La Révolution française constitue un ébranlement du monde, un bouleversement des valeurs établies et des hiérarchies traditionnelles. C'est un événement brutal (quelques semaines de l'été 1789 pour détruire l'Ancien Régime) et violent (côté sanglant dès 1789, mais surtout avec la Terreur de 1793-94). Enfin, l'épisode napoléonien lui donne une signification européenne, voire mondiale. C'est donc un choc, et un traumatisme, surtout pour les anciennes élites (regret permanent de la « douceur de vivre » de l'AR), avec souvent exil difficile (y compris au plus haut niveau).
1815 : avec le Congrès de Vienne, impression que la parenthèse se ferme, retour des Bourbons et des émigrés, volonté de mettre en oeuvre une « Contre-Révolution » et de renouer avec le cours naturel des choses, l'ordre traditionnel. Il y a aussi un sentiment de revanche (Terreur Blanche).
Caractéristiques de cette contre-révolution :
Quels sont ses acteurs, ses principes et ses projets ?
Comment est-elle mise en oeuvre, et comment expliquer son échec ? (révolutions de 1830 et 1848).
(...) Cette pensée contre-révolutionnaire est d'abord une condamnation virulente des événements révolutionnaires survenus à partir de 1789 : « La Révolution française, ou plutôt européenne, a été un appel à toutes les passions et à toutes les erreurs ; elle est, pour me servir d'une expression géométrique, le mal élevé à sa plus haute puissance » (Bonald, 1818) ; « Ce qui distingue la Révolution française, et ce qui en fait un événement unique dans l'histoire, c'est qu'elle est mauvaise radicalement ; aucun élément de bien n'y soulage l'oeil de l'observateur : c'est le plus haut degré de corruption connu ; c'est la pure impureté » (Maistre, 1796). « Un monstre de puissance, ivre de sang et de succès » (Maistre encore).
Condamnation à la fois en termes religieux et moraux (une expression du mal dans l'histoire, voire du démon) et en termes « scientifiques » ou philosophiques (une erreur, une aberration).
Pour deux raisons (...)
[...] Une certaine idée des libertés : contre la liberté individuelle et abstraite des DH, les libertés traditionnelles, notamment celle des aristocraties locales (idée de décentralisation). Contre l'égalité : à l'égalité entre tous les individus, ils opposent l'harmonie entre des corps sociaux constitués. Importance de la famille (divorce aboli sur proposition du député Bonald en 1816, homologie entre le père de famille et le roi). Restauration de la noblesse (garantie des libertés locales face au despotisme et serviteurs privilégiés du roi) et de l'Eglise (ordre naturel est un ordre divin). [...]
[...] La monarchie est légitime parce qu'elle a pour elle plus d'un millénaire de tradition et de fonctionnement (phrase de Bonald). Cette légitimité historique s'oppose au rationalisme abstrait des Lumières ou à la souveraineté du peuple. C. Pour une Restauration politique et sociale Dans ce cadre général, les penseurs contre-révolutionnaires sont partisans de la restauration d'une monarchie traditionnelle, qui n'est pas la monarchie absolue : celle-ci annonce le despotisme et l'autorité administrative de la Révolution et de l'Empire. Plutôt une monarchie d'avant Louis XIV et Richelieu, celle de Henri IV ou de Saint Louis, chrétienne et médiévale, roi étant comme un père débonnaire et juste, qui respecte les libertés et les traditions ancestrales. [...]
[...] Projets des contre-révolutionnaires peuvent donc enfin trouver à s'exprimer, mais ils doivent se confronter à un quart de siècle révolutionnaire et à son héritage. A. Les Ultras, plus royalistes que le roi (1815-1821) Le camp de la contre-révolution forme en 1815 un parti très puissant : dispose d'un programme idéologique cohérent, un chef incontesté (Monsieur, frère du roi, personnage aimable mais léger très pieux, futur Charles des Sociétés secrètes (Les Chevaliers de la Foi), une presse dynamique (la Gazette de France, le Conservateur) et des assises sociologiques et géographiques certaines : noblesse, surtout la petite et moyenne de province ; importance des régions du Midi (Sud-Est et Sud-Ouest : Terreur Blanche en 1815), Ouest (Bretagne, Vendée). [...]
[...] Les Ultras au pouvoir : vers la contre-révolution ? (1821-1828) Vers 1820, retour en force des ultras pour plusieurs raisons : Louis XVIII affaibli, de plus en plus sous l'influence de son frère. Montée en puissance d'une opposition de gauche révolutionnaire et napoléonienne, à la fois à la Chambre et par des moyens illégaux : nombreux complots, et surtout assassinat du duc de Berry (février 1820). Les ultras dénoncent le manque de fermeté du gouvernement face à cela. Obtiennent loi électorale plus favorable, succès aux élections de 1821 (la Chambre retrouvée et installation d'un gouvernement ultra présidé par Villèle jusqu'en 1828. [...]
[...] ultra-royaliste et donc plus royaliste que le roi. Ils préfèrent largement le comte d'Artois. En 1815, Louis XVIII nomme un gouvernement modéré présidé par le duc de Richelieu, qui comprend d'anciens hommes de l'Empire. Reste au pouvoir jusqu'en 1818, puis gouvernement du duc Decazes, encore plus haï par les Ultras (jusqu'en 1821). Opposition des ultras avec situation paradoxale, avec les Ultras qui demandent un gouvernement issu de la Chambre, et donc application du principe parlementaire (brochure de Chateaubriand De la monarchie selon la Charte). [...]
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