Considérer que la rencontre de l'URSS et du Tiers-Monde a été manquée, c'est supposer qu'ils avaient tout pour s'entendre. Pourtant quoi de commun entre l'Union soviétique et cet espace multiforme, dont l'unité est « imaginée », sinon imaginaire, qu'Alfred Sauvy nomma en 1952 le Tiers-Monde, toute cette population dominée, colonisée, exploitée, qui aspirait à être quelque chose ? Là où se concentre la majeure partie de la population mondiale, qui n'a en matière internationale pas voix au chapitre, tant les relations internationales sont focalisées sur la confrontation entre les blocs occidental et oriental, plusieurs Etats et leaders entreprennent d'offrir une troisième voie, alternative tant entre les deux blocs, par le refus de l'alignement, qu'entre les deux modèles de développement : le capitalisme libéral et le communisme collectiviste.
Quels sont les éléments de convergence qui inciteraient les pays du Tiers-Monde à se rapprocher davantage de l'URSS que des Etats occidentaux ?
Comment expliquer que la rencontre est échouée ? Faut-il y voir la responsabilité de l'Union soviétique, de la trop grande diversité et faiblesse économique du Tiers-Monde ou d'autres facteurs ?
[...] En conséquence, le soft power soviétique, s'il est possible de le nommer ainsi, était beaucoup plus effectif et correspondait davantage à la vision de l'Etat et de la société des Etats du Tiers-Monde que le modèle proposé par les Occidentaux. Des tentatives soviétiques parfois couronnées de succès Certains de ces liens ont pu se concrétiser dans des alliances parfois périodiques entre l'URSS et certains pays du Tiers-Monde. Tout au long des années 1950, le triomphe du Tiers-Monde a aussi été celui du communisme et de l'URSS, la Révolution maoïste de 1949 a pendant une décennie jeté un pont entre deux géants démographiques, l'URSS et la Chine maoïste. [...]
[...] Mais également du point de vue de la religion. En effet, même si les mouvements nationalistes sont majoritairement laïcs, il existe d'une part des mouvements religieux (Emirats et royaumes de la péninsule arabique, Iran de Khomeiny) mais surtout les Etats du Tiers-Monde sont moins enclins à mettre de côté le religieux, soit parce qu'ils y voient une caractéristique nationale, longtemps écartée (pays musulmans) par les colonisateurs, soit parce qu'ils conservent un sentiment religieux plus important. Par ailleurs, les Etats du Tiers-Monde présents à la conférence de Bandoeng de 1955 ont clairement fait le choix d'une troisième voie, qui ne suivrait ni la voie capitaliste libérale occidentale, ni la voie matérialiste communiste des Soviétiques. [...]
[...] En soutenant le Vietnam dans sa guerre contre le Cambodge, l'URSS a soutenu clairement une position impérialiste, dont l'invasion de l'Afghanistan en 1979 a pu paraître le symbole absolu. Par ailleurs, le modèle soviétique était difficilement exportable dans son principe d'organisation des secteurs économiques. Si le contrôle total de l'Etat a pu séduire certains dirigeants du Tiers-Monde, la collectivisation des terres agricoles, la fin de la propriété privée et le pari mis uniquement sur l'industrialisation massive et forcée n'avaient aucune répercussion favorable sur les élites des pays en développement. [...]
[...] La faiblesse de certains Etats du Tiers-Monde tient justement à leur conformité plus ou moins grande au modèle soviétique en faillite. Les Etats du Tiers-Monde se sont souvent confrontés (Inde/Pakistan, Chine/Inde, Egypte/Soudan, Irak/Iran, Cambodge/Vietnam, Honduras/Nicaragua ) ce qui nuisait considérablement à leur stabilité et ne permettait pas d'en faire des alliés fiables pour les Soviétiques. Faiblesse et impérialisme soviétiques L'échec de cette rencontre peut cependant aussi être imputée à l'Union soviétique, à la faiblesse de son modèle, difficilement exportable et à l'impérialisme qu'elle n'a pas manqué de mettre en œuvre. [...]
[...] Là où se concentre la majeure partie de la population mondiale, qui n'a en matière internationale pas voix au chapitre, tant les relations internationales sont focalisées sur la confrontation entre les blocs occidental et oriental, plusieurs Etats et leaders entreprennent d'offrir une troisième voie, alternative tant entre les deux blocs, par le refus de l'alignement, qu'entre les deux modèles de développement : le capitalisme libéral et le communisme collectiviste. Quels sont les éléments de convergence qui inciteraient les pays du Tiers- Monde à se rapprocher davantage de l'URSS que des Etats occidentaux ? Comment expliquer que la rencontre est échouée ? Faut-il y voir la responsabilité de l'Union soviétique, de la trop grande diversité et faiblesse économique du Tiers-Monde ou d'autres facteurs ? [...]
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