur l'autre. La rupture de 1848 met fin à cette lente déchéance. L'aspect le plus remarquable de la personnalité de Vidocq est sans doute d'avoir su évoluer dans les nombreuses refontes de l'administration policière de la première moitié du XIXème siècle. De ce point de vue il ressemble aux personnalités opportunistes et perspicaces de Fouché et Talleyrand. Mais Vidocq possède une qualité qui fait de lui un personnage à part dans cette administration changeante des années 1810-1840. [...]
[...] Non. Pour vous éviter, monsieur, la peine de m'en adresser de semblables à l'avenir, et à moi le désagrément de les recevoir, j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien recevoir ma démission. J'ai l'honneur, etc. (signé) : VIDOCQ. [...]
[...] La fin de la Sûreté pour Vidocq : un retour aux vieilles habitudes ? Dans les dernières années de la Restauration, l'opposition politique attaque vigoureusement le régime en place. Vidocq n'est pas épargné et deviendra même une cible privilégiée. Le Préfet Delavau qui craint pour sa position le soutient de moins en moins. En 1827, il est contraint à la démission et s'attelle à la rédaction de ses Mémoires. Il sera toutefois rappelé par Casimir Perrier cinq ans plus tard lors de révoltes de juin 1832 qu'il aide à endiguer Ce triomphe est un camouflet pour les détracteurs de Vidocq qui devient à nouveau trop voyant et une menace pour le préfet en place. [...]
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