Force est de constater qu'au cours de cette seconde guerre mondiale, la France a cultivé les paradoxes ou les particularités, tout du moins au début du conflit. Primo, les troupes françaises subissent une véritable déroute face à la Blitzkrieg allemande pendant les mois de mai et juin 1940, alors même qu'elles étaient considérées comme la première armée au monde. Demandé par le maréchal Pétain le 17 juin 1940, l'armistice est signé à Rethondes le 22 juin. Le 9 juillet, le gouvernement convoque les parlementaires afin de leur soumettre s'il y a lieu de réviser les lois constitutionnelles. Incomplet, le Parlement vote massivement en faveur du oui (seulement 4 votes opposés). Ainsi est entériné un changement politique qui s'est déjà effectué.
Le lendemain, le maréchal demande aux deux chambres réunies en assemblée nationale le vote des pleins pouvoirs exécutifs et législatifs en sa faveur : 569 oui, 80 non et 17 abstentions. Le vote sonne le glas de la République, emportée par la profondeur de la crise qui secouait le pays, et remplacée par l'Etat français. A la défaite militaire s'est couplé un changement de régime totalement inédit.
Dès lors, il paraît légitime de s'interroger : cerné par les deux régimes emblématiques du fascisme, en l'occurrence l'Allemagne nazie qui occupe le Nord de la France, et l'Italie de Mussolini au sud, le gouvernement de Vichy a-t-il également sombré dans le fascisme ? A-t-il constitué dès son élaboration un régime fasciste, s'en est-il rapproché ou à l'inverse s'est-il contenté de revêtir une forme autoritaire classique ?
[...] On n'y discerne ni idéologie officielle et homogène, ni parti unique chargé de l'imposer, ni pratique totalitaire pour la mettre en œuvre. Il ne s'agit ni plus ni moins d'un régime reposant sur sa figure de proue, Philippe Pétain, et sur l'acceptation de toute solution de redressement par les Français après la défaite. La situation se détériore et le régime est conduit à se durcir entre le printemps 1941 et le printemps 1942 car la vie devient plus difficile pour les Français. [...]
[...] Le racisme est une composante majeure de l'idéologie fasciste. On pense bien sûr à l'antisémitisme du IIIème Reich. En Italie, cet antisémitisme était moindre mais a quand même été développé, bien que tardivement ; en revanche, le régime de Mussolini met en pratique un racisme d'Etat avec la guerre d'Abyssinie Le fascisme n'est pas totalement réactionnaire, il s'inscrit dans une logique de modernisme et d'acceptation de la révolution industrielle, et se veut même en pointe des innovations technologiques système post-démocratique, [ . [...]
[...] Il s'agit d'un véritable vol civil, justifié légalement. Le paroxysme est cependant atteint le 16 juillet 1942 avec la rafle du Vel d'Hiv juifs regroupés et déportés par policiers et gendarmes exclusivement français. Les consignes allemandes concernaient juifs, donc des rafles en province les 26-27 et 28 août permirent d'atteindre le contingent demandé. La Milice Peut-être moins emblématique et visible que l'antisémitisme qu'a pratiqué Vichy, la mise en place d'un Etat milicien constitue pourtant l'un des points les plus évidents et les plus forts d'une tendance à la fascisation de l'Etat français. [...]
[...] Aux yeux du régime, la corporation symbolise un moyen de contrôle de l'Etat sur l'économie. De même, elle permet de promouvoir l'unité retrouvée du peuple français autour d'une même cause, la reconstruction du pays après les déboires républicains. L'individualisme est une tare, tandis que la mise au service de la collectivité de l'individu est essentielle. Certes le suffrage universel et son principe d'égalitarisme sont honnis, mais on pense donner un poids plus fort à ceux qui sont utiles à la collectivité. [...]
[...] Quant à l'émergence d'un homme nouveau par l'endoctrinement, le culte de la personnalité, l'adhésion à des organisations de jeunesse puis à un parti unique, le constat est le même : l'Etat français a mené une immense propagande autour de la personne du maréchal Pétain de type classique des régimes autoritaires, a cherché à faire émerger un ordre nouveau plus réactionnaire que révolutionnaire, sans plus. Globalement le régime de Vichy ne peut pas être considéré comme fasciste ; il lui manque les composantes de modernisme, l'idéologie n'est pas spécifiquement anti-communiste et anticapitaliste, et surtout il n'y a pas de parti unique et de culte d'un homme nouveau. Dans ce cas, comment peut- on qualifier le régime de Vichy ? [...]
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