Lorsqu'il ordonne à ses troupes de franchir la frontière soviétique le 22 juin 1941, Hitler n'a aucune idée des forces nationalistes et idéologiques qu'il va déchaîner sur ce qui est et restera selon toute probabilité le plus vaste engagement militaire de l'histoire de l'humanité. Les chiffres sont éloquents : la première année ce sont plus de 3 millions d'Allemands et d'Européens qui sont mobilisés pour combattre sur le front de l'Est alors que Staline ne peut encore rassembler que 2.300.000 soldats pour se défendre face à une invasion dont l'élan initial ne parvient pas à reproduire l'exploit bonapartiste, la prise de Moscou.
Stratégiquement, ce que les Russes appelleront rapidement la Grande Guerre patriotique, la Великая Отечественная войнаь (Velikaya otiechectvianaya voïna), fait en effet référence à un épisode unique de l'histoire militaire mondiale. Rapidement, la guerre va atteindre des degrés de monstruosité et de barbarie à une échelle encore jamais atteinte. Des deux côtés, les États-majors sont intraitables, ils sont prêts à sacrifier jusqu'au dernier de leurs habitants pour détruire l'ennemi chtonien, infernal et inhumain : des deux côtés l'on déclare la « Grande Guerre patriotique ».
Ainsi, en quoi cet incroyable conflit, d'une intensité inégalée dans l'Histoire, est-il la manifestation essentielle du concept de guerre totale, étant marqué des deux côtés par une mobilisation totale et par un objectif unique : l'écrasement complet et sans condition de l'adversaire ?
[...] Rapidement, la guerre va atteindre des degrés de monstruosité et de barbarie à une échelle encore jamais atteinte. Si la Wehrmacht subira près de 80% de ses pertes sur le front de l'Est (soit 3,5 millions de soldats, auquel il faut rajouter 3 millions de civils dans la phase finale de l'offensive et les milliers de morts Roumains, Hongrois, Tchèques, Slovaques, Espagnols, Français, Italiens, Bulgares et Finlandais qui contribueront à l'offensive allemande), la Russie sera véritablement saignée démographiquement : 14 millions de civils et 11,5 millions de soldats périront sur un front s'étendant de Mourmansk aux montagnes du Caucase. [...]
[...] Et ce d'autant que le commandement multiplie les erreurs. Alors que la Wehrmacht pénètre dans un environnement qui lui est favorable, les populations étant lasses du soviétisme et des persécutions qui l'accompagnent pour les minorités, les soldats multiplient les exactions et massacrent à la chaine les prisonniers de guerre dans un système concentrationnaire peu élaboré (on parle de 25% de mortalité par mois). Cela contribuera à renforcer l'esprit patriotique de la population, brisée par les échecs des politiques communistes. La situation est donc mauvaise pour l'OKH qui n'est pas parvenu à briser la Mère Patrie russe comme il cherchait à le faire. [...]
[...] A l'inverse, Hitler, qui réclame un contrôle total de son Etat-major et dont la santé mentale va définitivement basculer avec l'attentat du 20 juillet 1944, devient de plus en plus fanatique. Lorsque les Soviétiques déclenchent l'énorme opération Bagration sur tout le front centre, il décide en effet de sacrifier la totalité de son groupe d'armée pour retarder les Russes, encerclant du même coup une grande partie du groupe d'armée nord. Au sud, la défense flexible des armées allemandes laisse dans la poche de Korsun, à proximité de Tcherkassy, près de 50.000 hommes. [...]
[...] Au centre la situation est statique. La Wehrmacht doit en effet gérer les quantités colossales de partisans qui paralysent ses lignes de ravitaillement d'une longueur démesurée. De plus, c'est sur ce front que se concentrent les renforts et le matériel russe frais, venus des usines déplacées derrière l'Oural. C'est donc sur le front Sud que vont se concentrer les grandes offensives de l'année 1942. Hitler n'a en effet pas abandonné son projet de destruction complète de la race russe. Il va donc lancer l'offensive Fall Blau sur les plaines ukrainiennes pour confisquer à l'URSS son grenier à blé et son pétrole. [...]
[...] La 6ème armée allemande est là pour en témoigner. Dès lors, Hitler, dont la folie s'amplifie, commence à provoquer l'escalade militaire. Les massacres deviennent quotidiens en Russie occupée alors que les partisans harcèlent sans répit les colonnes allemandes. Cherchant à reprendre l'avantage, l'OKH programme une énorme offensive sur un saillant du front à Koursk. L'opération Zitadelle va à nouveau démontrer la supériorité tactique de l'Axe qui inflige des pertes deux fois supérieures aux Soviétiques que les siennes. Mais à nouveau, les sacrifices héroïques de l'infanterie et des ingénieurs de l'Armée Rouge vont défaire les nouveaux chars allemands, les terrifiants Tigre et Panther. [...]
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