Avec Victor-Emmanuel, c'est un soldat et un bon vivant, plus qu'un véritable homme d'Etat, qui accède au trône du Piémont. Homme d'un naturel paresseux et prudent, plus porté sur la chasse et les femmes que sur les affaires courantes du royaume, sa personnalité ne le prédisposait pas à devenir un acteur majeur du processus d'unité italienne, si l'on excepte sa très forte fierté dynastique qui le pousse à vouloir étendre son territoire. Et pourtant, c'est bien lui que les livres d'histoire retiendront comme le « padre della patria ».
Dès lors, il paraît légitime de se demander si Victor-Emmanuel II, premier roi d'Italie, n'a pas finalement eu d'autre mérite, dans le processus d'unification italienne, que celui d'avoir été roi du Piémont ?
C'est ce que nous chercherons à déterminer à travers notre réflexion, en montrant d'abord que Victor-Emmanuel II accède au trône d'Italie parce qu'il est à la tête d'un Etat qui incarne l'espoir de l'unité italienne, d'autant qu'il est conduit par son principal défenseur, Cavour.
Dans un second temps, nous montrerons que l'œuvre de Victor-Emmanuel en tant que roi d'Italie s'est traduit plutôt par une « piémontisation » que par une véritable unification, et que l'œuvre unitaire s'est finalement faite sans son soutien réel.
[...] Victor-Emmanuel II, loin de soutenir cette cause, désapprouve le mouvement. Peu soucieux de quitter Turin, sa capitale traditionnelle, il verra d'un mauvais œil le transfert de la capitale italienne à Florence. Quant à Rome et à l'intégrité territoriale italienne, il n'a qu'en faire. Au contraire, même après 1870 et le retrait de Rome des troupes françaises défaites par la Prusse, il s'opposera à toute tentative contre ce pauvre diable de Saint-Père préférant privilégier l'amitié de la France et de Napoléon III avec qui il entretenait de bonnes relations personnelles. [...]
[...] Une unité achevée malgré son souverain Après 1861, le combat pour l'unité italienne n'es pas encore totalement achevé : manquent encore à son intégrité la Vénétie et le Latium. La question de la Vénétie sera réglée en 1866. Au cours de la guerre franco- prussienne, la France obtient la cession de la Vénétie, qu'elle rétrocède ensuite à l'Italie. Désormais, la question principale est la question romaine. Pour la plupart des Italiens, l'Italie unifiée ne peut avoir pour capitale que Rome. Or le pape, Pie IX, reste fermement attaché à son pouvoir temporel sur ses Etats romains. [...]
[...] Mais son règne ne sera pas vraiment marqué par un réel idéal unitaire. II) Victor-Emmanuel II, roi d'une Italie piémontaise Une volonté de piémontisation de l'Italie Cavour ne survivra que peu à la réalisation de son œuvre : en effet, il meurt le 6 juin 1861, quelques mois à peine après l'accession au trône italien du roi Victor-Emmanuel II. Celui-ci, comme on l'a dit, est très imbu de son pouvoir dynastique, et, à son image, toute la politique piémontaise va être animée d'une sorte de complexe de supériorité. [...]
[...] Désormais, grâce à l'action de Cavour, Victor-Emmanuel II devient un symbole du mouvement unitaire. L'unité italienne se fera finalement par l'alliance avec la France. Cavour arrange avec Napoléon III, au cours de l'entrevue de Plombières en 1858, une intervention contre l'Autriche. Même si les résultats de la campagne d'Italie furent un peu en-deça des espérances, et des arrangements conclus, il n'en reste pas moins que le Piémont se trouve désormais à la tête de toute l'Italie du Nord, des Alpes jusqu'à l'Adriatique Dans le courant de l'année 1860, ce sont les provinces d'Italie centrale qui sont annexées au Piémont. [...]
[...] Il eut l'occasion de montrer sa bravoure au cours de la guerre de 1848-1849, au cours de laquelle le Piémont est opposé à l'Autriche. L'armée piémontaise sera finalement défaite, au cours des batailles de Mortara et surtout Novare, le 23 mars 1849. C'est ainsi que s'achève par un échec la première tentative d'émancipation italienne. C'est aussi à l'issue de cet échec que le roi de Piémont, Charles-Albert, abdique, laissant à son fils Victor-Emmanuel le trône du Piémont. Avec Victor-Emmanuel, c'est un soldat et un bon vivant, plus qu'un véritable homme d'Etat, qui accède au trône du Piémont. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture