Lénine avait compris que l'effondrement du gouvernement provisoire issu de février avait été en partie dû à la perte de nombreux soutiens par son incapacité à régler la question nationale. La reconnaissance des droits nationaux devient alors l'une des armes stratégique des bolcheviques. Une fois au pouvoir, ceux-ci tentent de concilier les exigences nationales et les exigences du nouvel État soviétique par le biais, d'abord, de l'autodétermination puis en empruntant la voie fédérale.
Lénine considère en effet que l'égalité entre les nations et le respect des cultures et des minorités sont les clés du problème national et que cela ne peut se réaliser qu'au travers d'une fédération qui leur permettrait de conserver une certaine autonomie. Pour cela, Lénine veut avant tout montrer qu'il veut rompre avec l'esprit impérialiste de l'Ancien Empire de manière à écarter tout soupçon de nationalisme russe, et par là même, à associer les nations à la Révolution.
Néanmoins, le principe fédéral n'est que transitoire et, à terme, il doit mener à l'union des peuples dans un État soviétique centralisé. Ce projet entre alors nécessairement en contradiction avec le principe d'autodétermination qu'il a pourtant proclamé. En quoi la construction progressive de la fédération va-t-elle donc être le résultat de la tension permanente entre les principes énoncés par les Soviétiques et les réalités pratiques auxquelles ils vont être confrontés ?
[...] L'URSS et les nationalités (1917–1930) - la solution fédérale En 1917, la Révolution d'Octobre met fin à la démocratie bourgeoise et entraîne la désagrégation de l'Empire russe. Les anciennes nations dominées en profitent pour se détacher et tentent de s'organiser en Etats nationaux par la création de conseils, de parlements, parfois même de gouvernements nationaux. Elles s'appuient sur la théorie de l'autodétermination prônée par Lénine. En effet, Lénine avait compris que l'effondrement du gouvernement provisoire issu de février avait été en partie dû à la perte de nombreux soutiens par son incapacité à régler la question nationale. [...]
[...] Après les avoir occupées militairement, l'opération se poursuit par la constitution de traités bilatéraux, parfois par la force, comme en Géorgie. Traités d'alliance économique et militaire, ils énoncent des domaines d'action commune au sein de commissariats rattachés à la République russe. En théorie, chaque République aurait dû conserver son organisation propre. En réalité, elles sont soumises à l'autorité de Moscou et les traités bilatéraux ressemblent davantage à des pactes d'union: l'Armée Rouge a investi tous les territoires et l'action diplomatique est effectuée par la Russie, chargée de représenter les autres nations. [...]
[...] Si Lénine accordait peu de crédit au concept de nation, il voyait toutefois quel était l'intérêt à le ménager. L'Union soviétique est donc née d'un compromis épineux et fragile, fruit des tensions entre la déclaration du droit à l'autodétermination et la volonté centralisatrice soviétique. La solution fédérale de Lénine a toutefois été dénaturée par Staline, dont les volontés d'homogénéisation ne pouvaient aller qu'à l'encontre de la diversité réclamée par Lénine. La fédération, au sens stalinien, devait engager les nations et l'URSS dans des rapports inégalitaires, reprise du passé impérial qu'avait cherché à éviter Lénine. [...]
[...] Entre les sessions de ce Congrès, le pouvoir est attribué au Comité exécutif central (TSIK). Ce dernier est composé du soviet des Nationalités, constitué de 5 délégués par république ou de 1 délégué par territoire autonome, soit environ 130 membres, et du soviet de l'Union représentant les Républiques, composé de 414 membres suivant la proportion de la population de chaque République ou région. Dans l'intervalle des 3 sessions par an du Comité exécutif central, le pouvoir est délégué au presidium du TSIK, réunissant 21 membres, et au Sovnarkom le Conseil des commissaires du peuple. [...]
[...] Une double nationalité, nationale et fédérale est créée, les cultures et les langues non russes sont tolérées et font leur apparition dans l'administration, la justice et l'enseignement, des langues littéraires sont créées pour certaines ethnies mais le russe demeure pour tous la lingua franca. Cette politique culturelle et linguistique répond à plusieurs exigences : permettre la stabilité de l'Etat multiethnique en évitant toute frustration collective, promouvoir une politique libérale favorable à la cause de la révolution, briser les mouvements panturcs ou panmusulmans, et faciliter la diffusion de l'idéologie communiste par les écoles et les publications. [...]
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