Selon Otto Von Bismarck, Président du Conseil de Prusse, la question de l'unité allemande ne pouvait être résolue qu'au moyen du sang et du fer : « Durch Blut und Eisen ». Ces mots prononcés au cours de son audition par la commission du budget du parlement de Prusse le 30 Septembre 1862, allaient devenir la ligne directrice de toute sa politique, « étrangère », d'unification de l'Allemagne sous l'égide de la Prusse. Bismarck plaçait en effet, l'intérêt prussien au-dessus de tout autre, et refusait toute absorption de la Prusse par l'Allemagne au nom de son prussianisme intégral, son « Stockpreußentum ». Partant, Bismarck procède par étapes successives, qui quoique logiques aujourd'hui, ne le paraissaient pas à l'époque. Ces multiples étapes, comprenant notamment trois conflits armés, sont cependant du ressort de la décision politique classique semblant n'impliquer à aucun moment le peuple allemand, pourtant le premier concerné. Or dans un cas d'unification nationale, la réussite de la politique menée présuppose un minimum d'acquiescement populaire. Aussi est-il possible de se demander si l'action unificatrice de la Prusse sous la conduite de Bismarck est suffisante pour créer l'Empire Allemand ?
L'action de Bismarck, au travers de la guerre et de la négociation, est constitutive de l'unité allemande ; mais cette action prend pour appui des éléments non-étatiques préexistants tels que l'assentiment populaire et l'intégration économique.
[...] Ces étapes prennent cependant fondation sur de nombreux éléments populaires, qui leur sont préexistants. En effet, seule la présence d'un fort sentiment populaire en faveur de l'unité et d'une intégration économique ralliant les classes moyennes permet à la Prusse sous l'autorité de Bismarck d'unir les pays allemands Il ne s'agit pourtant ici que de l'unification territoriale et politique de l'Allemagne. En effet, en 1871, le Deutsches Reich n'est qu'un assemblage de multiples Etats, chacun conservant de nombreuses particularités. L'unification réelle de l'Allemagne en un seul pays ne se fait qu'au cours du demi-siècle suivant, de manière progressive mais inéluctable. [...]
[...] Bien qu'elle ait réussi sa retraite, l'Autriche est contrainte de signer une paix qui ne lui enlève rien sinon le droit d'ingérence dans les affaires allemandes. La solution d'unification selon le principe de Grande Allemagne est morte. Suite à la guerre de 1866, la Prusse et 23 Etats de l'Allemagne du Nord se fondent dans la Confédération d'Allemagne du Nord dont la limite méridionale est le Main. Or l'objectif de Bismarck est de faire rentrer les Etats du Sud de l'Allemagne, encore indépendants, dans la Confédération. [...]
[...] Ils lui fournissent une arme utile au cours de l'établissement de la Confédération d'Allemagne du Nord. En effet, les nationaux-libéraux sont majoritaires au parlement de Prusse et dans la chambre constitutionnelle de la Confédération. Bismarck peut donc avec leur appui parfois inconscient établir la Confédération en négociant directement avec les représentants élus des Etats concernés et non avec leurs gouvernements réticents. Enfin, en 1871, pour soutenir le conflit à venir avec la France, Bismarck ressuscite le mouvement patriotique anti-français de 1813. [...]
[...] En 1830, l'Allemagne est une économie morcelée par les droits de douane et les différentes monnaies qui freinent les échanges entre agents économiques. Le Zollverein est conçu pour abolir l'ensemble de ces tarifs douaniers afin de favoriser le développement économique par un libre- échange interne à la Confédération Germanique. Du fait de l'extension continue de l'Union Douanière, l'ensemble de l'Allemagne à l'exception de l'Autriche est en grande partie économiquement unie à défaut de l'être politiquement. Le Zollverein est accompagné par la première Révolution Industrielle allemande, c'est-à-dire la construction de voies ferrées, la mécanisation des usines, et le développement du transport fluvial. [...]
[...] II. Elle s'appuie cependant sur l'assentiment populaire et une forte union économique Bismarck utilise une opinion publique plus favorable à l'unification que les classes aristocratiques L'Empire Allemand de 1871, reste d'abord et avant tout une somme de particularisme régionaux contre lesquels Bismarck a du lutter pour faire l'union en s'appuyant sur les mouvements national-libéral, et patriotique. En effet, la caractéristique de l'Allemagne consiste en la multitude de particularismes qui subsistent en dépit de la partielle unification économique due au Zollverein. [...]
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