Vichy - De gaulle - Résistancialisme - Pétain
Ce document tente d'explique pourquoi Vichy constitue toujours un passé si présent.
Dans un premier temps, il serait judicieux de s'intéresser à ce 'passage' du passé à la génération suivante (« passage de flambeau » de la mémoire), avant de s'interroger dans un second et un troisième temps aux moyens qui ont pu être mis en oeuvre pour faire passer (ici dans le sens d'accepter et d'oublier, de « faire passer la pilule »), pour les anciens collaborateurs, les hommes politiques et les résistants, cette période du passé qui les touchent et suscitent encore de vives réactions.
[...] Mais bien souvent, la France résistante a été assimilée à la France passive. Ne pas collaborer, même en ne faisant rien d'autre qu'attendre la suite des évènements, c'était déjà de la résistance. Et puis il y a eu les résistants dits de la première heure et ceux de la dernière heure, qui ne sont devenus résistants qu'à la libération[22]. L'appropriation de cette mémoire des résistants a été un grand enjeu à la fin de la guerre. Il y a eu les communistes, qui se sont attribués le titre de parti des fusillés et qui ont tenté de faire oublier la signature du pacte germano-soviétique de non-agression[24], il y a eu le gouvernement provisoire de De Gaulle, la consécration de la mémoire résistante en 1964 avec l'entrée de Jean Moulin au Panthéon aux côtés des héros de la république[25], et il y a eu les certificats de résistance comme il y avait eu les certificats de non-juiverie. [...]
[...] Brossat p.10. Valmy, parution du 21 février 1951, in femmes tondues et morts sans sépulture (p.491-544), chapitre 10 dans Amouroux Azéma et Wieviorka p.160. Marie-Josée Chombart de Lauwe, sur la base des travaux de M.Yves Dom, p.53, in Kantin et Manceron Azéma et Wieviorka, 1997. [...]
[...] Un des faits reprochés à ces épurations est le manque de différenciation entre les degrés de culpabilité. Ainsi, une femme tondue en place publique pouvait être une prostituée, une femme amoureuse, une milicienne, une profiteuse du marché noir une familière des salons d'Abetz parce que c'était la même chose, objectivement Une dernière chose qui détonne dans cette apparence de justice est la volonté d'oublier qu'on l'a donné. Alain Brossat notera que dès les lendemains de ce tumulte singulier (une tonte), les traces s'en effacent, les ‘coiffeurs' retournent à leurs occupations habituelles, les bouches se ferment, les cheveux repoussent, on ‘oublie' Et on rappelle que ce qui est en jeu sur ce silence, c'est l'unité nationale, ainsi que le font remarquer certains communistes après la découverte de corps de français et de soldats allemands prisonniers du maquis dans le puit de Fons. [...]
[...] Tout deux ont répondu à un but commun, celui de restaurer l'unité nationale[17] et de légitimer le nouveau gouvernement[18]. Le premier donnait sa part dans la libération de la France à chaque français, et la seconde exilait les collaborateurs avérés aux bancs de la société, ainsi purifiée. Dès le 14 juin 1944, De Gaulle fait entrer dans son discours de Bayeux les prémices de l'image d'une France résistante : Ce que le pays attend de vous à l'arrière du front, c'est que vous continuiez le combat aujourd'hui comme vous ne l'avez jamais cessé depuis le début de cette guerre et depuis juin quarante D'une phrase, la population française se trouve absoute et distinguée du régime de Vichy. [...]
[...] D'autant plus que comme le signale Jacques Ozouf, ce dont les français auront été le plus continûment reconnaissants à De Gaulle, c'est de leur avoir procuré les douceurs de l'amnésie Mais voilà bientôt soixante-cinq ans que la guerre est finie, et l'exemple de la censure portée à l'encontre du témoignage de Madame Ida Grinspan est une preuve que le passé n'est pas encore acceptée. J'ai également découvert au cours de mes recherches que la ville où je demeure, Rosières- en-Santerre a accueillit pendant l'occupation un camp d'internement pour les étrangers[39]. Aucun panneau n'indique l'endroit de ce camp. Il apparaît évident qu'il ne serait pas souhaitable de noircir le tableau de la France occupée. [...]
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