L'armistice, dans l'esprit de Pétain ne répondait pas seulement à des nécessités de politique extérieure. C'était également la condition sine qua non de la réalisation de son principal dessein: bâtir une France nouvelle et refonder son esprit sur des valeurs morales plus saines. C'est ce projet de Révolution Nationale qui servit de cadre idéologique au régime de Vichy. Il n'est pas étonnant que la jeunesse ait occupé une place si centrale dans ce programme. En effet, fonder une nouvelle société ne nécessite-t-il pas de miser sur la génération future, donc d'encadrer soigneusement la jeunesse? Cela, Vichy l'avait compris et c'est en vue d'un tel encadrement que le régime appréhenda sa politique concernant les jeunes. Mais peut-être son action fut-elle trop timide pour réussir sans compter que la conjoncture lui était fortement défavorable. En tout cas, il semblerait qu'en dépit de quelques réussites, cette jeunesse si prometteuse à ses yeux, lui échappa quelque peu.
D'un point de vue idéologique l' Etat français se résume en deux mots: Révolution Nationale. Celle-ci faite de nouvelles valeurs, conféra à la jeunesse un rôle majeur dans le programme de Vichy qui commença à l'encadrer et l'endoctriner par le biais de la Famille, l'Eglise, le système scolaire et les organisations de jeunesse.
[...] Hormis la réussite de sa politique nataliste, Vichy -ou plutôt Pétain- a plus échoué qu'autre chose. Sans mouvement de jeunesse unique et sans système totalitaire une telle politique ne pouvait espérer aboutir. Mais c'est surtout la politique extérieure de Vichy qui voua cette entreprise à l'échec: largement indifférents au thème de la Révolution Nationale, les Français s'éloignèrent peu à peu du régime de Vichy à mesure que celui-ci s'engouffrait dans une collaboration de plus en plus honteuse avec l'occupant. La jeunesse n'échappa pas à cette tendance quasi-générale. [...]
[...] En réintroduisant l'église au coeur de la société , près de la jeunesse , Vichy entend diffuser au sein des jeunes français les nouvelles valeurs cléricales et moralisatrices indispensables à l'assainissement du pays. Il s'agit en effet pour Vichy d'endoctriner la jeunesse afin qu'en ressorte un consensus idéologique. Outre les deux piliers sur lesquels s'appuie Vichy, l'encadrement et l'endoctrinement de la jeunesse passe avant tout par le système scolaire. C'est d'ailleurs à cette fin que cette réforme a été entreprise. [...]
[...] Ainsi, le dessein de la Révolution Nationale ne fut qu'à peine ébauché et l'endoctrinement de la jeunesse impossible. Malgré son image de père, Pétain ne parvint pas à rallier la jeunesse au régime, laquelle lui fut soit indifférente, soit franchement hostile. Son erreur a été de croire qu'il pouvait refonder une société en endoctrinant la jeunesse, cela après une défaite et sous le regard de l'occupant. [...]
[...] Cet échec de l'endoctrinement de la jeunesse par Vichy peut s'expliquer par différents facteurs. Tout d'abord, la lacune première de Vichy c'est de n'avoir pas encadré la jeunesse par une organisation unique obligatoire aux structures rigides, comme il en existait dans les régimes totalitaires. Rien que cela vouait déjà toute son entreprise d'embrigadement à l'échec. En effet, un endoctrinement de la jeunesse se révélait d'autant plus vain que l'idéologie mise en avant par Pétain laissait la plupart des français indifférent ceux-ci étant peu politisés et se préoccupaient avant tout de soucis matériels tels les problèmes de ravitaillement ou bien le retour des prisonniers de guerre. [...]
[...] La Famille et l'Eglise. La famille tout d'abord représente en effet l'un des thèmes majeurs de la Révolution Nationale. Elle se doit d'être la nouvelle base organisatrice de la société. " Le droit des familles est antérieur et supérieur à celui de l'Etat, et de l'individu déclare Pétain. Vichy s'engage alors dans une politique nataliste, en continuité avec celle lancée dans l'immédiat avant-guerre par Daladier. La natalité est encouragée et les familles nombreuses ont de nombreux avantages: la carte famille nombreuse permet de ne pas faire la queue dans les boutiques ; ne pas avoir d'enfant empêche de faire carrière, etc . [...]
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