Valéry Giscard d'Estaing manifeste un intérêt très précoce, et en quelque sorte familial,
pour la construction européenne, en particulier dans le domaine monétaire. Sa jeunesse est
marquée par son engagement en 1944 dans l'armée française, mais Valéry Giscard d'Estaing
n'éprouve aucun ressentiment vis-à-vis des Allemands. Son ascension politique commence
dès la fin des années 1950 : en 1959, il est Secrétaire d'Etat aux finances. En 1962, il est
ministre de l'Economie et des Finances. Il a déjà une réputation d'européen (il est favorable
au traité de Rome dès le milieu des années 1950), mais n'insiste pas sur les divergences qu'il
peut avoir à ce sujet avec le général de Gaulle. De 1969 à 1974, il retrouve l'économie et les
finances.
Avec Valéry Giscard d'Estaing, la présidence de la République n'est, pour la première
fois depuis 1958, plus occupée par un gaulliste. Comment la politique européenne de la
France est-elle modifiée par ce changement politique ?
I - Dans un contexte peu favorable, la volonté de relancer l'Europe politique.
A - Crise mondiale, crise de l'Europe.
Quand Valéry Giscard d'Estaing est élu Président de la République en 1974, la situation
européenne et mondiale est relativement délicate. La crise économique mondiale, liée aux
désordres monétaires et à la crise énergétique provoquée par la guerre du Kippour/Ramadan
mettent à mal la construction européenne (...)
[...] Mais, en raison des objections des militaires français et allemands, tout cela n'aboutit pas. La relance du SME et la question de la PAC On a déjà évoqué le fait que la relance de la construction monétaire de l'Europe était impossible en 1974. Mais la situation change en 1976. Le départ de Jacques Chirac et son remplacement par Raymond Barre sont en effet des événements décisifs. La politique d'austérité remplace celle de relance et les politiques économiques françaises et allemandes convergent désormais. [...]
[...] Les difficultés économiques liées aux deux chocs pétroliers en sont, avec les complexités de la politique intérieure française, largement responsables Bibliographie : - Serge Berstein et Jean-François Sirinelli, Les années Giscard, Valéry Giscard d'Estaing et l'Europe, 1974-1981, Armand Colin - On peut aussi signaler la thèse de Michèle Weinachter, Valéry Giscard d'Estaing et l'Allemagne, le double rêve inachevé, Paris III Edité en 2004 chez L'Harmattan. On peut se reporter à Michèle Weinachter, Valéry Giscard d'Estaing et l'Allemagne. Le double rêve inachevé, Documents, 2003/1. [...]
[...] Celle-ci apparaît de plus en plus puissante, en particulier en matière économique et beaucoup plus résistante face aux problèmes économiques. Surtout, l'Ostpolitik de Willy Brandt ne risque-t-elle pas d'aboutir à une évolution de la RFA vers le neutralisme ? Un éventuel rapprochement germano-soviétique, qui n'apparaît pas alors absolument impossible et qui, en tout cas, préoccupait beaucoup le président Georges Pompidou en 1972 et 1973, remettrait en cause toutes les bases sur lesquelles s'appuie la sécurité française depuis le début de la guerre froide. Il rendrait en tout cas très difficile la poursuite la construction européenne. [...]
[...] Chirac lance en décembre 1978 l'appel de Cochin, où il dénonce Valéry Giscard d'Estaing comme le représentant du parti de l'étranger. L'appel de Cochin, qui dénonce l'asservissement économique de la France et son effacement international apparaît particulièrement virulent. Michel Debré affirme que la France sera incapable de résister aux débordements de l'Assemblée. Ces thèmes sont repris par les communistes. La polémique contre l'élection du parlement européen au suffrage universel prend quelquefois une tournure nettement anti-allemande contre laquelle le président s'élève avec vigueur, dénonçant ceux qui cherchent à ressusciter le vieil antagonisme entre les deux nations. [...]
[...] Dans un premier temps (1978), Valéry Giscard d'Estaing soutient activement l'adhésion des deux Etats ibériques. Mais son attitude devient ensuite beaucoup plus dilatoire : il faut en effet tenir compte de l'opposition des agriculteurs du sud-ouest, soutenus par les communistes et les gaullistes, ainsi que des incidents franco-espagnols liés aux zones de pêche et à la question des réfugiés basques en France. Valéry Giscard d'Estaing rencontre moins de difficultés dans le domaine de l'aide au développement avec la signature des accords (signés avec les pays ACP) de Lomé qui, en 1975, succèdent à ceux de Yaoundé, puis avec les accords de Lomé II, en 1979. [...]
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