Les Etats-Unis depuis 1880 : entre puissance et dépendance - publié le 24/01/2008

Résumé du document

Ainsi, si les Etats-Unis ont fondé leur puissance sur leur indépendance vis-à-vis de l'étranger, ils l'ont accentué en dépendant d'un monde qu'ils organisent et qu'ils dominent. La dépendance n'est donc pas facteur de déclin, car les liens avec les autres nations sont une condition nécessaire à la puissance, et le lien présuppose une certaine forme de dépendance. Les Etats-Unis peu dépendants avant 1945 sont une puissance économique incomplète. Par contre, ils deviennent dépendants du monde occidental qu'ils organisent après 1945 et s'affirment alors comme la première puissance mondiale. Aujourd'hui, ils sont dépendants du monde entier, mais d'un monde américanisé, sous tutelle américaine, et apparaissent à l'apogée de leur puissance. C'est en ce sens que la dépendance n'est pas réellement facteur de déclin pour les Etats-Unis car ils dépendent d'un monde qu'ils ont construit ou plutôt reconstruit suivant leur modèle (...)

Extraits

[...] Le dollar fort attire les capitaux étrangers mais les Etats- Unis deviennent importateurs nets de capitaux et dépendants de l'épargne étrangère. La guerre du Golfe a été ainsi financée en grande partie par des crédits étrangers. La puissance économique, même si elle demeure dominante, est remise en cause. Les chocs pétroliers ont accentué la dépendance énergétique des Etats-Unis qui cherchent à sécuriser leur approvisionnement au Moyen- Orient, d'un point de vue économique avec les majors, mais aussi politique avec la guerre du Golfe. [...]

[...] C'est en ce sens que la dépendance n'est pas réellement facteur de déclin pour les Etats-Unis car ils dépendent d'un monde qu'ils ont construit ou plutôt reconstruit suivant leur modèle. Le déficit commercial record est donc à relativiser dans la mesure où il est dû en partie à l'importation de produits fabriqués par des multinationales américaines et que les Etats-Unis ont le privilège de s'endetter en dollars, qui est de fait la première monnaie internationale. Tant que les Etats-Unis dépendront d'un monde qui dépend des Etats-Unis, ils resteront la première puissance mondiale. [...]

[...] Ainsi, si les Etats-Unis ont fondé leur puissance sur leur indépendance vis-à-vis de l'étranger, ils l'ont accentué en dépendant d'un monde qu'ils organisent et qu'ils dominent. La dépendance n'est donc pas facteur de déclin, car les liens avec les autres nations sont une condition nécessaire à la puissance, et le lien présuppose une certaine forme de dépendance. Les Etats-Unis peu dépendants avant 1945 sont une puissance économique incomplète. Par contre, ils deviennent dépendants du monde occidental qu'ils organisent après 1945 et s'affirment alors comme la première puissance mondiale. [...]

[...] Sa forte population, son territoire géant, son économie puissante leur permettent de se replier sur eux-mêmes et d'éviter ainsi toute dépendance. Mais, à plusieurs reprises, les Etats-Unis ont du intervenir à l'extérieur pour sauvegarder leur indépendance. La Seconde Guerre Mondiale est à ce titre un tournant puisque leur repli a menacé leur puissance. A partir de 1945, les Etats-Unis, devenus la première puissance mondiale, se lient au monde pour assurer leur indépendance. Leur puissance est d'abord financière et économique. Grands vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale, les Etats-Unis aident leurs partenaires à se reconstruire à travers le Plan Marshall. [...]

[...] De plus, la puissance américaine est monétaire. Au cœur du système de Bretton Woods qui fixe la convertibilité du dollar, as good as gold, à une parité fixe l'once), les Etats-Unis sont néanmoins dépendants de leurs partenaires qui doivent jouer sur les marchés des changes en dévaluant leur monnaies ou en achetant des dollars, comme lors du pool de l'or. Certes, les Etats-Unis possèdent les 2/3 du stock d'or mondial, certes ils sont exportateurs nets de capitaux et d'Investissements Directs à l'Etranger, certes ils organisent le système monétaire international, mais ils sont dépendants des marchés et de la bonne volonté de leurs partenaires, notamment de l'Europe Occidentale. [...]